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Chaque jour, Mathieu Charrier scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.

Mathieu Charrier remplace David Abiker ce lundi 4 mars 2019.

À la Une ce lundi matin, nos journaux se font du souci pour notre santé.

À commencer par "cet inquiétant retour de la rougeole", en Une du Parisien-Aujourd'hui en France. Cette maladie que l'on pensait appartenir au 19e siècle, écrit Frédéric Vezard, dans son édito. Et dont certains esprits prétendument éclairés se sont emparés pour illustrer leur théorie sur les dangers de la vaccination. Car c'est bien de cela que l'on parle, une couverture vaccinale qui baisse, au 21e siècle, dans le pays de Louis Pasteur, le père de la vaccination. La France qui fait désormais partie des 10 nations responsables des augmentations de cas de rougeole dans le monde. La rougeole, qui avait quasiment disparu du territoire français il y a 10 ans, et dont le 244e cas depuis le début de l'année vient d'être détecté en Savoie.
Comment cette théorie des antivaccins se développe-t-elle ? Notamment sur les réseaux sociaux. Youtube et Facebook ont fait mine d'annoncer des mesures pour endiguer les fake news autour de ce sujet mais on apprend dans l'Opinion que c'est sur Amazon que "les antivaccins font leur nid". La journaliste Oceane Herrero a fait le test, si vous tapez "vaccin" sur le moteur de recherche du site de vente en ligne, les premiers résultats qui sortent sont des livres anti-vaccins. Mathieu Charrier a vérifié ce lundi matin et c'est vrai. Parmi ces titres : "vaccins un génocide planétaire" ou "analyse scientifique de la toxicité des vaccins".
Piqûre de rappel enfin, le vaccin contre la rougeole existe, il est efficace, remboursé dans notre pays et obligatoire depuis l'année dernière.

Alors que certains rechignent à profiter de vaccins gratuits, d'autres sont obligés de se soigner avec de faux médicaments.

"Tragique trafic", c'est la Une de Libération ce lundi matin, recouverte de petites pilules bleues. Dès que l'on tourne la page, ce titre "de vrais morts pour de faux médicaments". Le journal s'est notamment rendu au Sénégal, où le trafic pullule avec jusqu'à 300.000 euros de chiffre d'affaires annuel pour certaines officines clandestines. Mais en France aussi, le trafic de faux médicaments se porte bien. Les quatre médicaments les plus falsifiés ? Des produits contre les troubles de l'érection, les amincissants, les anabolisants et les solutions pour se blanchir la peau. Et Libération d'expliquer que c'est un commerce juteux. Pour 1.000 dollars investis dans le trafic d’héroïne par exemple, cela rapporte 20 fois plus. Pour la même somme investie dans le trafic de faux médicaments, cela peut rapporter 200 fois plus.
Alors l'Europe a décidé de légiférer avec la mise en place d'un code barre spécifique pour chaque médicament, "le datamatrix", et une bague en carton, sur chaque boite, pour garantir au consommateur qu'elle n'a jamais été ouverte. À moins de trois mois des élections européennes "cette mesure est la preuve que l'Union peut avoir une réelle utilité" écrit, Alexandra Schwartzbrod dans Libération.

L'Europe qui a également décidé de frapper un grand coup contre la pollution automobile.

Le philosophe Héraclite disait que la santé de l'homme reflète celle de la terre. La santé de la terre passe évidemment par une diminution de la pollution et une baisse de 40% d'émission de CO2, c'est l'objectif fixé par le Parlement européen. Ce qui ne plait pas du tout à Carlos Tavares le patron de PSA Peugeot Citroen, il poursuit son offensive anti-électrique. après une interview à charge dans Paris Match la semaine dernière, le dirigeant réitère ce matin dans Le Figaro. "13 millions de salariés sont otages d'un débat de société". Et l'homme de regretter un manque de dialogue et de rappeler que les taxes sur le carburant rapportent chaque année 414 milliards d'euros en Europe . "Je ne voudrais pas que dans 20 ans mes petits enfants me disent : papi, quand vous avez décidé le tout électrique, vous n'avez pas tout bien regardé".
Ce que l'on souhaite en tous cas c'est que ses petits enfants respirent mieux, notamment s'ils vivent à Paris où le taux de concentration de particules fines a atteint il y a quelques jours 82 microgrammes par mètre cube, alors que la limite est à 50. C'est une tribune de Gaspard Gantzer dans le journal Les Échos qui nous l'apprend. L'ancien conseiller en communication de François Hollande et fondateur du mouvement "Parisiennes, Parisiens" plaide lui pour l'installation de 5.000 bornes de recharge rapide dans la capitale à l'horizon 2025.
Mais il n'y a pas que Paris, le reste de la France n'est pas épargnée par la pollution aux particules fines. Vaucluse matin titre en Une, avec une photo d'un gros nuage noire sur une vigne : Pollution, sale temps sur la région. Le journal rappelle que dans le Vaucluse, près de 300.000 personnes résident dans une zone où le seuil de l’OMS est dépassé. Ça va un peu mieux, mais c'est quand même plus de la moitié de la population du département qui reste exposée.

Il y a une autre santé qui inquiète voir qui révolte, c'est la santé d'Abdelaziz Bouteflika.

Qui a annoncé hier soir qu'il serait bien candidat à l'élection présidentielle algérienne malgré la révolte de la rue. Il y a un silence que relève beaucoup d'éditorialistes ce matin, c'est celui de la diplomatie française. Alors que 800.000 ressortissants algériens vivent en France. "Paris attentif, mais bridé par la relation complexe avec son ancienne colonie", écrit le Figaro. "La non ingérence est un paravent diplomatique bien commode" renchérit Yves Thréard dans son édito. Paris retient son souffle, Paris qui avait reçu Bouteflika (alors plus jeune ministre des Affaires étrangères de la planète en 1964), se remémore La Charente Libre. De Gaulle dirigeait la France et Bouteflika n'avait alors que 26 ans. 
"Ce qui est surprenant, écrit Dominique Moisi dans les Échos, ce n'est pas que la jeunesse rejette le régime, c'est qu'elle ait attendu si longtemps pour le faire". Dans une Algérie paralysée par la peur d'une nouvelle guerre civile.
Il y aussi ce dessin de Nono dans Le télégramme : Bouteflika assis dans son fauteil roulant et face à lui un général qui lui montre "son affiche de campagne présidentielle". Cette affiche ? Un électro cardiogramme. Tout un programme.

Enfin ce grand prématuré, lui, est désormais en bonne santé.

Ce bébé japonais était né à 22 semaines de grossesse et ne pesait alors que 268 grammes, faisant de lui le plus petit bébé au monde. Il a quitté la maternité il y a quelques jours sain et sauf, après cinq mois de couveuse raconte le Huffington post. Il fait désormais 3,2 kilos et il va bien, même s'il doit bien sûr rester sous surveillance. 
On terminera sur cette phrase de Michel Cymes en une de Télé 7 Jours cette semaine : "Vive la santé positive !"