Série télé : "The Looming Tower" ou les dysfonctionnements des services secrets américains

3:38
  • Copié
SAISON 2017 - 2018, modifié à

Chaque semaine, à 19h35, Clémence Olivier décortique les séries qui font l'actualité. Ce samedi : "The Looming Tower", une série politique diffusée sur Amazon Prime vidéo.

Le 11 septembre 2001, deux avions s'encastraient dans les Twin Towers, les tours jumelles de New York, causant la mort de près de 3.000 personnes. Mais ces attentats meurtriers auraient-ils pu être évités ? C'est l'une des questions soulevées par The Looming Tower, diffusée depuis mars sur Amazon Prime Video. Cette série en huit épisodes, qui démarre en 1998, raconte comment la menace d'Al-Qaïda s'est intensifiée à la fin des années 1990 et comment les rivalités entre la CIA et le FBI ont pu conduire, indirectement, au pire attentat perpétré sur le sol américain.

Inspirée d'une enquête journalistique. La série s'inspire d'un essai, La guerre cachée, écrit par le journaliste américain Lawrence Wright, qui a obtenu en 2007 le prestigieux prix Pulitzer. L'auteur a également participé à la création de la série aux côtés de Dan Futterman, le scénariste du film Truman Capote et du réalisateur Alex Gibney. Elle s'intéresse en particulier au parcours de John O'Neill, l'ancien chef de la cellule anti terroriste du FBI, le premier à avoir senti la menace poindre, et à celui d'Ali Soufan, un agent du FBI.

Des éléments de fiction. Comme dans le livre de Wright, la série laisse entrer les spectateurs dans les bureaux des services secrets américains mais elle donne aussi à voir les tourments et la vie intime des agents, tout en y ajoutant quelques éléments de fictions pour fluidifier le récit.

Un rythme soutenu. Rythmée, intense, The Looming Tower fait penser à Homeland et au Bureau des légendes. Et comme ces deux fictions, elle est aussi très réussie même si certains médias américains regrettent qu'elle ne s'intéresse qu'à une seule partie du récit de Wright, tout en le simplifiant.

Deux héros en dehors des clichés. Reste que la série a le mérite de nous embarquer complètement et de nous faire comprendre sans nous lasser comment les services secrets ont tenté de résoudre une équation à multiples inconnues. Son autre force est de mettre en scène deux personnages, deux héros qui ne sont ni lisses ni de stéréotypés. John O'neill est dépeint comme un agent efficace et visionnaire mais il est aussi volage et colérique. L'agent Ali Soufan a lui peu à voir avec l'image des agents secrets américains généralement mis en avant à l'écran. C'est un homme brillant, discret mais aussi musulman pratiquant. A plusieurs reprises, on le voit s'offusquer de la façon dont sa religion est récupérée par les terroristes. C'est d'ailleurs parce que le personnage n'a rien de caricatural que le comédien Tahar Rahim a accepté de jouer ce rôle qu'il interprète avec brio. Mention spéciale également à Jeff Daniels (Dumb and Dumber, The Newsroom) très à l'aise dans le costume de John O'Neill.