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Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.

La République en soutien de ses citoyens de confession juive. La Dépêche du Midi parle "d’Union sacrée contre la haine", le Midi Libre réaffirme que nous sommes "Tous Français" alors que les Dernières Nouvelles d’Alsace ou le Parisien-Aujourd’hui en France évoquent le "Sursaut républicain". Pour le Figaro, "la France dit non". Des grands titres donc mais aussi de bien grand mots pour soigner un bien grand mal. Car il suffit d’ouvrir l’Est Républicain pour constater le désarroi des Alsaciens après le taggage des 96 tombes du cimetière juif de Quatzenheim, l’Alsace abonnée aux profanations de tombes juives et cette phrase de Maurice Dahan président du consistoire israélite du Bas-Rhin: "secousse après secousse, je ne sais pas combien de temps on va pouvoir tenir". Il suffit d’ouvrir le Figaro et d’y lire Pascal Brukner ou l’Express pour s’apercevoir que derrière la belle unité de façade, la guerre est ouverte entre ceux qui accusent la gauche de la gauche de jouer les idiots utiles de l’antisémitisme et cette même gauche qui refuse l’islamophobie rampante qu’elle devine derrière ces accusations. Dès lors, la mise en détention provisoire d’Alexandre Benalla prend des allures de péripétie et la mort de Karl Lagerfeld offre à l’actualité la légèreté dont nous avons tous besoin.

Lagerfeld, l’homme sans date de naissance

Toute la presse rend hommage ce matin au Kaizer, à la légende, au géant ou à l’icône. Même si ni vous ni mois ne serions capable de reconnaître un vêtement signé Lagerfeld, la figure et le look du plus français des couturiers allemands est partout dans la presse ce matin. Et ce qui se dégage de tous ces portraits, c’est peut-être le rapport au temps de Lagerfeld. Avec son look inamovible, avec sa passion de la modernité comme le souligne le Figaro, le styliste s’était débrouillé pour tourner le dos à son passé et surtout à sa date de naissance. 1933 ou 1938 ? se demande Libération, Lagerfeld entretenait le flou, sur sa taille, son poids et son âge nous dit le Figaro, un homme sans date de naissance revendiquée ce qui lui permettait d’embrasser le présent. Une coquetterie mais peut-être aussi une méthode de travail. Et dans le Philosophie Magazine de ce mois, il est question de la mémoire, on peut y lire une citation du philosophe allemand Friedrich Nietzsche "L’oubli est la condition de la vie". Ça résume assez bien le rapport de Lagerfeld à son passé. Autrement dit "c’est demain qui compte". Ce qui nous amène directement à l’espérance de vie des Français.

L’espérance de vie des Français plafonne

Si vous êtes une femme, vous vivrez jusqu’à l’âge officiel de Karl Lagerfeld (85 ans) mais si vous êtes un homme ce sera en moyenne 79 ans. Cette espérance de vie plafonne depuis quatre ans, nous explique le Monde sur la base des chiffres que vient de publier l’Insee et le phénomène est mondial. Comment l’expliquer ? Il y a d’abord les grandes épidémies comme la grippe, il y aussi les femmes qui sont désormais en aussi mauvaise santé que les hommes parce qu’elles fument et boivent. Enfin, il y a l’environnement, les conditions de vie et la montée des inégalités. Pour le biologiste Anglais, Aubrey de Grey, dont Philosophie magazine tire le portrait, il ne faut pas se concentrer sur le vieillissement mais sur la réparation du corps, comme une voiture. Quand une des pièces du corps fatigue, il faut la remplacer d’où son idée de maintenance cellulaire dès le plus jeune âge pour augmenter l’espérance de vie. Et il cite l’écrivain Philip Roth "la vieillesse n’est pas une bataille, c’est un massacre". Celle-là aussi Karl Lagerfeld aurait pu la faire. Reste que la génétique est au pied du mur, explique ce matin le Figaro. Les tests ADN permettant d’allonger la durée de la vie et de prévenir les cancers du sein et des ovaires qui se multiplient, la demande est forte mais derrière, aura-t-on les moyens de suivre et de fournir les traitements adaptés ? C’est toute la chaîne médicale et de soin qui va devoir s’adapter à notre demande de jeunesse éternelle.

Mariage sponsorisé

Pour terminer, on jettera un œil au Parisien en ligne qui publie des photos des plus belles robes de mariée dessinée par Lagerfeld ce qui devrait intéresser Vanessa qui fait la Une de l’Écho de L’Armor et de l’Argoat. Vanessa se marie le 4 mai prochain à Guingamp et comme elle est fauchée, elle a décidé de faire sponsoriser son mariage ce qui lui a permis de baisser le budget de son mariage de 12.000 à 8.000 euros. Elle a passé des coups de fil à des centaines de fournisseurs du traiteur au fleuriste en passant par la coiffeuse. En contrepartie, le jour du mariage, il y aura une table consacrée aux sponsors. Quant à la robe de marié, elle sera loué, l’occasion de méditer cette citation de Karl Lagerfeld "En général je ne recommande pas les robes de mariés, il y a trop de divorce après".