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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mercredi, Virginie Phulpin s'intéresse aux actions menées par les joueurs internationaux pour les droits humains en vue de la Coupe du monde de football au Qatar en 2022. Selon elle, c'est une bonne chose que la parole se libère et que le boycott n'ait pas lieu.

On joue depuis une semaine les premiers matches qualificatifs pour la coupe du monde de football au Qatar. Et plusieurs équipes ont fait passer des messages pour le respect des droits humains. Pour Virginie Phulpin, c’est fondamental de faire pression sur ce sujet, et c’est plus utile que de parler d’un éventuel boycott de la compétition.  

La parole des joueurs qui se libère me semble plus efficace que d’agiter le fantasme d’un boycott qui n’aura pas lieu. La coupe du monde se déroulera bien au Qatar dans un an et demi. Jamais une majorité d’équipes qualifiées ne décidera en bloc de ne pas y aller. Regardez la France. Noël Le Graët, le président de la fédération française de football, a déjà dit très clairement que les Bleus iraient, s’ils se qualifient évidemment. Alors la France n’est pas forcément une référence. Mais la plupart des sélections ne se mouillent pas trop sur le sujet.

La Norvège par exemple est beaucoup plus offensive, et il y aura carrément un vote à la fédération au mois de juin pour trancher, boycott ou pas. Mais si elle décidait de ne pas participer, ça se verrait moins que les champions du monde en titre, ça fait 20 ans que les Norvégiens n’ont pas goûté à une compétition internationale. Leur message serait encore plus marquant, cela dit. On n’est pas prêt à tout accepter pour jouer au football. Le problème, c’est que la Norvège se ferait exclure des compétitions pendant plusieurs années et paierait son engagement au prix fort. Est-ce que c’est vraiment la solution pour faire entendre sa voix sur les droits humains ?  

Que le boycott n’ait pas lieu ne veut pas dire qu’il n’y a aucun moyen de pression 

On le voit depuis le début de ces éliminatoires à la coupe du monde, il y a des sélections qui se font entendre. La Norvège, encore elle, l’Allemagne, et les Pays-Bas qui arborent des maillots appelant au respect des droits humains, notamment pour les travailleurs étrangers qui construisent les stades. Ce ne sont que des actions symboliques, certes, on peut dire que c’est se donner bonne conscience à peu de frais. Il n’empêche qu’on les entend, ces messages, qu’ils ont une vraie portée et que la France pourrait participer.

D’ailleurs la FIFA a décidé de ne pas sanctionner ces sélections, elle qui prône normalement l’absence totale de message politique. La preuve que les lignes bougent. Le Qatar sait maintenant que son attitude est scrutée dans le monde entier, et que non, on ne peut pas tout sacrifier sur l’autel du football. A la FIFA de peser aussi. En mettant le sujet des droits humains sur la table avec le comité d’organisation. Et aussi en imposant une charte aux pays candidats au moment de l’attribution des compétitions.

C’est à ce moment-là que ça se joue, plus qu’en agitant l’éventualité d’un boycott quelques mois avant une coupe du monde.