La presse quotidienne revient ce mardi sur les adieux de Barack Obama aux États-Unis.
Ce matin en Une de vos journaux la bagarre continue :
Le Monde : Primaire à gauche, les candidats bataillent sur le travail et le pouvoir d’achat.
Et Libération a invité Arnaud Montebourg, qui expose sa vision du monde et juge que ses idées sont aujourd’hui dominantes.
Mais les regards sont essentiellement tournés vers les États-Unis.
Le Figaro : Obama, des adieux au goût amer.
L’Opinion : Comment Obama prépare la relève.
Bilan d’Obama
C’est finalement le dessin de Kak dans L’Opinion qui résume le mieux : Barack Obama tout sourire sur une plage, sa pelle à la main, qui fait un selfie avec en arrière-plan un magnifique château de sable. Dessus : Obama Care, COP 21 et accord iranien. Mais sur la photo, un gamin en slip de bain rouge, une tignasse jaune paille, saute furieusement sur le château de sable. Dans Libération, un article résume les débats qui agitent aujourd’hui l’Amérique. Entre ceux qui se disent que l’élection de Trump est le prix à payer pour celle du premier président noir, comme un retour de bâton, et ceux qui pensent que les progressistes démocrates ont oublié les laissés pour compte de la mondialisation, trop occupés à s’adresser à des minorités catégorielles. Ce débat-là pourrait bien traverser l’Atlantique.
Le monde merveilleux de la Silicon Valley
Mais l’article à lire dans Libération, c’est le reportage à Palo Alto, au cœur de la Silicon Valley, dans le temple du transhumanisme et des technologies radieuses. Fabien Benoit décrit un séminaire entre chefs d’entreprise, représentants d’ONG et autres consultants, ticket d’entrée à 38.000 euros, dispensé par l’Université de la singularité, le think tank financé par les géants du numérique. Le discours est idyllique : les nouvelles technologies vont révolutionner le monde, il faut être disruptif, renverser la table, défier la mort. Mais la conclusion de Peter Diamandis donne la clé de ce joli discours : "Je suis très inquiet. Un jour, les leaders politiques vont se réveiller et ce sera trop tard. Il faut les devancer. Je crois bien plus au pouvoir des entrepreneurs qu’à celui des hommes politiques, et même de la politique tout court". Alors, le choix des citoyens, des électeurs, c’est visiblement le cadet de ses soucis.
Sylviane Agacinski
Le Figaro lui consacre une page d’entretien. Très loin des utopies progressistes de la Silicon Valley. La philosophe poursuit son combat contre la gestation pour autrui, et réfute l’idée d’une GPA éthique : "L’adjectif éthique sert souvent, hélas, à signifier qu’on veut limiter les dégâts d’une pratique injuste". Elle critique ce droit à l’enfant qui exprime le rêve de mettre la puissance technologique à la portée de tous, sans se soucier des conséquences. Enfin, elle défend la structure de la filiation fondée sur la génération sexuée. "Faire comme si les parents étaient sexuellement indifférents, c’est dénier les conditions réelles de la naissance, qui reste tributaire des deux sexes. C’est risquer que l’enfant ne soit plus confronté à sa propre différenciation sexuelle et donc à ses propres limites". Et puis, à côté de ces formes modernes d’aliénation, elle s’inquiète de voir ressurgir des aliénations archaïques fondées sur la ségrégation des femmes. Loin des utopies libertaires du transhumanisme, une pensée qui affronte le réel.
Éloge du champignon de Paris
Vous aviez vanté, Thomas, le dossier du magazine 75 sur Jacques Chirac. Moi, je conseille deux articles. Celui sur les Apaches, ces racailles de la belle époque qui inquiétaient la police et baptisaient leurs bandes "Les costauds de Belleville" ou "Les monte-en-l’air des Batignolles" et celui sur le champignon de Paris. Parce qu’il ne reste que 5 producteurs en Ile de France. L’urbanisation a chassé le champignon des carrières et des catacombes où il prenait son goût subtil. Aujourd’hui, la production se fait à bas coût en Pologne, dans des serres avec pédiluve. "Si on ne forme personne, ce métier se meurt", regrette Angel Moioli, dernier des Mohicans. Et pourtant, des champignons de Paris produits en France, coupés en gros cubes, deux ou trois œufs bio pour faire une omelette, vous avez un festin qui ne coûte rien.
Vous trouverez la photo dans 20 Minutes. Un énorme ballon en forme de poulet. Parce qu’en Chine, c’est l’année du coq. Sauf que celui-là a un air vaguement familier avec sa mèche jaune et ses petits bras qui s’agitent. Le Coq Trump gonflable, inventé par un entrepreneur chinois, fait un malheur. Vous pouvez le commander sur internet pour 73 euros ou 1.963 euros si vous choisissez le grand modèle, 10 mètres. C’est beau comme une sculpture de Murakami, mais pour moins cher. Et vous aurez un résumé des bouleversements géopolitiques : un président américain qui inquiète la Chine, et la Chine qui en fait un commerce en ligne.