#Balancetonporc : la condamnation de Sandra Muller est "la victoire du droit sur le tribunal des médias et des réseaux sociaux"

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Chaque dimanche matin, Roland Perez nous donne les clés pour comprendre quels sont nos droits au quotidien.

Chaque weekend l’actualité nous donne l’occasion avec notre avocat de s’interroger sur nos droits mais aussi nos devoirs, et ce dimanche vous revenez sur la décision de justice de condamnation rendue le 25 septembre dernier, de celle qui a été probablement le déclencheur du mouvement #balancetonporc et qui a écopé de 15.000 euros de dommages intérêts au profit de celui qu’elle désignait comme l’auteur de Violences verbales à connotation sexuelles. Expliquez-nous?

Nous sommes en 2012 en plein festival du marché de la télévision à Cannes, et visiblement éméché, Éric Brion, homme de télévision, lance à une journaliste Sandra Muller, "Tu es brune, tu as de gros seins, tu es mon type de femme", et devant le peu d’intérêt de la journaliste, il ajoute : "Dommage je t’aurai fait jouir toute la nuit." Le lendemain après sa cuite il s’excuse par SMS, si ce n’est que la journaliste qui écrit dans d’une lettre sur l’audiovisuel, va informer l’employeur de Monsieur Brion, la chaîne Equidia, puis surtout elle appellera sur les réseaux sociaux à dénoncer les harceleurs à lever leur anonymat en balançant justement Monsieur Brion.

Va s’ensuivre une descente aux enfers pour l’homme de télévision que sa femme quittera en même temps que ses contacts professionnels, et il sera en prime licencié.

Et on comprend donc qu’il a décidé de porter plainte en diffamation contre son accusatrice ? Et il vient de gagner son procès ?

Oui, c’est la victoire du droit sur le tribunal des médias et des réseaux sociaux. En fait la décision en substance dite que journaliste l’avait accusé à tort ou à raison de faits qui pouvaient éventuellement constitués une infraction, pour autant elle ne pouvait dénoncer, ce qu’elle considérait comme un comportement inapproprié, sur les réseaux sociaux et sur les médias, sans rappeler que la personne en question bénéficiait comme tout à chacun en France, de la présomption d’innocence. Et en ne le faisant pas, elle s’exposait elle-même à être poursuivie pour diffamation, c’est-à-dire pour atteinte à l’honneur, la considération, la réputation d’une personne. Et puis surtout Twitter ne pouvait pas être le réceptacle d’une telle plainte sans saisir les autorités judiciaires.

Cette décision, selon vous remet ce mouvement de libération de la parole lancé à l’occasion de cette regrettable affaire ?

Non je ne crois pas, simplement cette libération doit se faire auprès des bonnes personnes et pas forcément auprès du tribunal du buzz. Avoir recours au tribunal de l’opinion publique, c’est jamais bon car celui-ci va vite, il s’emballe, il s’empare de votre téléphone, de votre tablette de votre télévision, de votre radio, beaucoup plus vite que la justice, qui n’aura pas le temps de trier le faux du vrai, et la réalité de l’infraction ou pas ; si bien qu’une vie peut être détruite avant même que la justice dise si la personne est coupable ou non.

On sait comment a réagi la journaliste condamnée pour diffamation ?

Elle va visiblement faire appel car outre sa condamnation à payer 15.000 euros de dommages intérêts, elle devra également rembourser à hauteur de 5.000 euros les frais d’avocat de Monsieur Brion et surtout faire supprimer le tweet et faire publier dans la lettre audiovisuelle où elle travaille et dans 2 journaux, la condamnation dont elle a écopé.

Merci, à la semaine prochaine