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L'épidémie de coronavirus a plongé l'économie française dans un sommeil profond. Pour sortir de la crise économique et sociale que traverse le pays, Emmanuel Macron et son gouvernement devront peut-être sacrifier la réforme des retraites, pour l'instant suspendue. 

Les Français se barricadent pour se protéger du coronavirus. L’économie, réduite à ses activités essentielles, est au ralenti. Réformes et élections municipales sont reportées. Le quinquennat d'Emmanuel Macron fonctionne-t-il encore ?

Pour répondre à cette question, il faut reprendre la formule du Président cette semaine à la cellule de crise du ministère de l’intérieur : "l’Etat tient". Mais on peut ajouter : les projets de transformation du pays eux ne tiennent plus. À la télévision jeudi, le chef de l Etat a décrété l’état de guerre et annonce la suspension des réformes. Mais au sein du gouvernement, à part les préposés à la langue de bois, plusieurs ministres et non des moindres admettent que la réforme des retraites sera très difficile à remettre à l’agenda. D’autant qu’au sortir de la crise sanitaire, il faudra affronter une grave crise économique et sociale. 

Comment trouver un financement au système des retraites dans ces conditions ?  

Normalement, on aurait du observer aujourd’hui le résultat du deuxième tour des élections municipales et voir qu'elle était la topologie électorale issue du scrutin en vue de 2022. Mais un virus a contaminé notre vie personnelle et collective. Ce mois de mars 2020 a commencé avec le 49.3, le code d’un gouvernement en difficulté sur une réforme, et se termine avec covid-19, le marqueur de la fin de l’action politique de ce gouvernement, qui à partir de maintenant mobilise toutes les ressources du pays pour un effort de guerre sans précédent dans la cinquième république.

Dans ces conditions, comment Emmanuel Macron pense-t-il rebondir après cette crise, et y pense-t-il déjà ?

Bien évidemment ! Encore une fois écoutons avec attention les mots qu’il prononce et ne prononce pas. Dans son allocution devant 35 millions de personnes il évite soigneusement de prononcer le mot confinement. Mais il prononce deux fois de suite le mot "conséquence" lorsqu’il parle de l’après. "J’en tirerai toutes les conséquences", dit-il encore. 

Que fera le Président ? Un gouvernement d’union nationale ? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais ce qui est certain, c’est que chaque Président a eu son moment qu’il ne doit pas rater. Jacques Chirac, c’était la guerre en Irak. Nicolas Sarkozy, c'était la crise financière de 2008. François Hollande, c'était les attentats de 2015. Emmanuel Macron lui, c’est la gestion du coronavirus qui vient percuter son projet de transformation. 

Selon l’expression macroniste, le but était d’éviter l’assignation à résidence des Français bloqués par le chômage. Le voilà obligé de dire : "rester chez vous" quitte à subir un arrêt de l’économie. Sa double injonction, "restez chez vous et continuer à travailler" suscite des incompréhensions et des craintes. Désormais, jusqu’à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron n’a plus qu’un seul enjeu. Éviter que le "en même-temps" ne l'amène à être "à contre-temps".