Natacha Polony, La Revue de presse 16.02.2016 1280x640 7:20
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La presse quotidienne revient ce mardi sur l'inquiétude autour de la crise agricole.

Ce matin en Une de vos journaux on s’inquiète sur le sort de l’agriculture française :
La Croix : des éleveurs en détresse.
Ouest France : la colère agricole ne faiblit pas.
Le Progrès de Fécamp : les agriculteurs à bout de nerf.

Et puis le 13 novembre est toujours dans les têtes.
Le Figaro : policiers, un métier qui attire de plus en plus de jeunes.
Et en Une de 20 minutes, c’est cette mère qui envisage de se rendre au concert des Eagles of Death Metal sur les traces de sa fille.

 

Syrie

La bataille qui se joue à Alep où le régime syrien est en passe de réduire la rébellion nous concerne directement.
C’est ce que nous dit Libération aujourd’hui : l’Europe et l’ONU meurent aussi à Alep. Entre l’exode des civils, l’aventurisme du président turc occupé à détruire les kurdes et les ambiguïtés d’un président américain sur le départ. Le Monde y ajoute une dimension : Syrie : l’Europe impuissante face à  Poutine.
Mais il faut lire surtout dans le Figaro le dialogue entre l’académicien et ancien ambassadeur Jean Christophe Rufin et le grand reporter Renaud Girard qui s’interrogent sur la diplomatie qu’il faudrait à la France. Une charge au vitriol contre Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et Laurent Fabius. Jean-Christophe Rufin est le plus sévère : "Laurent Fabius, dit-il, a péché par outrecuidance en exigeant de façon ridicule le départ d’Assad sans en avoir les moyens, en se montrant d’une intransigeance totale à l’endroit de l’Iran ou en adoptant une attitude autiste envers la Russie. Cette diplomatie morale dont Sarkozy était aussi l’adepte souffre de mégalomanie. Un exemple : dans la réforme Kouchner du quai d’Orsay, on avait créé une direction des biens publics mondiaux". Il regrette donc que la France, à travers la DGSE, ait poussé l’opposition syrienne vers une position intransigeante. Mais le front essentiel pour la France, dit-il, c’est la Libye et la seule guerre qu’il faut mener est contre la traite des êtres humains dans toute l’Afrique et en Méditerranée.

Laïcité

Le débat n’en finit pas. Cette fois, Libération publie une tribune de Patrick Kessel, président du comité laïcité République, qui met en cause, après Elisabeth Badinter, le concept d’islamophobie, mais aussi le vieux penchant de la droite pour une catho-laïcité inscrivant la religion catholique au cœur de l’identité nationale. La laïcité, dit-il, est l’art de conjuguer le singulier et l’universel. Sauf que ça se passe de moins en moins bien.
Le Figaro consacre une page aux incidents de plus en plus fréquents à l’hôpital. Des maris prêts à laisser mourir leur femme plutôt que d’autoriser un médecin homme à les examiner, une patiente chez qui on suspecte une tuberculose contagieuse mais qui refuse une radio des poumons même prise en charge par une radiologue femme, parce que le cliché pourrait être lu par des hommes qui percevront la forme de ses seins. Résultat : 8 jours pour la convaincre, huit jours d’hospitalisation aux frais de la Sécurité Sociale sans recevoir aucun soin. Les médecins évoquent des crispations du côté des patients comme des soignants, cristallisées par les réclamations d’organisations militantes comme le collectif contre l’islamophobie en France. Il y a aussi le cas de cet obstétricien catholique qui retarde le moment d’annoncer à une patiente qu’elle attend un enfant polyhandicapé pour qu’elle hésite à demander l’interruption médicale de grossesse. Et pourtant, il est des hôpitaux où l’on ne transige pas. A l’hôpital Robert Debré, dit un médecin, nous n’avons jamais cédé aux exigences loufoques. Alors qu’on avait très régulièrement des patientes en niqab on en a presque plus. Le signe que ça va mieux, se demande-t-il, ou bien qu’elles vont ailleurs ?

Le Moyen Orient éclairé

La revue Books consacre un article à un livre intitulé "Lire Darwin en arabe". Un ouvrage qui raconte comment, au tournant du 20ème siècle, de nombreux intellectuels musulmans ont utilisé la science occidentale pour repenser l’Islam. C’est un jeune religieux iranien passionné par la comète de Halley, c’est le mufti du Caire qui invite à une lecture allégorique du Coran. Une revue portait ces aspirations, Al-Muqtataf, tirée à 3.000 exemplaires mais que des groupes entiers, à Bagdad ou ailleurs, achetaient pour des lectures publiques. On y forge le néologisme darwiniya, darwinisme, mais qui signifie aussi curiosité intellectuelle, vision progressiste de la condition humaine. Un moment extraordinaire du libéralisme islamique qui ne demande qu’à renaitre de ses cendres.

Verdun

C’est un terrible anniversaire auquel nous convie la revue le 1 avec un hors-série consacré à la bataille de Verdun, devenue le symbole de la grande guerre. C’est Martin Schulz président du parlement européen dont le père né en 1912 se souvenait l’année de ses quatre ans des paroles de sa mère : "écoute le tonnerre. Il tire à Verdun". C’est un texte de Jean Giono mobilisé à l’âge de 19 ans et qui décrit dans Le grand troupeau le jour qui se lève sur les tranchées : "il y avait toujours une trève du petit matin, à l’heure où la terre sue sa fumée naturelle. La rosée brillait sur la capote des morts, le vent de l’aube, léger et vert, s’en allait droit devant lui. On entendait passer le silence avec son petit crépitement électrique". Il y a tout juste 100 ans. Et il faut relire ces textes pour se souvenir de ce que fut leur jeunesse.

Extinction des espèces

La revue Books consacre aussi une réflexion à la fameuse 6ème extinction que certains médias évoquent régulièrement. Un mythe nous dit l’article. Mais les Echos nous prouvent que ce mythe pourrait trouver une réalité dans les dernières manipulations de la génétique. Les scientifiques sont capables, aujourd’hui, de provoquer l’extinction d’une espèce, en l’occurrence les moustiques, en l’espace de deux ou trois ans. Histoire de nous préserver de la malaria ou de Zika. A, tout de même, il y en a quelques-uns qui se disent qu’il faudrait évaluer les risques. Ils préconisent la création d’une instance internationale comme le GIEC pour le climat.

 

 

Le Parisien consacre un article à un petit livre : 100 défis mortels à relever (ou pas). Un alsacien qui a lancé sa bicyclette à 333 km/heure grâce à un concentré de peroxyde d’hydrogène, et tous ces fous qui se sont lancés dans les chutes du Niagara. La première, une institutrice de 63 ans, en 1901 a survécu, enfermée dans un tonneau hermétique en bois. D’autres n’ont pas eu cette chance. Mais finalement, est-ce que c’est plus dangereux que médecin ou prof dans une société communautarisée et de plus en plus religieuse. Mais la rationalité et les Lumières, c’est un défi à relever.