Le polar de Poirette - La disparition d’Adèle Bedeau

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Chaque samedi, Bernard Poirette vous fait découvrir ses coups de cœur en matière de polar.

La vie de Manfred Baumann ne ressemble pas à grand-chose… Il circule au quotidien dans le triangle suivant : l’agence bancaire qu’il dirige dans la bonne ville de Saint-Louis, à la frontière suisse. Son appartement bien rangé d’une résidence milieu de gamme. Et le café restaurant la Cloche, où il se nourrit chaque jour et tape la belotte le jeudi soir avec trois habitués qui le méprisent et l’appellent "le Suisse". Heureusement, il y a Adèle. Adèle Bedeau, la jeune serveuse, gironde comme un modèle de Rubens. Efficace en salle, avare de paroles, encore plus de sourires. N’empêche. Manfred la dévore des yeux, la suit après le service. Elle court rejoindre son amoureux, un gommeux à scooter. Manfred est triste. Alors il prend le train pour Strasbourg et va se consoler dans les bras tarifés des filles faciles.

Un flic vrai fox terrier. Un jour, Adèle disparait. Passées 24 heures, la police la cherche. Georges Gorski dirige l’enquête. Son existence ne vaut guère mieux que celle de son principal suspect, coincée entre des ambitions contrariées et une femme qu’il n’aime plus. Mais c’est un vrai fox terrier, accrocheur et opiniâtre. Il ne s’est jamais remis de n’avoir pas serré le meurtrier d’une gamine, il y a fort longtemps. Cette fois, si meurtrier il y a, il ne lui échappera pas.

Ambiance poisseuse et hommes sans qualités. Pour un amoureux comme moi de Simenon, La disparition d’Adèle Bedeau est un pur chef-d’œuvre. Tout y est : l’ambiance poisseuse des petites villes de province, l’ennui abyssal d’emplois du temps répétitifs et le destin tout tracé d’hommes sans qualités. Dans cet environnement-là, Manfred Baumann et Georges Gorski évoluent comme des poissons dans l’eau. C’est envoutant, hypnotique et fascinant. Et c’est un Écossais, Graeme Macrae Burnet, qui a écrit cette merveille.

 

La disparition d’Adèle Bedeau est paru chez Sonatine.