Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Loire-Atlantique bretonne : les élus demandent un référendum
Mardi matin, un mot fait la une, c’est pas du grec mais du latin. "Referendum" qui a l’origine veut dire : ce qui doit être rapporté. Rapporté comme une question qu’on demande au peuple de trancher. Rapporté comme ce que rapporte mardi matin le quotidien de nantais Presse Océan : le vote hier des élus de Loire-Atlantique contre le rattachement de leur département à la Bretagne. Un débat qui ne saurait être tranché que par référendum disent la majorité d’entre eux qui n’ont pas suivi la proposition de consultation de l’association Bretagne réunie et de 105.000 pétitionnaires.
Pourquoi ? Eh bien notamment parce qu’il sont échaudés par la consultation d’il y a deux ans au sujet de Notre-Dame-des-landes, consultation qui ne servit à rien. Ce que raconte Presse Océan, c’est un peu une synthèse des débats et difficultés soulevée par le référendum. Et cette question à la une du Midi Libre : Démocratie Directe jusqu'où aller. Souvenez-vous quand même, il y a un mois les Français se disputaient sur les taxes sur le carburant. 30 jours plus tard ils discutent révolution démocratique. Ils en ont fait des kilomètres les Français en un mois.
Le débat des éditorialistes ne fait que commencer sur le "référendum d'initiative citoyenne"
Le fameux RIC. Et c’est en train de partir dans tous les sens comme un vrai débat à la Française, c’est ce qui fait le charme des éditos ce matin. Prenez Yves Thréard dans Le Figaro , "le référendum d’initiative citoyenne peut être l’une des traductions d’une plus grande participation des citoyens, mais son exercice commande d'être sérieusement encadré, balisé". Dans balisé il y a balise. Et c’est vrai que lorsque le peuple s’en mêle ça fait un peu baliser ceux gouvernent…
Dans Les Echos, Cécile Cornudet entraperçoit cette peur présidentielle d’être dépassée par la revanche du bas, Emmanuel macron va devoir partager le pouvoir sans annihiler le sien, c’est l’enjeu de 2019. Dans La Voix du Nord, Hervé Favre ironise : quant à faire un référendum pour un oui pour un non on pourrait peut-être commencer par demander leur avis aux Français.
Intelligence collective ?
Dans Le Monde Dominique de Montvallon va plus loin. Pour lui cette demande de démocratie directe réclamée sur les ronds-points est une remise en cause des institutions faites pour protéger le Président et il cite le constitutionnaliste Dominique Rousseau : "les canaux de communication entre le peuple et le pouvoir sont bouchés". En fait comme le dit mardi matin l’Opinion , il y a 50 nuances de référendum et de consultation. Y compris dans les entreprises où le sujet de l’intelligence collective est très à la mode nous rappelle le magazine Forbes dans un papier mis en ligne il y a quelques jours… sauf que l’intelligence collective, il ne faut pas toujours compter dessus.
Un brexit : un second référendum ?
Exactement, c’est en une du Monde. L’idée d’un second référendum progresse en Grande-Bretagne. Au départ considérée comme farfelue elle progresse depuis que Jason Groves, chef du service politique du Daily Mail a écrit dimanche "L’un de des choses considérée comme impossible va devoir arriver". Revoter tant la situation politique anglaise semble inextricable. Elle progresse également parce que Teresa May est soupçonnée de tester l’idée d’un nouveau référendum en sous-main même si elle dit que non.
L’idée progresse parce que Tony Blair compare les deux ans et demi qui viennent de s’écouler depuis le référendum à des fiançailles qui peuvent être rompus. Mais même si l’idée se concrétisait, ce serait une machine à gaz à organiser conclut Le Monde et rappelons-le une viol du vote des citoyens. Et puis n’oublions pas qu’un référendum détourné de la question ça reste toujours un jeu dangereux. Souvenez-vous… c’était il y a 50 ans, un 25 avril 1969.
Souvenez-vous : De Gaulle et la modernisation démocratique… un flop
Le général de Gaulle parle aux Français à la télévision pour la dernière fois. Il leur propose de voter oui au référendum sur sa réforme sur la régionalisation et de la participation, de moderniser les courroies de transmission du pouvoir, il leur propose même de fusionner le vieux Sénat et l’inutile conseil économique et social, pourquoi faire ? Pour moderniser la vie démocratique, leur donner du pouvoir. Que font les Français en avril 1969 conseillés par deux très beaux représentants des élites - un avocat qui s’appelle Mitterrand et un énarque ministre des finances qui s’appelle Giscard ? Eh bien les Français vont voter non. Et de Gaulle partira. De Gaulle disait que les Français sont ingouvernables. Et ce même quand leur pose la question.