Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Les dernières Nouvelles d’Alsace privée de parution
Tous les journaux ce mercredi matin mettent l’attentat de Strasbourg à la Une. L’Alsace , "Fusillade mortelle à Strasbourg", Le Figaro "La France à nouveau frappée par le terrorisme" ou encore L’Est Éclair "Strasbourg le marché de Noël attaqué". On ne trouvera pas en revanche les Dernières Nouvelles d’Alsace dans les kiosques. "Nous avons été confrontés à l’impossibilité technique de l’imprimer, à cause des barrières de sécurité mises en place au centre de Strasbourg, où se trouve notre imprimerie" explique ce matin la rédaction sur le site internet du journal . "Terreur à Strasbourg", peut-on lire à la Une de l’édition en ligne et cet édito de Dominique Jung pour qui Strasbourg est la victime de son statut de capitale de Noël . "Le sang répandu est là pour décupler l'horreur, écrit-il, la colère et la division. C'est ce piège de la division qu'il faut éviter. L'Alsace en deuil doit se rassembler autour des familles plongées dans le malheur en ce banal mardi où chaque habitant de Strasbourg comprend qu'il aurait pu, lui aussi, se trouver près de la place Kléber, à portée de tir d'un assassin".
Réactions en chaîne politique jusqu’à la polémique
"Solidarité de la Nation tout entière pour Strasbourg" peut-on lire sur le compte Twitter du président de la République . Même tonalité pour les leaders de l’opposition d’Alexis Corbière de LFI aux responsables des Républicains en passant par Olivier Faure n°1 du Parti Socialiste qui a ses mots "Dans ces moments-là tout s’arrête. Nous sommes un peuple. Nous sommes une nation". Mais non tout ne s’arrête pas car très vite le cas de ces fichés S passé à travers les mailles de la Police provoque d’autres réactions. "Combien d’attentats commis par des fichés S devons-nous encore subir avant d’adapter notre droit à la lutte contre le terrorisme ?" s’interroge Laurent Wauquiez . Idem pour Marine Le Pen qui, dans le même tweet, dit son deuil aux victimes, évoque, "la tuerie islamiste de Strasbourg et réclame un changement radical de politique face au terrorisme". Solidarité d’abord, questionnement ensuite mais également polémique, le tout intervient désormais sur Twitter en quelques heures quand il fallait autrefois quelques jours . Ainsi David Rachline (sénateur du Rassemblement national) dès hier soir tweetait ceci "Si seulement le ministère de l'Intérieur était capable d'interpeller préventivement aussi rapidement et brutalement les islamistes fichés S que les Gilets Jaunes présumés violents". Et en faisant un lien indirect entre "gilets jaunes" et attentats de Strasbourg, le parlementaire joue avec le feu.
Complotisme chez certains "gilets jaunes"
Les deux sites racontent comment depuis l’annonce de l’attentat de Strasbourg certains comptes Facebook des "gilets jaunes" sont souvent malgré eux submergés de commentaires complotistes. Selon eux, l’attentat de Strasbourg est l’occasion pour le pouvoir de détourner l’attention et d’affaiblir le mouvement. Certains modérateurs "gilets jaunes" ont préféré en responsabilité fermer les commentaires aux idioties. Mais ça n’empêche pas l’une des voix les plus populaires du mouvement, Maxime Nicole, alias Fly Rider de laisser planer le doute dans une vidéo qui ne va qu’alimenter les délires ""Dites-vous bien que le mec qui veut faire un attentat vraiment, il n’attend pas qu'il y ait trois personnes dans une rue le soir à 20 heures, il va au milieu des Champs-Élysées quand il y a des millions de personnes et il se fait exploser". Raisonnement fallacieux mais qui suffit à plonger les plus naïf dans la confusion et les pousse à soupçonner le pouvoir de se servir du terrorisme pour faire diversion. Aux délires complotiste de certains "gilets jaunes", on préférera ce matin le Monde qui consacre une double page à une enquête pionnière sur la révolte des revenus modestes, enquête lancée fin novembre par 70 universitaires à comprendre en profondeur la sociologie du mouvement, loin des amalgames et des récupérations.
Images scandaleuses France et en Égypte
On terminera avec deux images qui racontent les temps modernes et nos émotions collectives. La première est en Une de Libération qui montre comment la Police a rétabli l’ordre à Mantes-La-Jolie jeudi dernier, en obligeant 151 jeunes et parmi eux des casseurs à s’agenouiller mains derrière la tête . La vidéo en a scandalisé beaucoup quand d’autres estiment qu’il fallait bien maîtriser les plus excités. Loin de chez nous, la photo d’un couple simulant l’amour au sommet de la pyramide de Khéops provoque depuis plusieurs jours la colère des autorités égyptiennes qui parlent d’un crime très grave. Deux scandales deux images, deux tabous. David Abiker a publié la Une de Libération et la photo de ce couple en pleine performance "artistique", à vous de lui dire en vous mettant à la place des Égyptiens celle qui vous choque le plus.