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Louis XIV est connu pour avoir eu de très mauvaises dents, à tel point que ses maux lui firent souffrir le martyre pendant des années. Mais il n'était pas le seul concerné...

Nous connaissons absolument tout de l’état de santé du roi Louis XIV, de sa naissance jusqu’à sa mort, grâce aux journaux de santé tenus par ses médecins successifs. Le dernier d’entre eux, Fagon, qui est resté son médecin pendant 32 ans, a consigné dans des petits carnets le moindre désordre digestif, la moindre vapeur, le moindre mal de dents.

Louis XIV n’était pas en très bonne santé : petite vérole, fistules anales, blennorragies soignées avec une mixture à base d’esprit d’écrevisses, de baume du Pérou, d’essence de fourmis, boulimie chronique, scarlatine, urticaire, verrues, furoncles, diabète, hémorroïdes… Le tout lavé à coups de lavements et de saignées, c’est la liste non exhaustive des maux dont le roi a souffert toute sa vie.

L’auteur du « Corps du Roi Soleil », Michelle Caroly, nous décrit le souverain comme un homme qui vécut la plupart de sa vie dans un état maladif, victime de fréquentes indispositions, tourmenté dès l’âge de 24 ans par des vapeurs qui dureront jusqu’à sa mort, sujet à des éruptions cutanées et aux abcès à l’âge de 40 ans, épuisé par des fièvres continues et graveleux dans sa vieillesse.

Un sourire édenté derrière une bouche pincée

Mais revenons-en à ces dents. Louis XIV a de très mauvaises dents, et ce dès son plus jeune âge, ce qui fait qu’il avale plus qu’il ne mâche. En 1676, il commence à avoir de violentes douleurs dentaires et dix ans plus tard, il ne lui restera plus une seule dent à la mâchoire supérieure et celles du bas sont toutes cariées. Il a 47 ans et presque plus une seule dent. Pendant 30 ans, il devra cacher un sourire édenté derrière une bouche pincée.

Les essences de girofle et de thym apaisent ses douleurs quand elles deviennent insupportables et le dentiste royal soigne et arrache les dents noirâtres du roi avec un élévatoire en or, une invention toute nouvelle qui ne fait pas moins mal. Le roi souffre le martyre et bien souvent, les essences destinées à le soulager sont si fortes qu’elles lui brûlent la bouche et le font vomir. Il a de fréquents abcès aux gencives qui enflent ses joues et déforment son visage.

C’est en 1685 que survient l’épreuve la plus épouvantable. En plus de la fistule anale dont il souffre, il a également un trou dans la mâchoire supérieure gauche, en raison des dents cariées qu’il a fallu arracher. D’Aquin nous décrit ce trou : toutes les fois que le roi buvait ou se gargarisait, il portait l’eau de sa bouche à son nez, d’où elle coulait comme une fontaine.

En raison de ces douleurs, le roi ne sort quasiment pas de ses appartements car l’énorme cavité a dégénéré en carie de l’os. Le chirurgien, Charles-François Félix, qui a déjà opéré sa fistule anale, va appliquer le fer rouge quatorze fois de suite sur la gencive du roi. Il faudra des semaines pour que le souverain puisse recouvrer l’usage de sa bouche. C’est cet homme qu’a épousé Madame de Maintenon en 1683.

D'autres rois et reines concernés

Cet aperçu de l’état dentaire de Louis XIV explique pourquoi, 80 ans plus tard, en 1793, ceux qui parviennent à faire ouvrir la bouche momifiée du roi en profanant son cercueil à l’abbaye de Saint-Denis n’en retirent que deux dents noirâtres pour leur collection de rogatons organiques royaux.

Louis XIV ne faisait pas nécessairement exception à la règle dans une époque où l’hygiène bucco-dentaire n’était pas encore dans les mœurs. La plupart des gens avaient des dents en très mauvais état et les personnes de haut rang n’étaient pas épargnées. Joséphine de Beauharnais, par exemple, ne souriait jamais à cause de ses dents gâtées. L'impératrice Sissi était également connue pour ses dents en mauvais état, surtout vers la fin de sa vie, après des années de vomissements dus à son anorexie.

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