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Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.

On continue d’explorer les coulisses du pouvoir après l’incendie de Notre-Dame avec vous Michaël Darmon. Vous nous racontez de quelle manière Emmanuel Macron compte tenir son objectif de reconstruire la cathédrale en 5 ans.

Oui Eva, pour mener la bataille de la reconstruction, le président a donc fait appel à un général, et pas n’importe lequel. C’est le mardi, dès le lendemain du sinistre que l'amiral Rogel , chef d’état-major particulier du président de la République téléphone à l'ancien chef d’état-major des armées : le général Jean-Louis Gorgelin. Les deux hommes se connaissent, Rogel a servi sous les ordres de Georgelin qui lui a connu trois présidents : Chirac, Sarkozy et Hollande. L’ancien chef d’état-major se retrouve dans le bureau d'Emmanuel Macron qu'il n'a encore jamais rencontré, mais qu’il a fortement critiqué.

Quand le président qui avait déclaré aux militaires le 13 juillet 2017 : "Je suis votre chef", Georgelin avait taclé le président en répondant que "c’est une faute de commandement". Voilà de quoi planter le décor d’une première discussion. "Oublions tout cela lui", lui a dit d’emblée le président Macron, mardi dernier. "Vous connaissez le fonctionnement de l’Etat au plus haut niveau, vous êtes un homme de culture et de foi. Je vous demande d’être mon représentant spécial pour la reconstruction de la cathédrale", a-t-il ajouté.

La mission de Georgelin est donc de coordonner tous les acteurs intervenant sur Notre-Dame, et n’en référer directement qu'au président. Il aura d’ailleurs un bureau à l’Élysée. Pas de doute, l’incendie de la cathédrale est devenu un événement politique et un domaine réservé du président.

Et la bataille de l’efficacité promet d’être ardue car les intervenants sont très nombreux.

Oui, surtout avec l’enjeu majeur : tenir le délai des 5 ans annoncés par Emmanuel Macron. Premier obstacle à gérer : le concours d’architectes lance président qui ne devrait pas faire gagner du temps. Il va falloir régler la question. C’est pourquoi le général Georgelin, promu illico chef d’état-major des soldats de Notre-Dame, a présenté devant le gouvernement son plan d’action comme une opération commando :  les échelons administratifs ont entendu le message. Mais je peux vous dire qu’il n’est pas reçu 5 sur 5. Les services de la Culture ne supportent pas de voir cette autorité militaire leur ravir le contrôle sur le projet, les offices gérant les chantiers du patrimoine restent médusés par la nomination du général Georgelin.

En ces temps où il est question de voir les hauts fonctionnaires mis au pas, le symbole est pour le moins parlant.  Le général Gorgelin avec sa voix de stentor reste pour l’heure muet son caractère rugueux, habitué des terrains sensibles et minés, devra aussi faire appel à son sens de la diplomatie. Tout autant qu’à son savoir-faire stratégique. Réussir à commander des troupes civiles souvent formées à la guérilla administrative, c’est donc le défi des prochaines batailles du général Georgelin pour Notre-Dame.