Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Ce matin, c’est un hashtag qui fait la Une après le drame de la rue d’Aubagne à Marseille, #balancetontaudis. En clair, si tu es mal logé, si tu es une victime de l’habitat indigne raconte sur le réseau social les murs qui se fissurent, l’eau qui s’infiltre, le plancher troué et le proprio qui s’en fout. #balancetontaudis c’est la Une du journal la Marseillaise pour dire la colère des Marseillais face à une ville qui n’a pas agi avant et dont le maire a mal réagi après . Jean-Claude Gaudin que Pierre de Vilno recevait à 7h45 est "À la rue", titre Libération . #balancetontaudis c’est une révolte contre le mal logement mais c’est aussi une méthode. Rassembler sur Twitter les mécontents, organiser sur internet le rassemblement des colères, des revendications. Souvenez-vous des femmes de #Balancetonporc, rappelez-vous des enseignants de #pasdevague et redoutez le mouvement #giletsjaunes. La colère enjambe désormais les syndicats, les corps intermédiaires et les barrières de sécurité. Emmanuel Macron en sait quelque chose car désormais ça balance et pas seulement sur Twitter.
L’itinérance mémorielle, le parcours du combattant et les braillards
Une colère qui s’exprime tout au long du parcours mémoriel du président qui s’achève ce vendredi et dont les éditorialistes font le bilan. "Que diable allait faire le président dans cette galère, dans cette indiscernable itinérance mémorielle", se désole Vincent Tremolet de Villers du Figaro . Pour lui, le président est victime de de la compulsion numérique, de l’esprit de meute des réseaux sociaux, de la boulimie de notre société d’information et de la tyrannie de l’immédiat. "L’itinérance mémorielle s’est transformée au choix en chemin de croix" dans Sud Ouest . En "parcours du combattant" dans le Républicain Lorrain . Mais dans Nice Matin, Thierry Prudhon parle d’un président qui n’a pas échappé aux contingences braillardes. Braillardes ? Un mot intéressant. À quels braillards pense-t-il Thierry Proudhon ? Au Gilet jaune qui interpelle sans filtre le président sur le prix de l’essence ? À cet ancien combattant qui en pleine cérémonie lui parle de flux migratoire ? À ce syndicaliste de Sud à l’usine Renault qui se retrouve au 20h quand il ne représente parmi ses collègues que lui-même ou presque ? Faut-il que chaque Français qui balance son exaspération, sa vidéo ou son engueulade au président fasse les gros titres ? Il est heureux de ce contact franc et direct Emmanuel Macron, il l’a dit hier tout sourire. Mais on a du mal à le croire.
Ailleurs dans la presse, des femmes balancent.
À la Une des Échos, Christine Lagarde patronne du Fonds monétaire internationale balance sur les élites . Pour l’ancienne ministre des Finances, les élites n’ont pas conscience de ce qui se passe. On se demande si c’est le FMI qui se moque de la charité, si le conseil s’adresse à Emmanuel Macron, aux banquiers qui gèrent le monde ou aux chefs d’État qui seront à Paris demain pour les cérémonies du 11 novembre. Tous pourraient s’inspirer des abeilles. Libération nous explique ce matin que leurs capacités cognitives sont attaquées par les pesticides . Résultat le butinage des abeilles est perturbé et c’est tout une colonie qui est perturbé . Tiens tiens. Quand l’abeille ne butine plus, c’est tout le collectif qui souffre. Ce serait pas une bonne métaphore sur le progrès à méditer par les grands de ce monde ? Une autre femme balance dans Les Échos, c’est Jessica Powell ancienne vice-présidente de Google . Elle vient de mettre en ligne un livre intitulé la "Grande disruption" ou elle se paie le système Google dans un roman ou la multinationale est rebaptisée "Anahata ". Mais quand elle se paie son dirigeant mégalo, rêvant de voyage sur la lune, de voiture sans chauffeur et pratiquant le yoga on sait qu’elle vise Google, la Silicone Valley, ses patrons mégalos et leur discours philanthropiques creux, leur ciblage publicitaire pointu quand il faut vendre, inefficace quand il faut repérer la violence en réseau. L’ex de google dénonce aussi la monoculture ultramasculine de la silicone Valley. On lira aussi le portrait coloré et détendu dans Libération de Sandra Muller, celle qui il y a un an inventa le hashtag #Balancetonporc . On lira enfin sur Facebook, la tribune d’un homme qui cette semaine s’est tenu en retrait du tapage médiatique. Il ne balance pas, il dénonce et s’inquiète 80 ans après la nuit de cristal de la recrudescence des actes antisémites en progression de 69% sur les neuf premier mois de l’année 2018. Pour le Premier ministre, chaque agression contre nos concitoyens parce qu’il sont juifs résonne comme un nouveau bris de cristal, s’alarme Édouard Philippe.
On terminera avec Jean, Pierre, Louis, Joseph et François qui sont les prénoms les plus courants de ceux qui sont tombés au combat entre 1914-1918. Le Parisien Aujourd’hui en France a eu l’idée de dénombrer les prénoms sur les monuments aux morts une façon de comprendre l’histoire de manière touchante et inattendue . Il y a donc des Jean et des Pierre mais aussi des Vincent et des Frédéric dans ce triste top 50 et pas mal de Claudius également, un prénom souvent donné au début du siècle. On trouve aussi des femmes, beaucoup de Marie, de Jeanne, de Louise, de Marguerite, des infirmières le plus souvent. Et puis ajoute le Parisien, il y a de nombreux Mohamed, avec un seul ou deux m, des Ben Mohammed avec un seul ou deux "M ". Si on les réunit, ils sont plus nombreux que les Matthieu ou les Martin.