Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Ce vendredi dans la presse, trois Unes qui se répondent comme si les rédactions s’était passées le mot. Le Parisien Aujourd’hui en France nous parle de la sexualité libérée des Français , La Croix se demande comment relancer la natalité et Libération s’inquiète de ces médecins qui en conscience refusent de pratiquer l’IVG. Sexe, natalité et IVG, on sent que le week-end est là pour se distraire, se reproduire ou réfléchir. Mais les Unes qui font mouche, ce sont peut-être celles du Point qui titre tout simplement Les Sagouins . Dégradation, insultes, urineurs, le règne des incivilités. Ou celle de Marianne sur ces professions qui en prennent plein la gueule pompiers, policiers, profs. Il n’y a pas de doute, les sagouins sont de retour.
On commence avec la prestation du Premier ministre ce jeudi dans L’Émission politique.
Pour le Figaro, le Premier ministre est descendu dans l’arène pour faire le job. Mais dans Sud Ouest, Bruno Dive a une analyse intéressante en comparant la communication déréglée d’Emmanuel Macron ces dernières semaines à celle plus constante de son Premier ministre . La journée d’hier l’a démontré, dit-il, le maillon faible du couple exécutif ce n’est pas Édouard Philippe mais le président depuis l’affaire Benalla et l’éditorialiste de pointer ce dérèglement des institutions où c’est le président qui prend les coups et non plus le Premier ministre. Comme si celui-ci avait un garde du corps nommé Macron. Macron garde du corps de Philippe, c’est le monde à l’envers. Alors que retenir de L’Émission politique de ce jeudi ? Plein de choses mais David Abiker a choisi cet échange entre Laurent Wauquiez et Édouard Philippe : "Vous avez un problème avec la vérité M. Wauquiez", "Vous avez un problème avec la réalité M. Philippe".
Les sites de presse disent ce vendredi matin que c’est le moment de tension de l’émission ! Non, c’est un moment de vérité bien réel qui pose la question centrale de la vérité des politiques face aux réalités que vivent les Français. Ça pourrait même faire un sujet de philo du genre "la vérité est-elle nécessairement une réalité ?" Vous avez quatre heures...
Quatre heures pour lire le Point par exemple ?
Le Point qui fait sa Une sur les Sagouins avec cette formule philosophique "Je casse donc je suis". Les violences gratuites, le vandalisme, ces gens qui jettent leurs ordures n’importe où, qui détruisent les biens publics, abandonnent leurs ordures, font pisser leurs chien n’importe ou urinent eux-mêmes. Sans gêne et gênants, les Sagouins. Le Point décrit ces comportements pénibles mais rarement sanctionnés . En fait, ce n’est pas de la grande délinquance mais de la désinvolture morale dans la rue, dans les gares, aux guichets des banques, des services publics, dans les cabinets des médecins où les patients et les clients se prennent pour des petits seigneurs. "Nous sommes entrés dans un monde où les gens sont destinés à très mal se supporter les uns les autres", constate le philosophe Marcel Gauchet. Deux chiffres, les actes d’incivilités signalés par les employés des caisses d’allocations familiales ont augmenté de 40% en 2017 par rapport à 2016 et de 62% en 15 ans dans les cabinets médicaux. Si on voit bien ce qu’est l’incivilité alors que serait la civilité, interroge le Point. Eh bien, "la Civilité c’est la reconnaissance du corps de l’autre envers lequel je manifeste des égards", explique Claude Habib, spécialiste de la littérature du XVIIIe. Voilà qui met de l’eau au moulin de Marianne qui s’appuie sur l’affaire de la gifle et du chauffeur de bus pour faire sa Une sur ces professions qui s’en prennent plein la gueule : profs pompiers, infirmiers ou policiers. Ils subissent l’égoïsme, la violence, l’abandon de l’État. Revenons sur l’échange entre Wauquiez et Philippe sur la vérité qui s’oppose au réel. Est-ce parce que les incivilités sont une suite de petites réalités qu’il serait une vérité d’affirmer que les Français sont des sagouins ? Là encore, vous avez quatre heures pour faire la dissert ou regarder une série.
Netflix, la plateforme de cinéma ou de série en ligne dont la jeune génération est raide dingue. Le magazine Society se demande quel peut-être l’impact de Netflix sur la vie conjugale et amoureuse quand on regarde trop de séries. Témoignages de Léo, en couple "Tous les soirs c’est pareil, on se fait à manger et on se met devant la télé, je crois que l’on pourrait très bien ne plus faire l’amour". Vous rendez-vous compte ? Sur la page d’avant, il y a un dessin que David Abiker a twitté, un dessin très rigolo de Jules Le Barazer, une femme enceinte et son compagnon, elle passe une échographie et sur l’écran que voit-on non pas un embryon, un fœtus ou un bébé mais le logo de Netflix. De quoi inquiéter La Croix qui ce matin fait sa Une sur cette France qui ne fait pas assez de bébé tandis que Capital le Magazine fait la sienne sur le coût des enfants. Et oui, les enfants c’est un budget plus élevé qu’un abonnement à Netflix. Alors que faire ? Regarder des séries, faire des enfants pour la France ou faire des économies ? Il y en a qui n’a pas choisi, Michel Polnareff avec "J’aimerai seulement faire l’amour avec toi".