Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
A la Une ce matin des victimes, des rescapés mais aussi des héros, des héros en Gilets Jaunes. Pas les Gilets Jaunes qui font ce matin la Une de Libération , du Figaro , ou du Courrier Picard et qui marchent au super. Non, les super héros du jour portent le gilet et l’uniforme jaunes des pompiers de Californie. Vous trouverez sur les réseaux sociaux les photos de leur combat contre l’incendie le plus ravageur qu’ait connu l’état de 1933. Leurs silhouettes se découpent devant des colonnes de feu et de fumée que l’on croirait sorties d’une superproduction hollywoodienne. Pompiers en action, pompiers endormis exténués de fatigue, pompier contemplant le désastre et ce cliché sur Twitter d’un soldat du feu sauvant un énorme chat. Pendant ce temps-là, Donald Trump tweete et polémique sur la mauvaise gestion forestière des démocrates en Californie au point de forcer le président de l’organisation des pompiers de l’État à lui répondre : "Les victimes des incendies en Californie ont besoin de soutien pas de récriminations et d'accusations, pas d’une attaque honteuse envers les hommes et femmes en première ligne". Il a raison le président des pompiers. Il y a dans l’actualité de ce jour trop de victimes et trop de vilains pour qu’on s’en prenne à des héros.
Et d’abord les victimes des attentats du 13 novembre.
Auxquelles de nombreux quotidiens rendent hommage ce matin. Il y a trois ans, l’horreur à Paris se souvient la Dépêche du Midi , "Terrorisme, la menace dormante" titre le Dauphiné Libéré alors que le Parisien-Aujourd’hui en France revient sur le destin de Stéphane Hache mort à 52 ans le 13 novembre 2015 . Stéphane n’était ni sur une terrasse, ni au concert du Bataclan ni au Stade de France précise le Parisien. Il était de passage à Paris dans un studio prêté ce soir-là par une amie au 16 passage Saint-Pierre Amelot, un studio dont la fenêtre donnait sur la sortie de secours du Bataclan. Stéphane a été retrouvé mort le lendemain abattu par une balle reçu dans le dos la veille. Il faudra plusieurs semaines pour que l’enquête confirme à sa mère que c’est une balle tirée par l’un des terroristes qui a tué son fils. Impossible en revanche de savoir si le tir était délibéré ou non. La maman de Stéphane fait partie des victimes nommées dans le dossier judiciaire des attentats dont le journal donne les chiffres . 130 morts, 489 blessés, 2.625 victimes directes ou indirectes de 42 nationalités différentes, 38.000 procès-verbaux, 85 millions d’euros sur les 300 millions d’indemnités évaluées et qui pourraient à la fin être versée aux victimes. Rien qui ne réparera la douleur, semble dire Pascal Coquis dans son édito des Dernières Nouvelles d’Alsace "Ce 13 novembre est l'occasion de se souvenir de toutes les victimes et de s'interroger sur ce que nos âmes écorchées peuvent encore endurer sans se perdre".
Marseille : il filme son logement, cinq minutes plus tard l’immeuble s’effondre.
L’immeuble du 65 de la rue d’Aubagne ou vivait Abdelghani, la Provence revient sur le récit incroyable de cet habitant alerté par des bruits inhabituel et qui pour prouver la dangerosité de l’immeuble où il vivait a réalisé une vidéo édifiante montrant des fissures et l’état catastrophique des logements . Une fois la vidéo terminée, Abdelghani quitte son domicile pour la montrer au syndic avant d’aller à son travail. Cinq minutes plus tard, l’immeuble s’effondre. Il y a dans l’actualité du jour des victimes, des rescapés mais également des héros, des héros du quotidien comme on les appelle. David Abiker pourrait ainsi vous parler des "gamers" de l’opération ZEVENT, passionnés de jeux vidéo qui ont récolté un million d’Euros ce week-end en jouant sur leur console au profit de Médecin sans frontières, nous raconte le Figaro . David Abiker pourrait également vous parler de ces employés municipaux qui font la Une du Midi Libre et qui ont passé les derniers jours à récolter des boulettes d’hydrocarbures sur les plages gardoises et héraultaises à la suite de la collision des deux bateaux le 6 octobre au large de la Corse . David Abiker pourrait aussi vous parler d’un héros moins ordinaire, Super Jean-Pierre, Jean-Pierre Pernaut, qui revient aux commandes du journal de la mi-journée sur TF1 après l’opération de son cancer de la prostate. Il a raison d’en parler au Parisien Aujourd’hui en France qui en fait sa Une. le cancer de la prostate c’est 70.000 nouveaux cas par an, novembre c’est le mois de la sensibilisation avec l’opération "Movember" sur les réseaux sociaux, alors tant mieux si la cause tiens avec Pernaut, un héros de plus.
Stan Lee est mort, Spider-Man orphelin
Enfin, la plupart des sites d’information saluent ce mardi matin la disparition à l’âge de 95 ans de Stan Lee, père de Spiderman, des Quatre Fantastiques, des X-Men, de l’incroyable Hulk ou des Avengers. Le Monde évoque le créateur du Panthéon des super héros et Le Point parle de géant . Dès les années 60, Il a proposé une alternative au trop parfait superman, au déprimant Batman, à l’inaccessible Wonder Woman. Avec Stan Lee n’importe qui est devenu un super héros à la faveur d’une mutation génétique, d’un pépin de laboratoire, d’une radiation atomique, bref d’un accident de la vie. N’importe qui mais d’abord les ados, des ados qui seront les X-Men, Spider-Man ou les Quatre Fantastiques. Des ados tiraillés entre ces grands pouvoirs qui impliquent de grandes responsabilités et leur vie de tous les jours. Stan Lee a fondé une mythologie avec des demi-dieux perchés sur des grattes ciels, la sous-culture est devenue culture et désormais c’est une industrie à laquelle tout Hollywood rend hommage ce matin. Stan Lee c’était le Walt Disney de la pop culture, et comme son héros Peter Parker ce matin beaucoup sont orphelins. Car comme le dit Libération, sur l’imaginaire de trois générations, "cet homme a régné" .