Natacha Polony, La Revue de presse 14.12.2015 1280x640 5:42
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La presse quotidienne revient évidemment ce lundi sur la défaite du Front national aux élections régionales.

Ce matin en Une de vos journaux les mots sont savamment choisis pour traduire une interprétation.
L’Humanité : un sursaut citoyen.
Libération : Soulagés, mais….
Le Figaro : La droite l’emporte, la gauche résiste, le FN en échec.
Les Echos : La forte mobilisation met le FN en échec.
L’Opinion : droite et gauche bloquent le Front National.
Mais finalement, c’est le titre de La Croix qui semble le plus lucide : la défaite pour tous.

 

Résultats électoraux

Le mot du jour comme au lendemain de chaque second tour, c’est plafond de verre. Bien sûr, certains l’assortissent des mots sursaut citoyen, barrage républicain, bloc du refus.
Mais dans La Croix, Guillaume Goubert choisit d’évoquer Munich et parle de lâche soulagement. "Si l’on ne se pose pas de sérieuses questions pour l’avenir, explique-t-il, ce n’est que partie remise". D’autant que l’analyse du scrutin nous raconte ces lendemains d’élections où chacun voit midi à sa porte.
Dans Le Figaro, on remarque que ce sont tout de même les têtes de liste les plus à droite qui ont remporté des succès, Wauquiez, Pécresse, Retailleau.
Dans Libération, on parle de camouflets pour Sarkozy et l’on fustige ces républicains qui ont remporté des régions en flirtant avec les idées frontistes. On en rajoute sur cette culture républicaine qui résiste, sur cette gauche qui bouge encore et l’on glose sur un éventuel élargissement de la majorité en vue de 2017. Sur quelle base économique et sociale : mystère.
Le Parisien explique que le sursaut de participation prouve à quel point les Français ne se détournent des urnes que parce que la campagne ou l’offre politique sont indignes, et non pas parce qu’ils ne se sentent pas citoyens. Quand il y a un enjeu, ils votent. En retour, nous dit Jean-Marie Montali, les élus devraient prendre leurs responsabilités en se réconciliant avec le peuple. Comment ? En prouvant que l’homme politique n’a pas disparu de ce pays, définitivement remplacé par le politicien à la vue basse et aux ambitions démesurées. En arrêtant de crier au loup lepéniste, en opposant à l‘extrême droite un véritable programme républicain qui se fasse entendre. On attend avec impatience les propositions.

COP 21

Dans la série des analyses étonnantes, le compte rendu des résultats de la COP 21 fait un peu lendemain d’élections.
Dans Libération, on loue le succès extraordinaire de la diplomatie française. Pensez donc, la Chine même ne tarit pas d’éloges à l’égard du chef de la diplomatie française, on en serait même à envisager le prix Nobel de la paix pour Laurent Fabius. Et puis on lit la liste des avancées, le décryptage précis : le seuil de 1,5 degrés est mentionné. C’est beau mais comme le précise Yannick Jadot, euro-député écologiste, "on a la ligne d’arrivée entre 1,5 et 2 degrés, mais pas le chemin pour y parvenir". On apprend aussi que le texte général contient des niveaux de contrainte différents selon les clauses, plus fort sur la transparence, très faible sur les objectifs de réduction eux-mêmes.  Bref, c’est la traduction de l’accord dans la législation de chaque état qui donnera vraiment le niveau de contraintes. Bien sûr, on le savait, la question des transports, avions et bateaux, n’a pas été abordée mais surtout les mots énergie fossile, pétrole, ou charbon n’apparaissent pas.
Comme le rappelle Libé, chaque minute, l’industrie des énergies fossiles perçoit 10 millions de dollars d’aides au niveau mondial. Soit 5300 milliards de dollars en 2015. Et comme le résume finalement Attac, l’accord de Paris refuse de s’attaquer à la machine à réchauffer la planète que constitue la globalisation économique et financière. Le texte souligne l’ONG consacre le recours au marché et au libre-échange piloté par les grosses entreprises. Alors oui, cet accord est un chef d’œuvre diplomatique.

Star Wars et la science

Quand notre planète sera définitivement massacrée, il sera temps de s’exporter ailleurs. On peut toujours rêver. Alors Sciences et vie s’est demandé si les beaux voyages inter galactiques de Star Wars ont quelque chose à voir avec la réalité. Vous apprendrez tout sur les projets de fusée à fusion nucléaire ou de fusée à anti matière, les micro algues capables de recycler l’oxygène tout en fournissant des protéines et surtout, vous ferez connaissance avec Kepler 453B, une planète à deux soleils qui pourraient ressembler à Tatooine, Kepler 452B, qui a entre 42 et 62 % de chance d’être rocheuse et qui pourrait même être habitable. De là à dresser des forêts et des cascades comme Naboo, c’est un peu acrobatique. Il y en a même qui pourrait ressembler à Mustafar, la planète volcanique ou à Kamino la planète océan. Mais c’est encore un peu loin.

Éduquer nos enfants

D’ici là, il vaut mieux se demander à quels enfants nous allons laisser la planète.  Et parmi les magazines qui parlent enfance et éducation, Doolittle est franchement excellent. Une enquête passionnante sur les adolescents fugueurs, ceux qui partent pour quelques heures ou quelques jours. Des histoires qui ne finissent pas toujours bien mais qui nous racontent la détresse et la solitude. Et puis un article sur l’éducation free range, ces parents qui décident de laisser toute l’autonomie possible à leurs enfants de 8 ans, de 10 ans. La possibilité, par exemple, de rentrer de l’école tout seul avec l’idée que s’ils ont un problème il se trouvera toujours un adulte secourable. Mais aux États-Unis, ça se finit le plus souvent au poste de police. Dans certains états, en dessous de 14 ans, un enfant ne peut pas rester seul à la maison ou dans une voiture. Encore moins dans la rue. De quoi fabriquer de futurs adultes totalement responsables et pas du tout peureux…

 

Doolittle répond même à quelques questions que se posent tous les parents. Celle-ci par exemple : peut-on virer un enfant de la balançoire pour y mettre le sien ? Vous savez, quand un affreux petit monstre monopolise la balançoire sans que ses parents n’interviennent et que le vôtre trépigne à côté. La violence n’est pas une solution. Prenez plutôt votre voix la plus mielleuse pour expliquer à l’importun que c’est chacun son tour. Et s’il ne s’incline pas le vôtre apprendra la patience. Et vous en profiterez pour lui expliquer le concept d’alternance démocratique. Mais là aussi, il y a des fois où ça ne marche pas.