Natacha Polony, La Revue de presse 17.05.2016 1280x640 5:14
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La presse quotidienne revient ce mardi matin sur l'utilité du président de la République, François Hollande.

Ce matin en Une de vos journaux ce n’est pas l’amour et la compassion qui règnent.
Libération : Abattoirs : Nous sommes tous complices de cette barbarie. Avec le témoignage d’un ancien employé sur le règne de la rentabilité et l’absence totale de compassion.

Pour l’absence de compassion, certains l’apprennent en Syrie, en devenant bourreaux :
Le Parisien : Ces enfants Français manipulés par Daech.

On ira donc chercher la compassion dans la Croix : Entretien exclusif avec le Pape François. Un discours d’apaisement sur les migrants, sur l’Islam… Il y a juste la laïcité à la française qui échappe un peu au jésuite argentin. Faut-il s’étonner ?

Ça va mieux

A quoi sert Hollande ? Mais non, il n’est pas question d’ironiser. C’est seulement le sujet sur lequel ont planché des étudiants en droit constitutionnel en Charente. Le rôle et les pouvoirs du Président de la République. Mais visiblement, nous dit le Parisien, l’humour n’a pas sa place à l’université puisque le doyen a dû faire acte de contrition publique. Pourtant, cette question, et son corollaire, est-ce que ça va mieux ? sont omniprésentes dans la presse. Quand je me contemple, je me désole, quand je me compare, je me console, écrit l’Opinion. Pour Hollande, c’est l’inverse. Avec le reportage du Parisien dans le Nord et la Somme, où l’on tente de lutter contre la fatalité du chômage. Mais une page en parle mieux que toute autre. C’est dans le Figaro : la fuite des cerveaux s’accélère. Une note du Conseil d’analyse économique et sociale qui démontre que la France, non seulement n’attire pas les étudiants étrangers les plus brillants, mais voit partir ses meilleurs éléments. En cause, l’environnement de travail, mais aussi le taux marginal de l’impôt. Bref, la France, c’est bon pour les études ou la retraite, ce qui coûte à la société, mais pour ce qui rapporte, le travail, on va voir ailleurs.

L’art de la comptabilité

Il n’y a pas seulement l’entretien avec le Pape dans La Croix. On trouve également un article passionnant sur cette question : peut-on tout chiffrer ? Le décrochage scolaire : 24 milliards par an. La pollution de l’air : 101,3 milliards par an, le double du tabagisme. Les violences conjugales : 2,5 milliards par an. Quel intérêt d’évaluer le coût de ce qui n’en a pas ? Peut-on convertir en euros un paysage, une espèce animale ? Une façon d’attirer l’attention sur des phénomènes qui, sans cela, passeraient inaperçus. Face à des instances qui considèrent le coût en terme d’emplois et d’innovations de la moindre avancée écologique, sans doute faut-il répondre sur ce même terrain en démontrant le coût en terme de santé publique. Mais n’est-ce pas accepter la logique comptable, et renoncer finalement à toute réflexion éthique et politique. S’interdire de penser la dignité humaine, les conditions d’une société vivable, bref, un projet politique, pour entrer dans un calcul de performance.

État civil

Quel est le coût pour une vie d’un prénom ridicule ? En tout cas, en changer coûtera désormais moins cher. Jusqu’à présent, nous dit Le Parisien, c’était entre 500 et 1.500 euros. Avec la nouvelle procédure, ce sera gratuit et les délais seront réduits. Une chance peut être pour ceux que l’on trouve cités par le site Internet La ligue des officiers d’état civil. Parmi leurs dernières perles : Merdive, Euthanasia, Poupoune, Aboubakar-Jacky, Athena Cherokee… Et puis il y a ceux qui veulent que le prénom de leur chérubin ne s’écrive comme aucun autre. Alors on innove : Djoulyan, Denovanne. Un avocat cite un client qui s’appelait Tarzan et qui trouvait cela ridicule. Il a voulu changer. Mais on est pris d’un doute. Puisque l’époque est à l’originalité, à l’affichage d’une personnalité forcément unique, d’une identité arborée comme un droit, est-ce que ce sont ceux qui sont affublés d’un prénom ridicule qui voudront en changer ou ceux qui vivent l’indignité de porter un prénom banal ? En tout cas, les avocats parlent de fausse bonne idée et prévoient une explosion des demandes.

 

C’est comme le sujet de droit constitutionnel sur le rôle du président, la formulation peut surprendre. En Une du site Rue 89 : il y a des fessées qui se perdent chez Bernard Cazeneuve. Rien à voir avec une critique de la prolongation de l’état d’urgence. Un internaute a découvert en explorant le compte twitter du ministre de l’Intérieur l’ajout comme favori d’un tweet émanant d’un club libertin anglais : cul nu pour une correction à la badine. Immédiatement, branle-bas de combat au ministère pour savoir qui a liké ça. Comme une image de la politique gouvernementale. C’est aberrant, ça a échappé à tout le monde et personne n’est responsable.