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La presse quotidienne revient évidemment ce vendredi matin sur la disparition du vol Paris-Le Caire et sur les nombreuses hypothèses envisagées.

Ce matin en Une de vos journaux un sujet, un seul :
La Dépêche du Midi : Le vol MS 804 ne répond plus.
Libération : Silence radio.
Le Midi libre : Le Crash et l’ombre du terrorisme.
Le Parisien : Les vies brisées du vol EgyptAir.

Qui sont les casseurs ?

C’est la question du Parisien. Dans Libération, ils ont la parole. Et ce que l’on découvre, c’est la porosité revendiquée entre les manifestants et ceux qui s’attaquent à une vitrine ou à un policier. "Quand on voit des camarades se faire ouvrir le crâne à coups de matraque, justifie Emile, 20 ans, ça incite à répliquer. Je suis pour la pluralité des modes d’action, du pacifisme à la violence". Et cette jeune femme, le visage recouvert d’un foulard : « ça ne me choque pas qu’on foute le feu à une voiture : c’est un renversement partiel de ce qu’un manifestant peut subir. » Il y a bien ces membres du Parti de gauche qui traitent de crétins les lanceurs de pavés, mais une militante FSU tempère : "Comment ne pas avoir envie de tout casser quand on est jeune dans notre société ?" On lit ces phrases et juste après, ou ouvre les pages Débat du Figaro sur la Révolution culturelle, il y a 50 ans. Guillaume Perrault rappelle ce que fut le maoïsme en France dans les années 70. La violence, expliquait alors Benny Lévy, permet de "libérer l’imagination de la pensée des exploités". En 1969, Serge July et Alain Geismar publient Vers la guerre civile : "Contrairement au mercenaire, le militant révolutionnaire, au combat, n’est pas un sauvage. La manière dont il combat, dont il tue, est toujours raisonnée". En 1972, quand une jeune fille de 16 ans est retrouvée morte à Bruay-en-Artois et qu’un notaire est accusé, ils installent à Bruay un comité vérité-justice censé être l’aiguillon des masses populaires et appellent au meurtre contre le notaire, avec ces mots : "le crime de Bruay : il n’y a qu’un bourgeois pour avoir fait ça". Le notaire sera par la suite innocenté. Il y en a qui comprennent tout de suite qu’on peut unir le prestige de la révolte et les calculs de l’arrivisme. Etre ex-maoïste ou castriste, c’est un titre nobiliaire. C’est ce qu’expose l’auteur de la Lettre à un moderne Rastignac. Un certain Bernard Kouchner. Qui sait où seront nos jeunes manifestants dans 30 ans ?

Radicalisation

Il y a la Une de L’Opinion : radicalisation : les prisons désarmées, et cette note confidentielle de la DGSI alertant sur l’activité anormalement élevée de téléphones cellulaires relevée à Fleury-Mérogis le soir du 13 novembre. Quelques mois plus tard, les détenus applaudiront Salah Abdeslam à son arrivée. Et puis il y a la Une du Figaro Magazine : le parvis de la basilique de St-Denis avec deux jeunes filles en noir dont le foulard ne laisse paraître que le visage : Molenbeek-sur-Seine, l’islamisme au quotidien. A l’intérieur, les autres photos sont à l’avenant. Une fillette portant le foulard, des femmes violant ouvertement la loi sur le voile intégral et qui passent tranquillement rue de la République. Mais il faut lire surtout le récit de Siham : "A l’époque, j’étais bénévole au sein d’une association musulmane. Nous venions en aide aux démunis. Toutes les filles avec qui je travaillais étaient voilées. La femme est un trésor qu’il faut cacher du regard des hommes, me répétaient-elles sans arrêt. Dès que j’ai porté le voile, les regards ont changé. J’étais au-dessus du lot, considérée comme respectable." Aujourd’hui, elle a compris que ce fonctionnement en vase clos façonnait sa pensée et ses choix. Ici, les attentats ont choqué, mais les intégristes, dit un lycéen, "gangrènent les mosquées. On a là tous les ingrédients. Le terreau, la graine, il n’y a plus qu’à arroser et attendre".

Pouvoir de la voix

C’est le titre du livre d’un chirurgien ORL à qui L’Opinion donne la parole. Jean Abitbol nous raconte comment en 50 ans, la fréquence des voix féminines est tombée de trois ou quatre notes, comment, hommes ou femmes, nous sommes spontanément attirés par les voix à consonance grave, comment le micro a bouleversé les voix politiques en installant l’impératif de la connivence. Il parle aussi de ce phénomène induit par les imitateurs de talent : quand on entend un politique, il faut quelques secondes pour qu’il reprenne le pas sur son imitation. Nous, quand Ségolène Royal ou François Hollande viennent pour une interview, on entend Canteloup.

 

20 minutes reprend un article du Washington Post qui rend compte d’un phénomène nouveau à l’occasion des primaires américaines : les défunts qui laissent un message d’intention de vote dans leur nécrologie. C’est Trump qui arrive en tête chez les morts et il les remercie sur Twitter "Earnest devait être une personne incroyable". Chez nous, il leur arrive de voter. On verra à la primaire de la droite.

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