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La presse quotidienne revient évidemment ce vendredi sur le premier débat de la primaire de la droite et du centre.

Ce matin en Une de vos journaux on a regardé la télévision hier soir.
Le Figaro : Un débat à fleurets mouchetés.

Autant dire qu’il ne s’est pas passé grand-chose. Mais comme il faut bien mettre un peu en scène,
Aujourd’hui en France nous propose les notes des candidats, comme l’Equipe après un match de foot. Et, ô surprise, c’est Alain Juppé qui arrive en tête. Pourtant, juré, ils n’avaient pas écrit le papier à l’avance.

Sinon, Libération, qui boucle tôt, préfère célébrer la poésie et Bob Dylan.

Mon accord au Canada

Ils n’en ont pas parlé hier soir, mais les candidats de droite, comme ceux de gauche, ont compris que les Français étaient contre le Tafta, le traité de libre échange avec les États-Unis. Sauf que, dans la plus grande discrétion, tout le monde s’arrange pour que soit ratifié son jumeau, le Traité de libre-échange avec le Canada. Seul l’Humanité s’y intéresse et nous explique que le niveau d’opacité est le même. Seules 24% des appellations d’origine contrôlées et 6% des indications géographiques protégées seront reconnues. En revanche, les grands semenciers pourront attaquer un agriculteur soupçonné de détenir des semences d’une variété protégée par des droits de propriété intellectuelle. Et puis, le traité prévoit l’importation nouvelle de 120.000 tonnes de viande bovine et porcine par an en Europe. Tout cela dans l’indifférence générale. Il est vrai que lors du débat d’hier soir, le mot agriculture n’a été prononcé qu’une fois, par Jean-Frédéric Poisson. Il y a bien José Bové pour combattre ce traité. Le Monde nous raconte comment il a été refoulé à la douane canadienne en raison de son lourd passé judiciaire de faucheur d’OGM. Lui s’en amuse : c’est la seule occasion pour que la presse veuille bien parler de son combat contre le CETA. Il faut dire que la presse française préfère en général vanter la merveilleuse modernité du Premier ministre canadien Justin Trudeau. Pour une fois, Libération fait exception et évoque l’envers du décor. Derrière les envolées lyriques à la Cop 21, le maintien d’un projet de pipeline pour poursuivre l’extraction des sables bitumeux d’Alberta, la réduction des objectifs en matière d’aide aux communautés amer-indiennes. Mais Libération se garde de critiquer le multiculturalisme sympa d’un Premier ministre qui adore s’afficher en compagne d’associations islamistes intégristes. Mais cela n’empêchera pas nos parlementaires de signer un traité de libre-échange.

Commerce de proximité

Ce sujet-là non plus ne fut pas abordé hier soir. Le Monde consacre une page à Guéret, préfecture de la Creuse. 13.800 habitants. Le premier employeur est l’hôpital, le 2ème, le Conseil départemental. Et le taux de vacance commerciale en centre-ville dépasse les 15%. Traduction, des rues désertes, des vitrines abandonnées, barrées de panneau "À louer". Bien sûr, on trouve des boutiques. Dans la galerie marchande ouverte il y a 4 ans à côté de l’hypermarché Leclerc. Et puis quelques magasins autour du Carrefour. Et puis il y a la nouvelle zone commerciale qui va se construire. Le maire trouve cela formidable. Il y a d’ailleurs un joli panneau à l’entrée du chantier : ici, la ville investit pour votre avenir. Alors, des habitants s’organisent, tentent de créer des lieux alternatifs, à la fois bar, centre de connexion wifi et radio associative. En 1995, Guéret se battait contre le retrait des services publics en zone rurale. C’était il y a 20 ans. Quel politique s’en est soucié ?

Revue olfactive

Ça n’est pas très radiophonique. Mais la revue Nez est entièrement consacrée à ce sens extraordinaire et trop peu exploré, l’odorat. Promenade olfactive d’un parfumeur dans le métro, réflexion sur la puanteur qui ne nous dérange que quand c’est celle des autres, rappel de deux historiens sur l’évolution de notre rapport aux odeurs : au 19e siècle, se distinguer des classes populaires c’est se protéger des odeurs d’humidité caractéristiques de la pauvreté. Et puis il y a les associations spontanées. L’odeur de frais, en France c’est une odeur florale, aux États-Unis, c’est le citron, et au Brésil, le fenouil. Et vous trouverez dans la revue une petite carte avec des pastilles d’odeurs et cette phrase : vous pensiez être sevré ? Les odeurs : lait de toilette, crâne de bébé, et même renvoi de lait.

 

20 minutes nous l’annonce, l’ONU nomme une nouvelle ambassadrice pour l’émancipation des femmes et des filles : Wonder Woman. On n’est pas sûr que ce soit un hommage à l’efficacité des politiques. Nous en 2017, on pourrait élire Super Dupont. De toute façon, pour la dignité, on ne risque pas de tomber plus bas.