Interview d'Emmanuel Macron : que diable est-il allé faire dans cette galère ?

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Le président de la République a du faire face dimanche soir à deux intervieweurs particulièrement pugnaces et sans aménité pour la fonction présidentielle. 

Lundi 16 janvier, "L'édito politique" est signé Catherine Nay, en remplacement d'Hélène Jouan

Que c'était long, trop long. On se demandait : quand vont-ils s'arrêter ? Et puis, l'ambiance était désagréable. On savait qu'avec le tandem Bourdin-Plenel, qui serait forcément en compétition d'ego, le registre ne serait pas à la bienveillance et aux amabilités. Jupiter ne craint rien, ni personne, il a été servi !

Désacralisation présidentielle. Mais c'est lui pourtant qui a choisi ce professeur de morale auto-proclamé et ce coupeur de têtes. Les deux pourraient être son père, et ils sont arrivés col ouvert, débraillés. Pas une fois ils l'ont appelé "Monsieur le Président", comme si cela devait leur écorcher la bouche. D'ailleurs, Edwy Plenel a même jugé qu'Emmanuel Macron était illégitime parce qu'il n'a recueilli que 18% des inscrits au premier tour de la présidentielle.

Pendant plus de deux heures, ils lui ont fait la leçon sur un ton accusateur, ont donné leur opinion, sans une seule minute de détente. D'ailleurs, même quand Edwy Plenel sourit, on a l'impression qu'il suce un citron. Mais que diable Emmanuel Macron allait-il faire dans cette galère ? C'était un moment de désacralisation présidentielle.

Coup pour coup. Pourtant, jamais le chef de l'Etat ne s'est laissé déstabiliser. Sans une note devant lui, il a montré sa connaissance des dossiers et défendu la cohérence de son programme, de ses réformes. Il a assuré, mais a-t-il rassuré ? S'il a su rester calme, alors que son autorité était souvent mise à mal, il lui a aussi fallu rendre les coups puisqu'il était boxé.

Pêle-mêle à Edwy Plenel : "Tout ce que vous dites est faux. Votre raisonnement est fallacieux". À Edwy Plenel qui voudrait virer Guillaume Pépy, Elisabeth Borne et la ministre Florence Parly, qui gagnait 50.000 euros à la SNCF : "Mais arrêtez de jeter des noms en pâture". Et pourtant le fondateur de Mediapart ne fait que ça, et de dénoncer : "Votre ami Bernard Arnault, qui fraude le fisc". "Je n'ai pas d'ami", rétorque le président, mouchant le journaliste qui lui-même avait voulu s'affranchir des règles fiscales pour Médiapart.

Et à Jean-Jacques Bourdin qui lui demande : "N'êtes-vous pas dans une illusion puérile de toute puissance ?", il répond : "Mais vous me donnez des conseils. Vous me dîtes ce que j'ai à faire ? Vous vous croyez dans la réalité et moi dans un éther bien beau ?". En un mot, c'était pénible.

On rejoue le match. Finalement, la forme aura pris le pas sur le fond. C'était une émission assez contre-productive. Le plus extravagant est qu'Emmanuel Macron s'est engagé à redonner ce combat dans un an. On a découvert que Jupiter était maso. Qui l'eût cru ?