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SAISON 2017 - 2018

Ce samedi, Catherine Nay revient sur la cacophonie chez LR autour de l'idée de Guillaume Peltier d'augmenter le SMIC de 10 à 20%.

Bonjour Catherine

Bonjour Wendy, bonjour à tous

Moins d'une semaine après l'éviction de Virginie Calmels de la direction des Républicains, c'est au tour de Guillaume Pelletier d'ajouter à la confusion en proposant une hausse du SMIC de 10 à 20%
Cette fois, il ne s'agit plus d'une question d'égo mais d'un enjeu de fond. Virginie Calmels était la numéro 2 du parti. Guillaume Pelletier est le numéro 3. Il n'est pas n'importe qui. Il a parlé. Bingo, aussitôt gros remous au sein de la famille. Eric Woerth, le président de la Commission des finances, s'étrangle de rage. "C'est une idée mal pensée, mal préparée, un relent démagogique, le contraire de ce qu'il faut faire, à savoir donner du pouvoir d'achat par la croissance et une redistribution bien faite."

Le député de l'Yonne, Guillaume Larrivé, fustige, lui : "cette idée néo-communiste, qui serait le plus sûr moyen de faire exploser le chômage des personnes peu qualifiées. Même tonalité chez Bruno Retailleau, le patron des Républicains au Sénat, qui dénonce une fausse générosité qui risque de faire exploser le chômage. "Si ça continue, on va finir plus à gauche que la France Insoumise", raille un autre élu.

On trouve aussi chez les Républicains des élus qui sont pour

Curieusement, Valérie Pécresse, dont on connait la ligne libérale réformatrice, et qui vient d'approuver. "Oui, il faudrait augmenter le SMIC de 20%" Alors, pas le SMIC brut, mais en baissant les charges. Il n'empêche, son intervention brouille la ligne économique de la droite. Il y avait jusque-là un relatif consensus. C'est la grande confusion idéologique.

Comment l'expliquer ?

Guillaume Pelletier défend une approche émotionnelle et morale du salaire. "On ne vit pas bien avec le SMIC", dit-il. Mais c'est un affichage politicien, facile, et à terme désastreux pour l'économie. Mais voilà, il n'est pas facile aujourd'hui quand on est de droite et dans l'opposition de contrer Emmanuel Macron, qui mène des réformes structurelles que personne avant lui n'avait osé lancer.

Et c'est d'ailleurs la grosse difficulté pour les Républicains, car son électorat approuve la politique du Président. Alors, faut-il tourner le dos au libéralisme pour contrer Macron et séduire les électeurs du Front National ? Est-ce un signal, à un an des élections européennes ?

Mais Laurent Wauquiez a désavoué Guillaume Pelletier

Oui à la baisse d'impôts et non à la hausse du SMIC, a-t-il dit. Façon de dire qu'il n'est pas d'accord. On s'interrogeait : avait-il suscité la manœuvre, lancé un ballon d'essai pour voir les réactions ? Eh bien non.
Mais cette cacophonie montre surtout que le parti ne fonctionne pas et que c'est un peu le "chacun pour soi". Les présidents de région, les maires de grandes villes se prennent pour des féodaux d'Ancien Régime. Chacun a sa petite chapelle et sa libre parole.

C'est aussi l'air du temps

Depuis qu'Emmanuel Macron a fait sauter toutes les digues politiques, il y a dans tous les partis - y compris chez En Marche - non plus des frondeurs organisés en groupe, comme en a connus François Hollande, mais au contraire une vague d'autonomistes, des élus qui disent : "j'ai une idée, je la porte, je dis ce que je veux."

D'ailleurs, cette tendance à l'individualisme risque de s'accentuer. Comment rappeler à la discipline quelqu'un qui ne sera pas sûr d'avoir l'investiture pour se représenter dans 5 ans ? D'ici là, avec la réforme constitutionnelle, près de 200 députés auront disparu. Ils étaient prévenus il y a un an par Emmanuel Macron lui-même, qui avait réuni à Versailles le Parlement en congrès pour annoncer qu'il allait bientôt leur couper la tête ... un raccourci de l'histoire qui ne manquait pas de sel !