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Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.

Antisémitisme et égocratie

Tous contre l’antisémitisme. Rares sont les éditos qui renoncent à questionner la société française sur un mal dont les manifestations ont augmenté de 74% en 2018. C’est la Une de Libération. Pour l’expliquer, Laurent Joffrin évoque la brutalisation du débat public. Dans le Figaro, Yves Thréard pointe la montée complice de l’ultra droite et de l’ultra gauche. Dans la Montagne, Florence Chetodal dénonce la culture de l’excuse et bien sûr, partout, les éditorialistes mettent en cause les réseaux sociaux et les théories du complot. Mais dans Ouest France, Jean-François Bouthors a une approche différente. L’écrivain met en cause l’égocratie, le triomphe du moi. Ce moi tout puissant qui traverse une société ou le politique et le collectif sont affaiblis, où le consommateur a pris le pas sur le citoyen, où l’individu passe au premier plan. L’antisémitisme, dit-il, ce n’est pas les réseaux sociaux, encore moins les Gilets jaunes. C’est d’abord une vision du collectif qui ne supporte pas la singularité de l’autre. Dans ces conditions, le tous contre un de l’antisémitisme ne fait qu’annoncer la guerre de tous contre tous. La seule façon d’empêcher cette guerre, dit-il, c’est la réhabilitation de l’État. Si le Grand débat pouvait servir à ça, ce serait déjà très bien.

Le PSG comme dans un rêve

"Paris, Frappe Fort", titre le Parisien-Aujourd’hui en France. "Comme dans un rêve" choisit L’Équipe. Comme si l’actualité était abonnée aux cauchemars et qu’il fallait deux buts du PSG ce mardi face à Manchester pour retrouver le chemin de la joie. Alors pourquoi pas, après tout ? Savourons l’éditorial de la victoire signé Vincent Duluc, pas besoin d’aimer le sport ou le foot car l’analyse fonctionne avec tout "C’est une victoire qui a du sens, dit-il, elle repousse la malédiction jusqu’à la prochaine fois, elle éclaire d’une autre lumière nos débats récents. C’est sa fonction éternelle". On se soigne comme on peut, y compris avec des mots, ce qui nous amène à la réforme de la santé.

La réforme de la santé : des littéraires en 2e année

Les Échos vous donnent en deux pages les grandes lignes du plan pour l’hôpital présenté aujourd’hui par la ministre Agnès Buzyn. 23 articles de loi seulement pour lutter contre les déserts médicaux, réinventer une médecine de proximité, recruter plus de généralistes, mettre le numérique au service de la santé et surtout casser le moule de la formation des médecins recrutés aujourd’hui à coup de QCM et de bac scientifique. Comment ? En permettant à des littéraires d’accéder aux études de médecine en deuxième année. Ça fait bondir mais il y a plein d’écrivains médecins ! Rabelais, Tchekov, Céline, Jean-Chirstophe Rufin ou Laurent Seksik. Une petite révolution qui verrait les examinateurs évaluer non seulement les connaissances mais aussi le parcours et les compétences des candidats.

Culture du viol à l’hôpital

C’est ce que l’on se dit en lisant le témoignage de la docteur Besma dans Le Parisien Aujourd’hui en France. Le système fabrique des gens pervers, dit celle qui raconte le sexisme et le harcèlement quotidien sur son lieu de travail par trois médecins. Sur la base du livre de Cécile Andrzejewski "Silence sous la blouse", le journal évoque les cas épouvantables de Laurie, Justine et Jessica toutes aides-soignantes, infirmières ou étudiantes en médecine qui ont vécu le cauchemar des gestes déplacés, des propositions graveleuses ou des baisers forcés. Jusqu’à la fausse couche d’Anne-Lise Laborantine, deux jours après une tentative de viol car c’est de cela qu’il s’agit. 61% des étudiantes en médecine déclarent être victimes de sexisme. C’est l’arbre qui cache la forêt du patriarcat, du mandarinat, et de cette culture de carabin paravent bien pratique de l’impunité et d’une omerta qui se fissure trop lentement. "Violences à l’hôpital, elles osent parler", c’est à lire dans Le Parisien-Aujourd’hui en France.

Palmarès des petits noms amoureux

Pour finir, ouvrons le Maine Libre qui titre sur les roses de la Saint-Valentin et rapporte le résultat d’un sondage Yougov sur les surnoms amoureux que les Français donnent à leur moitié. "Mon cœur" arrive en tête avec 39%, "Mon amour" 32%, "Mon bébé" 11% suivi de "Mon chaton", "Mon Doudou", "Mon canard" et le dernière est "Mon Bichon" 1% seulement.