Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Sourires jaunes en photo dans Le Figaro
Ce mardi matin en dépit des apparences, la presse et Davis Abiker, nous avons du mal à mettre des mots sur ce que nous avons vu et entendu ce lundi soir dans la bouche du chef de l’État. David Abiker a même du mal à interpréter une photo de Jean-Paul Pélissier pour l’agence Reuters. Cette photo est dans le Figaro . Elle montre des "gilets jaunes" à la Ciotat sous une toile de tente devant une télé. Dans la télé, Emmanuel Macron parle, la mine grave et les "gilets jaunes" de la Ciotat, des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes le regardent en souriant. Il veut dire quoi ce sourire ? Les "gilets jaunes" sourient-ils parce que le président annonce des mesures qui les concernent ? Sourient-ils parce qu’ils se savent photographiés ? Sourient-ils parce qu’ils sont les seuls à savoir s’ils vont continuer ou pas le mouvement ? Rien ne dit si c’est un sourire de satisfaction ou de défiance, un sourire amer ou un sourire joyeux. En revanche, la photo révèle une chose, c’est que le face à face entre le président et ces citoyens en colère a bien eu lieu ce lundi soir les yeux dans yeux, mine tendue contre sourire. Ce sourire exprime peut-être le sentiment d’exister même si le chef de l’État n’a pas prononcé une seule fois ces deux mots : "gilets jaunes". Et se sentir exister dans la parole du chef même si on conteste le chef, c’est encore admettre qu’il y a un chef et qu’il peut encore quelque chose pour vous.
Chaque journal voit Macron à sa porte
Chaque journal a sa définition de ce qui a été dit hier. Pour le Figaro, ce qui a été annoncé ce lundi c’est un "nouveau contrat" . Pour le Télégramme ou le Berry Républicain c’est un tournant social. Pour le Courrier Picard, c’est "l’ouverture des vannes budgétaires ". Pour l’Ardennais, c’est "une main tendue ". Pour les Échos, ce sont des "réponses choc" . Pour la Croix, "des concessions" . Pour la Charente Libre, c’est "une tentative de réconciliation" . Quant au Midi Libre et à Libération ces annonces sont un "gilet", un "gilet de sauvetage" pour se sortir de cette mauvaise passe . Même l’Équipe titre ce matin sur le "baptême du feu" . Mais en fait ça ne concerne pas Macron ou les "gilets jaunes". C’est pour annoncer le match Étoile Rouge de Belgrade-Paris Saint-Germain. Dans tous les cas, chaque titre voit Macron à sa porte. On est en France.
Europe, agriculture, lycées : Macron et ses silences
C’est une autre façon d’essayer de comprendre ce qu’a dit le Président à travers ce qu’il n’a pas dit. La Voix du Nord s’y essaie avec deux exemples. "Le président a complètement zappé les lycéens", explique Willy à la Voix du Nord. "Il n’a pas dit un mot sur nous ! Alors que toutes les villes de France sont mobilisées", regrette Fanny en terminale. Rappelons tout de même aux lycéens qu’une minorité de lycées est bloquée par une minorité de lycéens. "J’aurais bien aimé une petite lorgnette agricole", regrette également l’agriculteur Olivier Fagoo, administrateur de la fédération nationale porcine. "Il a parlé des territoires et des entreprises mais pas un mot sur nous" . De quoi macron n’a-t-il pas parlé ou très peu ? Il suffit de regarder la Une de l’Humanité , "Pas touche aux riches". Autrement dit, Macron n’a pas dit que les riches mettraient la main à la porte. Autre silence ou quasi silence de Macron, l’Europe, son enfant chéri. Un tout petit mot sur l’Europe, note Guillaume tabard dans le Figaro, comme s’il mesurait que son rêve était le repoussoir du peuple qui l’a élu .
Si les boulons pouvaient parler
On est en comparution immédiate, devant la 23e chambre du tribunal de Grande instance de Paris. Le Figaro raconte l’audience d’un chômeur de 29 ans, originaire de l’Aude, Julien vit chez sa mère. Il est monté à Paris samedi pour la manif mais la Police a trouvé dans son sac un masque à gaz, cinquante boulons et une raquette de tennis . Alors évidemment, la justice le soupçonne d’avoir eu l’intention de passer à l’acte. "Mais Julien est tatillon", nous dit le Figaro. Interrogé par le magistrat sur la présence des boulons dans son sac Julien a répondu "Mes boulons, ils étaient juste là dans mon sac, ils faisaient rien". Mes boulons ils ne faisaient rien. On dirait un dialogue de cinéma, à moins que ce ne soit du pipeau ou de la flûte.