Le polar de Poirette - "La mort du Khazar rouge", de Shlomo Sand

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Chaque samedi, Bernard Poirette vous fait découvrir ses coups de cœur en matière de polar.

Les Juifs, c’est bien connu, ont été chassés de leurs terres il y a fort longtemps. Quand ils y sont revenus pour fonder leur Etat en mai 1948, ils n’ont fait que récupérer ce qui leur appartenait. C’est cette théorie – historiquement fausse – que dénonce le professeur Yithzak Litvak, devant ses étudiants de l’université de Tel Aviv. Ça ne plait pas à tout le monde. C’est peut-être l’une des causes de l’assassinat de Litvak, retrouvé poignardé chez lui. Peu après, cette même année 1987, c’est son frère jumeau qui est tué. Puis Avivit Schneller, l’une des étudiantes du professeur Litvak.

Le commissaire Emile Morkus, seul flic arabe chrétien de la Sûreté, est chargé de la triple enquête qui ne le mène nulle part. Car il se heurte au mur infranchissable du Shabak, la sécurité intérieure israélienne. Il prendra sa retraite sur cet échec magistral et jamais digéré. Mais vingt ans plus tard, un nouvel enseignant de l’université de Tel Aviv est assassiné. Pour débusquer le tueur, la mémoire et le savoir-faire d’un certain Emile Morkus vont se révéler indispensables.

Cette double enquête, à vingt ans d’écart est absolument passionnante. Car elle nous ouvre les portes d’une société méconnue et fascinante : la société israélienne, théocratique et militarisée, dans laquelle les espions sont plus forts que les juges et les rabbins plus puissants que les historiens. Excellent premier polar à 110% israélien de Shlomo Sand, lui-même enseignant à la fac de Tel Aviv, "La mort du Khazar rouge", vient de paraître aux éditions du Seuil.