Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, la stratégie de Bruno Retailleau face à l'Algérie qui n'est peut-être pas la bonne, l'affaire Boualem Sansal, le conclave sur les retraites et la sortie du nouveau Guide Michelin.
Cuisine politique
La Stratégie de Bruno Retailleau est-elle la bonne ?
C’est la question du jour, et la réponse n’est pas aisée. En tous cas « elle sème le doute » indique le Parisien aujourd’hui en France.
Le journal explique dans un long papier que sa grande fermeté à l’égard de l’Algérie n’est pas sans risque politique.
Parce que des ennemis politiques, le ministre de l’Intérieur n’en manque pas. A gauche d’abord et ça c’est normal, mais à droite aussi, et cela l’est moins.
Le RN qui le canarde depuis des semaines sur le thème du ministère de la parole.
Il peut aussi compter sur son rival à la présidence des LR Laurent Wauquiez pour lui savonner la planche.
Mais c’est désormais au sein même du gouvernement qu’il semble le plus fragilisé.
« Retailleau veut bordéliser les relations avec l’Algérie mais à quel prix sur le plan diplomatique » s’interroge ainsi un conseiller gouvernemental. « Ça risque encore de nous revenir en boomerang sur le renseignement et l’exécution des OQTF ».
A en croire le Parisien les doutes ont aussi atteints l’Elysée.
« Au début macron était content de Retailleau à Beauvau assure un proche du chef de l’Etat. Mais il est agacé par le fait qu’il soit candidat à la présidence des LR et ça le rend dingue qu’il ouvre sa gueule sur l’Algérie ».
Enfin du côté de Matignon, on est moins familier mais le discours est le même... « On ne peut pas lui reprocher d’être un homme de conviction, estime un proche de François Bayrou; mais s’il n’obtient pas de résultat sur l’Algérie, il restera comme le ministre qui a beaucoup parlé sans rien obtenir »...
Union Nationale
Donc Tout le monde semble être contre Retailleau. A une exception près quand même : les Français !
Sondage Odoxa Backbone Consulting pour le Figaro.
Estimez-vous que Bruno Retailleau a eu raison d’entrer dans un rapport de force avec l’Algérie ?
Réponse oui 67%... Non 15%.
Bref le locataire de la place Beauvau bénéficie d’une sorte d’Union Nationale derrière lui commente Hicham Zemrani. Tous les camps politiques à l’exception de LFI approuvent sa stratégie. Les positions de Retailleau sont même davantage soutenues par les électeurs du RN que par ceux de sa famille LR.
Libérer Boualem Sansal
L’autre question c’est de savoir si cette stratégie est la bonne pour obtenir la clémence des Algériens à l ‘égard de Boualem Sansal.
Et au lendemain des réquisitions express du procureur à Alger, ont serait tenté de dire que non. 10 ans de prison requis contre l’écrivain, à la une de l’Opinion, Olivier Baccuzat est abasourdi... Il n’a pas de mot assez fort pour dénoncer ce « simulacre de tribunal » et « la peine aussi farfelue que le chef d’accusation » écrit-il.
Mais on fait peut-être la mauvaise analyse.
Adam Arroudj, le correspondant du Figaro à Alger à une autre vision des choses. « D’abord Sansal a comparu devant un tribunal correctionnel et non criminel » souligne-t-il, ce qui aurait beaucoup rallongé les choses.
« Cette accélération de la procédure laisserait penser selon nos sources que les autorités pourraient vouloir rapidement liquider le dossier. Si la volonté d’Alger est effectivement de désamorcer la bombe Sansal pour renouer le dialogue avec Paris, alors conclu-t-il, un scénario optimiste n’est pas à exclure ».
Arrêtons l’hypocrisie !
Autre question : Peut-on être encore optimistes concernant le conclave sur les retraites ? pour le coup la réponse est plus simple : c’est non !
Côté syndicat, seul la CFDT fait encore vaguement semblant d’y croire. Côté Medef, on estime qu’il faut relancer les discussions mais sur de nouvelles bases.
Longue interview de Patrick Martin son président dans les Echos.
« Il faut revoir l’ordre des sujets en commençant pas l’équilibre du système qui est à bout de souffle » déclare-t-il.
Question des Echos : Dans la suite des discussions évacuez-vous la question d’un retour en arrière sur l’âge légal.
Réponse diplomatique : « Nous sommes très dubitatifs sur les options évoquées ».
Oui, arrêtons l’hypocrisie écrit aussi Loup Besmond de Senneville à la une de Croix. « Qui a pu croire sérieusement qu’en entrant dans la salle de ce que le gouvernement a présomptueusement appelé le Conclave (Ca, ça agace beaucoup le quotidien papiste !). Qui a pu croire qu’il serait possible de revenir sur les 64 ans » ? Emballé c’est pesé, 3 paters deux avés.
Poulet au vinaigre
On va terminer par un incontournable du calendrier gastronomique français.
Dans 10 jours sort le guide Michelin. Mais c’est désormais une tradition chez les éditeurs du petit livre rouge faire tomber quelques têtes avant sa parution.
Et cette année c’est celle d’une légende du poulet de Bresse qui roule dans la chapelure.
Georges Blanc va perdre sa 3eme étoile.
Alors on pouvait penser que le monde de la cuisine allait se mobiliser, s’insurger...
Eh bien non !
Dans le Figaro, l’impitoyable et talentueux Stéphane Durand Souffland, l’Escoffier de la critique gastronomique trempe sa plume dans le vinaigre ( Balsamique évidemment).
« Georges Blanc. Le roi de la volaille à la crème » -écrit-il-, « challenger de l’empereur Lyonnais Bocuse, a longtemps régné grâce à une partition ultra classique parfaitement interprété, une cave prodigieuse et un entregent remarquable » ...
Mais mais... « Notre dernière visite l‘été dernier nous avait navré » écrit le chroniqueur du Figaro... » Rien n’allait vraiment dans un menu à 380 euros »... (L’addition c’est souvent ce qu’il y a de plus difficile à digérer dans ce type d’établissement) ... « Un menu truffé de fausses audace et d’accord hasardeux »...
« Bref La rétrogradation apparait comme logique » conclu-t-il... sans fleur ni couronne, ni bouquet garni !
Comme quoi le monde de la cuisine n’a rien à envier à celui de la politique. Il est décidément impitoyable.