Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
À la Une ce mardi matin, des premiers de cordées et une photo d’Emmanuel Macron et Carlos Ghosn venus à Maubeuge le 8 novembre dernier annoncer la création de 200 CDI l’an prochain et un investissement industriel de 450 millions d’Euro. C’est la photo d’un président et d’un premier de cordée qui, en contrepartie d’un salaire astronomique, joue son rôle au service de son pays. Mais depuis l’arrestation à Tokyo du patron de Renault Nissan, nombreux sont les éditorialistes à suggérer ce matin que Carlos Ghosn entraine dans sa chute la théorie du premier de cordée. Ils font même un lien entre cette affaire et le mouvement des "gilets jaunes". Pour Jean-Emmanuel Ducoin de l’Humanité, "Ghosn a beau être l’incarnation vivante de la caste des premiers de cordées, cette fraude fiscale aura des conséquences au pays de Macron" .Dans la Voix du Nord, Hervé Favre enfonce le clou "Alors que la crise des "gilets jaunes" alimente chez nous un débat sur le consentement à l’impôt, le mauvais exemple vient d’en haut" . À condition bien sûr que se confirment les faits dont le fisc japonais accuse Carlos Ghosn. David Abiker vous conseille ce mardi matin d’être attentif dans Le Figaro au rôle joué dans cette par Hiroto Saikawa, bras droit de Carlos Ghosn au Japon qui confiait hier à la presse : "Nous devons revoir la manière dont nous travaillons dans l’alliance avant de dénoncer la concentration des pouvoirs entre les mains de celui qui l’a nommé en 2016 et d’ajouter que ce rapport au pouvoir était le côté obscur de l’ère Carlos Ghosn". "L’affaire ne fait que commencer", prévient Sébastien Lacroix dans l’Union .
Les maires en ont ras l’écharpe
Les "gilets jaunes", les infirmières mais d’abord les maires en congrès aujourd’hui sur fond de colère, titre Ouest France , des élus fatigués comme jamais qui ont lancé sur internet le mot d’ordre #macommunejytiens. Ils en ont "ras l’écharpe", explique également le Parisien Aujourd’hui en France qui tire le portrait de Bernard Aubry, 68 ans, maire d’Harcourt dans l’Eure, une commune de 1.000 habitants. Il a été élu en octobre dernier car son prédécesseur a démissionné épuisé. Bernard Aubry fait la circulation en ce moment. Il oriente les poids lourds qui traversent son village pour qu’ils empruntent la déviation le temps de finir la rénovation d’une nouvelle route qui va coûter 150.000 euros. 150 000 euros quand l’État vous a retiré 15 millions d’euros de dotation en quatre ans, c’est beaucoup explique-t-il.
Les premiers de cordée des territoires
Ce sont eux les premiers de cordée du territoire mais eux ce n’est pas de l’argent qu’ils font ruisseler, c’est de l’utilité sociale. Exactement comme les 666.000 infirmiers et infirmières qui sont appelées aujourd’hui à se mobiliser devant les préfectures et dont le Midi libre énumère les raisons du ras-le-bol : sous-effectif, violences, management déficient et trop de patients. Les infirmières se sentent négligées par le plan santé mais elles ne sont pas les seules. L’Indépendant Catalan rappelle que Pôle Emploi et les Impôts sont en grève à Perpignan , Sud Ouest évoque le malaise des professions judiciaires alors que l’Assemblée examine depuis hier le projet de loi de réforme de la justice.
Pourquoi parler des maires, des infirmières, des agents de pôle emploi, des agents des impôts ou des professions de justice alors que les "gilets Jaunes" squattent les Unes de tous les journaux régionaux ? Parce qu’ils sont tous à leur façon des premiers de cordées à l’envers. Un premier de cordée n’est pas seulement quelqu’un qui gagne beaucoup, c’est un agent en première ligne sur le terrain du service public. David Abiker en parle également parce que ces agents de l’État sont le plus souvent payés avec quoi ? Avec nos impôts, ces mêmes impôts dont les "gilets jaunes" expliquent qu’ils sont confiscatoires. Peut-être mais quand les slogans deviennent démagogiques, quand ils pourfendent le fiscalisme sans évoquer la contrepartie en terme de services, alors ils oublient que ces taxes qu’ils détestent financent des prestations dont ils profitent.
"Premiers de cordée" c’est aussi sur France 3 !
Ça s’appelle "Premiers de cordée", c’est un jeu ou deux familles sont en compétition pour gravir un sommet. Le critique du Parisien-Aujourd’hui en France explique ce matin sur Internet qu’il n’a pas bien compris le sens de cette émission . C’est peut-être un des problèmes qui se pose aujourd’hui à cette métaphore du premier de cordée imaginée par le président pour vanter les mérites de la réussite économique. Non seulement on se demande si les derniers de cordées n’ont pas mérité parfois d’être les premiers mais on s’interroge qui plus est sur les règles qui permettent de gagner le sommet.