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Chaque samedi, Bernard Poirette vous fait découvrir ses coups de cœur en matière de polar.

Au printemps 1961, Simon Weeks, célèbre éditeur new yorkais, arrive à Moscou. Il ne vient pas faire du tourisme. Il vient voir son frère, Franck, officier supérieur du KGB, décoré de l’Ordre de Lénine. Socialiste convaincu et engagé dans les Brigades Internationales de la guerre d’Espagne, Franck n’a pas dit non aux recruteurs soviétiques. Ensuite pendant 10 ans à Washington, il a siphonné pour ses nouveaux maitres un paquet de secrets d’Etat. Le traitre absolu. Un jour de 1949, il disparaît des radars et resurgit peu après chez Staline. Franck Weeks précède ainsi Philby, Burgess et MacLean au Panthéon des transfuges.

Douze ans plus tard, avec l’accord de la Loubianka, il propose à son frère le récit de son incroyable existence. Ça s’appellera "ma vie secrète". Simon doit venir en URSS pour peaufiner le texte. La suite est totalement fascinante. Dès les premières pages, vous ETES à Moscou, au cœur de la guerre froide. Et surtout vous ETES au cœur de ce tout petit monde des espions occidentaux qui ont fui leur pays pour le paradis communiste.

Ils sont tous alcoolos, passent leurs soirées au bar de l’hôtel National et leurs week-ends dans les datchas de Peredelkino. Aux côtés de leurs malheureuses épouses ou de leur giton en service commandé, ils périssent d’ennui et de cirrhose. Mais pas Franck Weeks. Pourquoi ? Ça, je ne vous le dis pas. Vous le lirez dans "Moscou 61", signé Joseph Kanon, prototype parfait du grand roman d’espionnage. Avec en prime un dernier chapitre d’anthologie ! J’ai adoré.

"Moscou 61", de Joseph Kanon, vient de paraître au Seuil, dans l’excellente collection "cadre noir".