Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Ce matin dans la presse, il y a comme un air de confrontation, comme un vent de défiance. Il oppose la France d’en haut à celle d’en bas, la France des Villes à la périphérie. Édouard Philippe est attendu de pied ferme à Marseille, titre le journal La Provence, par les élus locaux qui n’en peuvent plus du mépris de la capitale. Vent de défiance également en Une du Figaro qui ressuscite le racisme anti-blanc avec le clip haineux du rappeur Nick Conrad "Pendez les blancs" . Défiance encore vis-à-vis d’Amazon et son patron Jeff Bezos c’est l’homme qui veut envahir nos vie, titre L’Obs. Ou encore défiance des parents casse-couilles contre les profs à la Une du Courrier de l’Ouest. Bref, ce matin dans la presse ça sent la poudre.
La journée de tous les dangers pour le Premier ministre.
Qui doit le plus redouter Édouard Philippe ? Les élus locaux qui l’attendent ce matin à Marseille et qui en ont ras le bol d’être pris pour des ploucs, comme le rappelle Christophe Hérigault dans la République du Centre ? Ou Laurent Wauquiez avec qu'il devra débattre ce soir dans l’Émission politique. Le vrai sujet c’est évidement la colère des élus locaux réunis ce matin à Marseille et devant lesquels le Premier Ministre devra convaincre qu’il n’est pas le Premier ministre d’un président des villes confronté au burn out des maires, à la crise des finances locales, à l’abandon des territoires ou à la réduction des services publics. Pour la Marseillaise et Françoise Verna, "ce congrès des Régions de France et son appel de Marseille illustre un profond malaise démocratique entre l’État et les territoires ". Pour Hervé Favre du Courrier Picard, ce sera l’occasion de vider son sac et dialoguer à condition de ne pas donner corps à cette fracture entre France d’en haut et France d’en bas . Un sujet qui fâche au hasard ? Le Figaro rappelle ce matin que le gouvernement veut augmenter le temps de travail des collectivités locales en supprimant les accords dérogatoires aux 35 heures. Rien qu’en les obligeant à appliquer les 35 heures, ce qui les arrangerait peut-être, on pourrait aider les mairies, départements et régions à supprimer 32.000 emplois. Autant vous dire que c’est compliqué, plus compliqué que l’Émission politique de ce soir qui opposera le Premier ministre à la Laurent Wauquiez. Le Figaro raconte entre ces deux hommes, l’histoire d’un grand mépris . "On n’a jamais été amis", confie Laurent Wauquiez. "Son cheminement le conduira jusqu’au cœur des ténèbres" prophétise Édouard Philippe. Ambiance.
Une autre défiance, celle qui monte vis-vis d’Amazon dont le fondateur Jeff Bezos fait la Une de L'Obs.
Et ce titre Comment Jeff Bezos a programmé Amazon pour envahir nos vies. L’hebdo revient sur le parcours de celui qui est passé en 23 ans du statut de libraire à celui de premier bazar en ligne du monde , producteur de cinéma, propriétaire du Washington Post et prétendant à la conquête de l’espace, celui qui fait trembler Darty, Fnac, Carrefour et consort. Le site Les jours consacre également une longue enquête en s’intéressant à l’internet de la voix . Sophian Fanen raconte comment il a laissé entrer le diable chez lui, posant l’enceinte intelligente dans son salon laquelle peut si on la laisse faire prendre le contrôle de nos données, de nos désirs et de nos dépenses. Alexa, il suffit de lui parler pour acheter. Acheter au hasard un album du rappeur Nick Conrad et dont le clip pendre les blancs déchaine nos journaux ce matin.
Diarrhée verbale, s’étrangle Maurice Bontick dans La Charente Libre .Jusqu’où iront certains pour sortir de l’anonymat, ironise Patrice Chabanet dans le Journal de la Haute-Marne . Tandis que dans Le Républicain Lorrain , Xavier Brouet dénonce la course au buzz. Mais le plus bel édito c’est peut-être celui des sites qui aiment vraiment le rap et qui optent ce matin pour le silence, un silence gêné pas sûr, un silence de mépris ou tout simplement le silence de ceux qui savent que chaque polémique sur le rap est devenu un prétexte pour cogner sans discernement sur un genre méconnu mais qui aujourd’hui influence le cinéma, la mode, et la culture de nos enfants et certainement pas pour le pire.
Les parents d’élèves casse-couilles font la Une du Courrier de L’Ouest.
La confrontation parent prof c’est aussi ça l’air du temps. "Vous pourriez acheter des coussins pour les chaises des élèves ? Vous pourriez vous arrêter les exercices incendies, ça les traumatise ?" Le courrier de l’Ouest décrit en s’appuyant sur le livre de deux professeurs des écoles intitulé Parents casse couilles . Ces parents inquiets, exigeants et emmerdants qui s’immiscent sans gêne dans le fonctionnement de l’école qu‘ils confondent avec le service réclamation d’Amazon. C’est drôle et consternant à la fois et l’on retiendra ces mots d’une directeur d’une école élémentaire : "Ne soyez pas des parents consommateurs d’école, soyez des parents coéducateurs".
Pour terminer un face à face qui fait du bien, une confrontation de monstre sacré, un face a face amoureux. Celui d’Anouk Aimé et Jean Louis Trintignant qui tournent en ce moment avec Claude Lellouch la suite d’un homme et une femme. L’équipe du film primé a Cannes il y 52 ans reprend du service à Deauville, le temps a passé, les acteurs et le metteur en scène ont vieilli mais l’émotion est intacte grâce à la chanson.