Réseaux sociaux, Facebook, illustration, FirmBee / Pixabay 1280 3:33
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Lundi, Anne Cazaubon s'intéresse à l'effet des réseaux sociaux sur notre vie et nous invite à surfer et poster en conscience.

Anne, aujourd’hui, vous nous parlez des réseaux sociaux sur lesquels vous avez passé le week-end…

Dites donc, ne me jetez pas la pierre, je suis comme vous. Oui, comme vous, je passe 4h48 tous les jours sur internet, comme la moyenne des Français, dont 1h22 sur les réseaux sociaux. C’est ce que nous dit une étude annuelle de "We are social - Hootsuite". Alors forcément, 1h22 d’images bombardées dans tous les sens (et avec plus ou moins de sens), je sais pas vous, mais moi, ça me vide. Oui, sur un socle fragile, sur une insécurité profonde, c’est fou ce que les réseaux sociaux nous affectent de manière négative.

Peut-être que, lentement, mais sûrement, au fur et à mesure de toutes ces heures passées à laisser glisser votre pouce du bas vers le haut, vous réalisez que vous vous mettez de plus en plus à vous comparer aux autres, à comparer votre vie à celle des autres. Eux ont plus d’enfants, mieux habillés, alors qu’on a moins d’argent, ils font plus de voyages, il lui offre plus de fleurs… Peut-être que, dans un profond moment de doutes, sur qui vous êtes et ce que vous faites de vos dix doigts ou de votre vie, vous avez confié, sans le savoir, votre estime personnelle entre les pouces magiques des internautes. Peut-être que cela fait des mois que vous avez déblayé, nettoyé votre terrain, que vous avez semé, planté, arrosé, préparé, et qu’aujourd’hui, fier comme tout, vous postez la photo de votre jardin fleuri qui ne récoltera que cinq likes. Et là d’un coup, il est vachement moins beau votre jardin. Ces heures de labeur ont beaucoup moins de saveur, vous ne trouvez pas ? Peut-être que vous avez remarqué que vous vous sentiez particulièrement anxieux, angoissé, après avoir passé du temps sur les réseaux sociaux. Que votre humeur, votre sourire à la vie dépendait du nombre de commentaires que suscitait votre message. Oui, elle est difficile à adopter la juste distance avec les réseaux sociaux et la véritable attitude.

Comment faire pour éviter que les réseaux sociaux nous atteignent à ce point-là ?

Ou comment faire pour mettre un peu plus de conscience sur ce que j’y poste, ce que je choisis de lire, de voir, de quelle manière je nourris mon esprit. Alors parce que cette année, on a décidé de reprendre sa vie en main et de faire les choses en conscience, on ne se laisse plus flouer par la vie Instagram. Il y a des gens dont les publications reçoivent entre trois et neuf "j’aime" mais qui ont plein d’amis et des gens qui ont plus d’une centaine de pouces levés sur leur selfie et qui se sentent seuls comme tout à l’intérieur. Il y a des couples qui ont l’air tellement heureux sur leurs photos romantiques (et qui s’ennuient à mourir ensemble au quotidien) et d’autres, qui ne postent jamais de photos d’eux, et qui vivent une belle et riche relation aimante. Des people qui se souhaitent leurs anniversaires entre eux sur les réseaux sociaux, mais qui ne sont pas capables de s’envoyer un SMS. D’autres qui postent des photos d’une vie bien au-dessus de leurs moyens, qui peinent à boucler les fins de mois, mais qui ne postent que des photos d’hôtels cinq étoiles. Oui, les apparences ne sont rien que cela, des apparences.

Enfin, loin de moi, l’envie de jeter le bébé avec l’eau du bain, il y a aussi de bien jolies manières de partager au monde sur les réseaux sociaux, du beau : de la poésie, de l’art, de la peinture, des photos inspirantes, des histoires extra-ordinaires. Oui, parce que sur les réseaux, certains ont des centaines de milliers de followers, et mettent cette notoriété au service du luxe, du parfait, de l’envie, du toujours plus, pendant que d’autres postent en conscience à leurs 130 amis Facebook, des articles inspirés, des initiatives d’associations, des bonnes nouvelles. Et vous, comment choisissez-vous d’occuper ces 1h22 quotidiennes que vous ne consacrez pas à vos propres projets ?