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Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.

Trou noir, homo luzonensis, Brexit, l’actu sur le temps long

Avec un dessin de Chaunu dans Ouest France. Au terme d’une négociation tardive où la date limite du Brexit a été repoussée au 31 octobre prochain, Emmanuel Macron et Angela Merkel sur ce dessin observent à la longue vue Teresa May emportée dans un trou noir nommé Brexit. Un dessin qui mélange à la fois la distance de ce fameux trou noir, photographié à 50 millions d’années lumières rappelle le Figaro et le temps politique du Brexit qui s’étire en longueur et que l’économiste Daniel Cohen compare dans l’Obs à une série Netflix, une saga en plusieurs saisonsUne saga comparable à la série Game of Thrones qui entamera son ultime saison dans la nuit de dimanche à lundi et dont la Voix Nord explique ce matin comment, depuis huit ans, les personnages ont conquis la planète sur la durée. Le temps qui passe, le temps qui reste mais le temps qui a manqué, c’est la Une du site Les Jours qui explique ce matin qu’une contribution sur deux des français au grand débat a été zappée par manque de temps pour traiter les 45.000 documents qui ont été numérisés. Le temps encore à la Une des journaux mais celui que l’on remonte avec cette photo sur le site de Paris Match qui montre les fouilles aux Philippines qui ont abouti à la découverte d’un nouvel homo, l’homo luzonensis, qui vivait il y a 50.000 ans. Pour une fois, c’est le temps long qui sort l’actualité de son instantanéité et ça fait du bien.

ADP, le référendum : un feuilleton ne fait que commencer

Comme le feuilleton du Brexit c’est la mondialisation et la compétition internationale qui sont en jeu, comme pour le Brexit, il est question d’un référendum. En ce jour de vote de la loi Pacte qui prévoit la privatisation d’ADP, les journaux et les éditorialistes lancent le début d’un feuilleton politique qui pourrait durer. "Aéroports de Paris, l’opposition dégaine le référendum", titre Sud Ouest, "Contre la vente d’ADP, en piste citoyens", s’enthousiasme Libération mais c’est l’Opinion qui raconte l’histoire secrète d’un coup politique parti du Sénat fédérant les Républicains, les Socialistes, le PC et la France Insoumise pour enclencher la procédure du référendum d’initiative partagée pour empêcher la vente d’ADP au secteur privé. Et dans la Presse de la Manche, Jean Levallois s’amuse "Rien de tel que de passer aux travaux pratiques (du grand débat !) parmi les exigences des Gilets jaunes, il y a l’accès au référendum pour donner la voix au peuple sur les grands dossiers, eh bien ce sont des parlementaires s’en sont emparés". Dans la Nouvelle République, Olivier Pirot ironise "on attendait Macron pour rompre avec l’ancien monde et c’est finalement l’opposition qui provoque une rupture avec l’ordre établi" même si, conclut Bernard Stéphan dans la Montagne "le feuilleton qui démarre sera semé d’embûche". La privatisation est une vieille recette mais elle fait encore recette.

Le vinaigre blanc testé et approuvé scientifiquement

Une vieille recette de grand-mère, le vinaigre blanc mais qui vient de démontrer qu’elle pollue moins et nettoie aussi bien que ses équivalents industriels. Le Parisien-Aujourd’hui en France raconte comment une équipe de scientifiques a comparé avec les produits courants. Elle a nettoyé, balayé, astiqué pendant 2,5 ans une maison expérimentale pour le vérifier. Résultat, les décoctions maison à base vinaigre blanc polluent moins car elles émettent moins de composés organiques volatiles, ces poussières que nous inhalons ensuite après avoir fait le ménage et qui peuvent nuire à notre santé.

Anthropocène

Utiliser le vinaigre, voilà qui pourrait nous ramener au temps d’avant ce que le directeur de recherche au CNRS Michel Magny appelle l’ère de l’anthropocène. L’anthropocène c’est l’homme de l’accélération du temps qui apparaît vers 1750, celui qui va vite en besogne et en consommation, celui qui prend aujourd’hui l’avion dans ces aéroports de Paris et du monde et que ce chercheur interrogé par l’Est Républicain place au cœur de la crise écologique.

Extase géographique

Cet Anthropocène, cet homme qui accélère, le Figaro dans ses pages littéraire l’invite à ralentir en nous donnant l’envie de lire les récits de voyage de quelques auteurs. Ils ont tous un point commun, ils n’ont pas pris l’avion. L’un a remonté le Danube en longeant ses rives à vélo. Un autre est parti à pied de Paris à Jérusalem. Le troisième s’est embarqué sur un cargo pour faire le tour du monde. Un quatrième est parti randonner le long des 120 kilomètres du mur d’Hadrien en Angleterre et la dernière fait l’éloge de la flânerie. Tous ont en commun de ne pas se presser, de jouir de ce que le Figaro appelle "l’extase géographique" et surtout de prendre leur temps. Voilà qui pourrait nous aider à regarder le Brexit autrement. Alors certes, les Anglais prennent leur temps pour quitter l’Europe. Mais ce n’est peut-être pas du temps perdu.