Natacha Polony, La Revue de presse 25.03.2016 1280x640 5:56
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La presse quotidienne revient ce vendredi sur les enquêtes autour des attentats de Paris et de Bruxelles.

Ce matin en Une de vos journaux on égrène les révélations en se disant que seule la chance semble nous protéger un peu :
Libération : Terrorisme : les failles du nucléaire belge.
Le Parisien : Attentats : prêts à frapper depuis un an.
Les Echos : Transports : ce qui va changer après les attentats.

Et puis, il y a cette silhouette élancée au geste de ballerine, et son maillot orange :
L’Equipe : Johan Cruyff : il était le jeu.

Attentat

Comme à chaque fois, la presse enquête, découvre les ramifications, les attentats manqués. Ainsi, l’enquête de Libération qui nous raconte comment l’un des logisticiens de la cellule de Molenbeek possédait chez lui les enregistrements d’une caméra postée devant le domicile d’un haut responsable d’un centre de recherche nucléaire pour observer ses allers et venues. Déjà, on dresse la liste des ratés du Renseignement belge comme les lenteurs des autorités politiques. Dans Le Figaro, c’est un article qui nous explique comment l’Allemagne a systématiquement freiné la mise en place du fichier de passagers dans les transports aériens. L’Allemagne qui, jusqu’à présent, ne se sentait suffisamment visée pour mettre en place un système que certains de ses élus estiment attentatoires aux libertés individuelles. Mais on lira surtout dans Le Monde un portrait de l’avocat de Salah Abdeslam. Le flamboyant Sven Mary qui promettait une défense en forme de spectacle médiatique semble gagné par le doute : son client savait-il pour les attentats ? L’avocat risque d’avoir du mal, désormais, à le faire passer pour un quasi repenti. Accessoirement, il voit certains de ses clients se détourner de lui. Tout suspect a droit à un défenseur et certains avocats s’en délectent. Mais l’horreur a ses limites.

Libye

Tous les yeux et tous les objectifs sont tournés vers Bruxelles. Pourtant, Le Figaro nous oblige à regarder ailleurs. En Une, une plage, des 4x4, des bateaux et des hommes assis en rang, qui attendent. Libye : la nouvelle menace. Alors que le pays s’enfonce dans le chaos, l’installation de l’État Islamique constituerait le signal de départ vers l’Europe pour 800.000 migrants livrés aux passeurs. La réponse des États européens aux maires des villes libyennes qui leur demandent de l’aide : nous ne pouvons coopérer qu’avec l’État libyen. Mais d’État, il n’y en a plus. L’Italie et la France seraient prêtes à intervenir. Il est grand temps.

Chrétiens

Il est question d’Argenteuil bien sûr dans les pages consacrées aux dernières opérations anti-terroristes. Une cellule a été démantelée. Mais on trouve également Argenteuil dans le Figaro Magazine. Parce que s’y déroulera l’ostension exceptionnelle d’une tunique supposée avoir été la dernière portée par Jésus. Son authenticité est contestée même si certains scientifiques expliquent que le sang présent sur la tunique et sur le saint suaire serait étonnamment proches. Du coup, 150.000 visiteurs sont attendus. Mais les Chrétiens ne sont pas seulement amateurs de reliques antiques. D’après Le Figaro, ils tweetent. Le Pape serait champion des réseaux sociaux. Le 19 mars, il lui a suffi d’un cliché sur Instagram pour atteindre un million d’abonnés en 720 minutes. 23 abonnés par seconde, mieux que Justin Bieber. Mais en bon jésuite, il n’est pas dupe de cette modernité technologique. Jeudi matin, nous explique Jean-Marie Guénois, il a crûment condamné les prêtres qui nourrissaient l’illusion d’être en contact via internet avec d’innombrables personnes pauvres, ignorantes et prisonnières. A cette mondanité virtuelle, il oppose le contact direct et même physique. A chaque fois qu’il demande à un catholique s’il pratique l’aumône, il ajoute cette question : ce clochard, l’as-tu regardé dans les yeux ? Est-ce que tu lui as pris la main ? Il n’y a pas de charité à distance.

Un trésor retrouve ses propriétaires

L’histoire que nous raconte Le Figaro Magazine nous ramène il y a 5 siècles. Et depuis, ils semblent n’avoir pas bougé, ces Indiens Kogis de la Sierra Nevada en Colombie. C’est un jeune homme victime d’un œdème pulmonaire lors d’un trecking et que les chamans Kogis ont sauvé. En remerciement, il fonde une association pour racheter les terres des Indiens et les protéger des narco-trafiquants et des paramilitaires. C’est aussi l’histoire d’une collectionneuse belge qui a voulu rendre à ce peuple des bijoux en or volés par les conquistadors. Leur rencontre et leur obstination ont permis de réparer ce que des hommes avides d’or et se réclamant du christianisme avaient pu faire. Les Kogis, eux, veulent préserver leur mode de vie en harmonie avec une nature qui les nourrit et les protège. Votre technologie vous déshumanise, nous dit l’un d’eux.

Les maladies du futur

Ce que la technologie nous fait ou nous fera, Marianne nous en donne un aperçu. Docteur, j’ai mal à mon œil bionique. Avec l’homme augmenté, les pathologies vont également changer. Déjà, le fait de se pencher environ 50 fois par jour sur son smartphone provoque des douleurs au cou et aux épaules. Alors imaginez ce que donnera un court-circuit dans les puces implantées dans les tissus rétiniens pour améliorer la vue. Et l’on ne vous parle pas des troubles de l’intégration pour ceux qui sortiront de leurs caissons cryogéniques 120 ans après avoir été congelés.

 

Bien sûr, j’aurais pu vous parler des articles dans Le Parisien par exemple, sur les ennuis judiciaires de Nicolas Sarkozy ou sur les prises de position des candidats à la primaire. Mais l’article à lire sur la droite est dans Marianne : la droite la plus mal habillée du monde. Entre la volonté de faire peuple et le besoin de lisser son image, c’est, nous dit Valentin Goux, un festival de ringardise délibérée. Exemples : le commercial à gourmette. Son icône, Nicolas Sarkozy. Tenues à la limite du vulgaire pour marquer son envie de rupture avec l’élégance. Ne manquent plus que des cheveux mi-longs pour se reconvertir en vendeur de cigarettes électroniques. Et puis le tradi flippé, Laurent Wauquiez et son besoin d’authenticité. L’épouvantail à moineau, Hervé Mariton avec son penchant pour la couleur et ses costumes improbables. Valérie Pécresse, la prof de techno débordée. Christine Lagarde, la bourge pashmina. Surprise, au milieu de cette galerie : le psycho rigide de la cravate, Manuel Valls. Prisonnier d’un parti qu’il exècre, l’homme guindé, avec ses cravates ton sur ton, aurait cherché, comme les otages envoient des indices, à suggérer sa vraie personnalité aux Français. De toute façon, les costumes de de Gaulle sont trop grands pour eux, alors ils cherchent leur style.