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"Au nom de la Terre", qui sort mercredi prochain avec Guillaume Canet, est un film criant de vérité. Il raconte la spirale du surendettement et la pression de la productivité.

Le bien-être animal est au cœur de tous les débats lorsque l’on parle d’agriculture et d’élevage, mais nous oublions parfois qu’il est intimement lié au bien-être paysan. Savez-vous qu’en France, un agriculteur se donne la mort tous les deux jours ? D’après la MSA, c’est en fait la catégorie socioprofessionnelle la plus touchée par ces tragédies, et ce depuis de nombreuses années. Alors comment peut-on améliorer le bien-être des paysans qui sont les piliers de l’économie française ?

D’après Jean Rabatel, jeune agriculteur puy-de-dômois âgé de 20 ans, le bien-être paysan passe avant tout par la reconnaissance du travail fourni. L’agriculture est le seul domaine où c’est l’acheteur qui fixe le prix, un prix parfois bien plus bas que celui de production. Une situation problématique qui s’accentue lorsque les dépenses augmentent, comme c’est le cas actuellement avec notamment les prix du foin, des aliments pour les animaux et du matériel agricole qui grimpent en flèche. Ce n’est pas tout, puisque la pression de production augmente sans cesse. En 1995, la production laitière était d’environ 90.000 litres par an et par ferme. Aujourd’hui la moyenne est de 270.000 litres, soit plus du triple en 25 ans. Il faut donc toujours plus d’animaux, toujours plus de fourrage, toujours plus d’aménagements, toujours plus de tout. Augmenter le rendement n’est pas sans conséquence, et la santé des troupeaux s’en ressent.

Le métier d’agriculteur est un métier très exigeant, entre le soin apporté aux animaux, l’entretien des champs et la gestion administrative. La journée commence aux aurores et se termine généralement bien après 22 heures. Malgré tout ce travail et la détermination des exploitants, il est parfois bien difficile de joindre les deux bouts. La conjoncture actuelle pousse la concurrence internationale à son paroxysme et le système impose aux agriculteurs de s’endetter pour être plus compétitifs. Des conditions qui aboutissent bien souvent au surendettement, au jugement et à la stigmatisation des consommateurs.

À tous ces obstacles viennent s’ajouter les grosses canicules et sécheresses qui frappent le pays et aggravent la situation. Les agriculteurs sont forcés de donner du fourrage récolté pour l’hiver alors que l’été n’est même pas terminé. Selon la FNSEA, les dégâts sont estimés à plus de 100 millions d’euros. Le réchauffement climatique ne fait que renforcer l’intensité de ces épisodes catastrophiques pour les récoltes. Comment les paysans seront-ils capables de nourrir leurs animaux sans fourrage, et comment seront-ils en mesure de produire pour la population si ces conditions ne changent pas rapidement ? Nous sommes tous concernés : il n’y a pas de pays sans paysans !

Le 25 septembre sortira dans les salles de cinéma françaises "Au nom de la Terre", un film inspiré d’une histoire vraie et d’une justesse épatante. Guillaume Canet y incarne un éleveur pris dans les rouages du système. Pour soutenir nos paysans, il faut d’abord mieux les comprendre, c’est que nous permet "Au Nom de la Terre" un film signé Edouard Bergeron,  réalisateur qui lui-même a perdu son papa, victime de son métier.

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