Chaque jour, Philippe Vandel fait le point sur un élément précis de l'actualité média.
La bataille pour la Fox, qui va changer de mains. Le Cablo-opérateur Comcast avait annoncé vouloir mettre 65 milliards de dollars (pas des millions, des milliards) ; hier, la compagnie Walt Disney a relevé son offre de près de 20 milliards pour passer à 71,3 milliards!
Ce qui est à vendre, c'est le studio de cinéma 21st Century Fox, la chaîne de télé national Géographic (et ses déclinaisons dans le monde), et la participation de Fox dans des services de streaming aux États-Unis, en Chine, et en Inde. Tout ceci appartient au milliardaire Rupert Murdoch, et à ses deux fils. Il possède également avec sa famille la chaîne américaine Fox News, le Wall Street journal, et l'agence économique DowJones (oui, celle qui publie l'indice du même nom) ; mais ces trois entités ne sont pas à vendre.
Pourquoi cette bataille entre deux géants de la télé pour acheter un studio de cinéma? A cause de l’arrivée dans les médias des mastodontes du Net dans les médias. Le métier est en train de changer. L'exemple le plus marquant est Netflix, qui est à la fois un canal de diffusion, et un producteur de contenu ; cette année, ils vont produire pour 8 milliards de dollars de séries, de films, et de documentaires. Google ou Amazon, emboîtent le pas. Avec des moyens colossaux.
Les chaînes ont donc intégré la nouvelle donne : combiner le contenu et le contenant, c'est-à-dire posséder les tuyaux, le réseau, mais aussi les films et les programmes à diffuser dans les tuyaux. D'où la surenchère de Disney pour la Fox. Ils avaient proposé 52,4 milliards en action. Désormais leur offre est donc de 71,3 milliards, dont 35,7 en cash. Et puis à côté de ça, il y a la France. Je vous parlais il y a quelques jours de Salto, le Netflix à la française, que vont créer les groupes TF1/France Télévisions/M6 : une grande plate-forme de télévision via internet avec tous leurs programmes en direct, en replay, et des inédits. À part les inédits, c'est ce que propose déjà l’application Molotov.
Selon les informations du journal Libération, Salto à proposé à Molotov d'être racheté. Les négociations ont débuté il y a un mois. Elles ont tourné court : Molotov a fixé son prix à 100 millions d’euros. Autant dire que c'était fini : l’investissement des 3 groupes dans Salto se monte à seulement 45 millions d’euros. Si on compare avec les Etats-Unis, c’est un rapport de 1 à 1.000!