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Engagés dans un long combat contre le coronavirus, Emmanuel Macron et Edouard Philippe doivent aussi préparer l'après, le déconfinement de la France. Une période qui marquera la séparation des chemins entre un Président de la République qui cherchera à prendre les bonnes décisions politiques en vue des élections de 2022, et un Premier ministre qui devra défendre la gestion de la crise par le gouvernement face aux critiques. 

La personnalité politique de la semaine a été Édouard Phillipe, le Premier ministre. Devant la mission d’information parlementaire, il a créé la surprise en parlant pour la première fois de déconfinement. Puis il s’est longuement exprimé à la télévision pour révéler les pistes sur le bac, les tests, et répondre aux nombreuses questions des Français. Et vous dites : "Édouard Philippe et Emmanuel Macron observent une période de distanciation". Pour quelle raison ?

Parce que tout en combattant le coronavirus au jour le jour, ils sont en train de penser au jour d’après, qui ne sera pas le même pour les deux. Pour le Président, il s’agira de trouver le bon discours et les décisions politiques capable de le faire réélire. Pour Édouard Philippe, il faudra encaisser le choc des demandes d’explications, dans la longue chaîne de mauvaises décisions prises dans l'urgence, dès que le Premier ministre avait compris qu’on lui avait masqué la réalité de masques.

Le Premier ministre, en privé selon de proches interlocuteurs, ne supporte pas d’avoir été berné (c'est sa conviction) par les hauts responsables de l’appareil sanitaire, qui ne l’ont pas averti sur l’état d'impréparation du pays face à l’épidémie, et qui ont amené le gouvernement à tenir un discours pour habiller la pénurie. En gros, puisqu’il n’y a pas de masques, on va dire qu’on n’en a pas besoin tant qu’on n’est pas malade, priorité au personnel soignant qui en plus s'en est trouvé dépourvu.

Cette panique sur les masques restera le marqueur d’une politique publique défaillante, qui prend sa source bien avant l’arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir. Le temps des commissions d’enquête et des procès viendra. Édouard Philippe connaît bien la Cinquième République, il sait très bien qu’il risque d’être un fusible lorsqu’il faudra désigner les responsables. 

Alors il a décidé de dire les choses comme elles sont, dans leurs vérités parfois crues, en rappelant sans arrêt que le combat sera long contre cette épidémie qui fait muter notre vie. Devant les députés de la majorité, il a même évoqué dès menaces pour notre démocratie.

Est-ce à dire que la relation entre le Président et le Premier ministre est rompue ?

Non, car comme à l accoutumée, entre les deux tout se joue à la loyale, il n'y a pas de coup tordus. À l’Élysée, on ne considère pas le Premier ministre comme un danger pour le Président. Mais cette semaine, on a observé ses propos et ses gestes à la loupe. 

Vous savez, la relation entre Édouard Philippe et Emmanuel Macron est comme un tableau impressionniste. Et en regardant de très près, on repère dans plusieurs épisodes de multiples petits points de rupture, a priori sans rapport les uns aux autres. Mais si l’on prend du recul, l’image apparaît plus nettement : celle d’une prise de distance de l’un par par rapport à l’autre qui s’affirme.

Ils n'en sont pas encore aux gestes barrières. Mais Édouard Philippe et Emmanuel Macron se confinent. On verra si leur relation passera le test du déconfinement.