2:10
  • Copié

Depuis sa ferme pédagogique de Boissey, en Haute-Loire, Fanny Agostini met en garde contre ceux qui se réjouissent d'une nature plus respectée par temps de coronavirus. Si les progrès sont réels, ils sont de court-terme et fragiles face au besoin de faire repartir l'économie après la crise.

Avec le coronavirus, on l’entend partout, la nature reprendrait ses droits face à la pollution et aux excès de l'économie en temps normal. Mais cette crise permet-elle vraiment à la nature de respirer durablement ?

La terre n’aura jamais connu un printemps aussi paisible depuis des décennies. Les animaux tirent profit du confinement, les canards col vert traversent à patte le périphérique parisien, au Chili les pumas sont de retour dans les rues. Sans parler de la qualité de l’air impressionnante, c’est comme si nous étions en cure thermale rien qu’en respirant l’air ambiant, les particules de dioxyde d’azote, liées à la circulation routière, les fameux PM10 qui sont à l’origine de maladies pulmonaires et de milliers de décès par an se sont volatilisés !

Des effets qui risquent d’être éphémères ?

Cette parenthèse oxygénante pour la faune, la flore, nos poumons et le climat, ne doit pas être un miroir aux alouettes. Car ce dont nous avons besoin comme le dit très bien le docteur en sciences politiques François Gemenne, ce n’est pas d’une année blanche mais d’une baisse progressive et continue de nos émissions mondiales. N’oublions pas que les crises précédentes sont riches en enseignement, après 2008, les émissions de CO2 en Chine ont explosé l’année suivante. Lorsque nous rentrerons dans la période post-coronavirus, on peut légitimement craindre que la relance économique vienne justifier la mise de côté des préoccupations climatiques.

C’est l’annonce de certain pays qui peut nous laisser penser ça ?

Le Canada prévoit déjà un plan de soutien des énergies fossiles, tendis que les Etats-Unis anticipent de lever toutes les sanctions vis-à-vis des entreprises polluantes pour les aider à reprendre leurs activités. En soit, business as usual. Ce qui comptera vraiment après cette crise, c’est de comprendre qu’il ne s’agit pas de purifier l’air sur le court terme mais bien d’assainir notre économie sur le long terme.