Après le succès du film 120 battements par minute, la crise chez Act Up prend une tournure politique

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L'association de lutte contre le sida doit faire face une nouvelle génération de "militants politisés", notamment venus de l'extrême gauche.

Le 28 mai dernier, lorsque 120 battements par minute reçoit le Grand Prix du jury au Festival de Cannes, c'est un immense souffle de reconnaissance qui s'est soudain fait sentir. Reconnaissance pour le beau film de Robin Campillo, reconnaissance de la lutte qu’Act-up a menée pendant les premières années sida, quand personne ne voulait voir ni savoir. Le long-métrage est un hymne à l’action virulente, déroutante, provocatrice des membres d'Act-up, décidés à agir collectivement pour que les pouvoirs publics prennent conscience de la gravité de l’épidémie, et mettent en place des politiques publiques de prévention et d’accompagnement des malades. Le film a connu un nouveau sacre lors de la cérémonie des Césars il y a un mois, en remportant six statuettes dorées.

De plus en plus de militants. Le film a aussi provoqué un afflux de militants à Act-up. Parmi eux figurent des anciens, parfois des survivants de la maladie qui se disent qu’il reste des combats à mener. Mais aussi des nouveaux, convaincus que la lutte a peut-être été abandonnée trop tôt. À Act-up Paris, avant la sortie du film fin août, seule une dizaine de membres se rendaient aux réunions. Après 120 battements par minute, on en compte une cinquantaine.

Des causes diverses. Or, les anciens dirigeants de l'association accusent certains de ces nouveaux membres de ne pas vraiment se battre contre le sida. Le week-end dernier, toute l’équipe de l’ancienne direction a démissionné. A bout. Pas de l’afflux de forces vives, mais du noyautage de certains, dénoncent-ils, qui ont imposé une nouvelle direction. Selon eux, ils ont surtout imposé une nouvelle grille de lecture à la lutte anti sida. "Du sida, ils n’ont que faire. Ce qu'ils récupèrent, c’est l’aura médiatique que le film de Campillo a donné à Act-up. Ils veulent aujourd’hui mettre cette association au service d’autres causes, celle des migrants exclusivement", affirme l'ex-président.

Pour ces nouveaux venus, issus de l’extrême-gauche voire de l’ultra gauche, l’impératif est politique, mener le combat contre la loi asile immigration du gouvernement.

Des associations infiltrées. Cet entrisme a été constaté à d'autres occasions. A Calais par exemple, des associations de migrants sont elles aussi noyautées par les No Border notamment. Des syndicats étudiants comme l’Unef se voient aussi infiltrés par cette mouvance. Sur Europe 1 mercredi matin, le président de la Fage dénonçait la violence et l’opacité de certains des meneurs de l’agitation estudiantine sur les campus.

Cette infiltration de l’extrême gauche dans des mouvements existants est une stratégie et une forme de lutte qui ne sont pas nouvelles, mais qui semblent en plein essor. Sans doute dit-il l’affaiblissement des partis politiques pour mener ces luttes.