Emmanuel Macron revient-il "bredouille" de sa visite aux Etats-Unis ?

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Le porte-parole du front national, Sébastien Chenu, affirme que Emmanuel Macron revient "bredouille" de sa visite américaine. Vrai ou faux ?

La semaine américaine du président. "Un échec", martèle le porte-parole du Front National Sébastien Chenu, qui regrette que le président n’ait rien obtenu au terme de sa visite.

 

"Qu’Emmanuel Macron fasse le déplacement aux Etats-Unis pour revenir avec rien, parce que la réalité c’est qu’il revient bredouille, avec simplement les compliments du président américain, ben ça va pas solutionner grand-chose."

 

Le président revient bredouille des États-Unis. Vrai ou faux ?

C’est faux. Car il ne faut pas perdre de vue l'essentiel : une visite d’Etat, c'est un protocole. Le président ne s'est pas rendu aux États-Unis avec une liste de problèmes du monde à résoudre. Il y est allé à l’invitation du président américain, pour confirmer le rôle nouveau qu’incarne la France : celui de meilleur allié des États-Unis, avant la Grande-Bretagne, et celui de premier interlocuteur en Europe : c’est historique, et ce n’est pas rien dans une Europe à 28, où la France pèse nettement moins lourd qu'au temps du général De Gaulle. Les États-Unis sont sept fois plus puissants que nous, pourtant le message est envoyé au monde est le suivant : la France  reste importante, elle pèse. Si les mots ont un sens, ce n’est pas un échec, mais une réussite.

Maintenant, tout le mérite n’en revient pas au président Macron. Depuis 2014 et l’intervention au Mali, la cote de la France est remontée en flèche outre-Atlantique, surtout auprès des Républicains qui la considèrent de nouveau comme un allié fiable, ce qui était loin d’être le cas il y a 4 ans (la France et passée, entre 2014 et 2017, de la 28ème à la 9ème place des pays considérés comme alliés par l’électorat républicain). Le président a su saisir cette opportunité après l’élection de Donald Trump. Il ne lui fait pas la morale, comme le fait Angela Merkel, ils maîtrisent les mêmes codes (Emmanuel Macron, un ancien de Rothschild, sait parler aux milliardaires), et surtout la France peut projeter une armée, elle consacre un budget raisonnable à sa défense. Bref, elle est légitime : c’est ce message qu’il fallait illustrer.

Reste que sur le fond des dossiers, comme l’Iran, le climat, le commerce, il n’a rien obtenu.

Ce n'était pas le but, et il est trop tôt pour le dire. Sur l’Iran, Donald Trump a la même position depuis toujours : il ne veut pas de cet accord qui repousse dans le temps les velléités nucléaires du pays, et souhaite le renégocier. La France, avec ses partenaires, tente depuis septembre de trouver une solution, sans y parvenir, d’où cette menace de Trump de sortir de l’accord le 12 mai. Mais il faut se rappeler que s’il le peut effectivement en sortir, c’est parce que le Congrès, justement, n’a jamais validé ce deal : Barack Obama n’avait pas de soutien politique. Emmanuel Macron peut tenter, certes, de jouer de son influence, mais personne ne peut sérieusement s’attendre à ce qu'il fasse, à lui seul, basculer à la fois l’Iran et le Congrès américain.

Le vrai sujet reste le désaccord commercial, et là le président marche un peu sur la corde. D’un côté nos intérêts français semblent proches des intérêts américains : nous avons nous aussi un énorme déficit commercial avec la Chine, de même qu’avec l’Allemagne, qui est la seule à bénéficier de la situation actuelle. Or l’Europe nous impose de la protéger. Est-ce que Donald Trump acceptera de s’allier avec l’Europe contre les pratiques déloyales de la Chine ? Cela reste à voir. Et si le président prend le risque de fâcher l’Allemagne aujourd’hui, c’est aussi parce que l’Europe semble paralysée.