Natacha Polony, La Revue de presse 01.12.2015 1280x640 2:52
  • Copié

La presse quotidienne revient évidemment encore largement ce matin sur l'ouverture de la COP21 mais également sur Daech qui gagne du terrain.

Ce matin en Une de vos journaux :
La COP21 domine encore.
Mais au milieu des photos de groupes avec sourires et bonnes intentions, un autre titre se détache. Il est en Une du Figaro : Daech s’enracine en Libye à 500 kms de l’Europe.

Au milieu des articles sur le jeu trouble de la Turquie et son chantage aux migrants, il est bon de se rappeler ce qui se passe au sud de la Méditerranée. Parce qu’à deux pas des champs de pétrole libyens, l’État Islamique s’est implanté à Syrte en jouant des rivalités entre les deux factions qui revendiquent la légitimité d’un état en déliquescence.
Maryline Dumas nous décrit les femmes obligées de porter le voile intégral et de sortir accompagnées d’un homme de leur famille, les crucifixions, les bonbons distribués aux enfants au lendemain du 13 novembre, les risques de déstabilisation de la Tunisie voisine et les recrutements dans les mosquées de Tripoli.
La destruction de la Libye après une intervention approuvée par la droite et la gauche française a offert à l’État Islamique un territoire de près de 200 kms de côtes avec un port, un aéroport et une centrale électrique, en attendant que le reste du pays ne tombe.
Cet article offre un étrange écho à la formidable tribune d’un écrivain américain dans le Monde. Paul Berman évoque les discours des sciences humaines sur le djihadisme, les économistes qui voient les causes dans la pauvreté, les géographes qui les trouvent dans le dérèglement climatique, les sociologues dans les discriminations  et l’islamophobie, les géopoliticiens dans les occupations militaires de puissances étrangères.
Les poètes antiques, dit-il, ne cherchaient pas les causes profondes de la rage meurtrière parce que cette recherche aboutit à dire que finalement nous en serions la cause et à nous enlever l’envie de résister. Mais en Libye, tout de même, sans aller chercher une autre cause profonde que l’idéologie intégriste délirante, il y a aussi une cause plus immédiate : la destruction d’un état par une intervention aventureuse.