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Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.

À la Une ce vendredi, le ras-le-bol des Français.

Manifestations, le ras-le-bol grandit à la veille de l’acte 14 du mouvement des Gilets jaunes, le Parisien-Aujourd’hui en France dit "ras-le-bol de nos concitoyens face à un mouvement qu’ils soutiennent moins", encore à 58% de sympathisant mais dont la mobilisation doit cesser pour 56% d’entre eux. "D’où vient ce désamour ?", s’interroge le Parisien-Aujourd’hui en France. De la distance prise par les manifestants du samedi avec leurs revendications initiales. Ras-le-Bol des Gilets jaunes donc, et pourtant, à la Une des Dernières nouvelles d’Alsace, ils ne lâchent rien. "Le système D pour durer", titre le quotidien alsacien fait la tournée des tentes, des mobiles homes, des cabanes et de ces drôles de construction où s’abritent les Gilets jaunes pour tenir. Et dans le Figaro, Ivan Rioufol, lui non plus ne lâche rien, il soutient les Gilets jaunes, ces nouveaux boucs émissaires contre l’establishment, contre le showbiz et François Berléand, l’acteur qui a dit "Ils me font chier", contre les vrai casseurs de l’ultra gauche ou de l’ultra droite ; et même contre les lecteurs du Figaro. Il soutient les Gilets jaunes contre ceux qui ont confisqué leur révolution, à commencer par ce président qui s’est approprié leur révolte. Il y a de la tristesse dans les mots d’Yvan Rioufol qui ferait dire au poète "les chants désespérés sont parfois les plus beaux et j’en sais d’immortels" qui sonne comme cet édito.

Il ne doit pas désespérer Ivan Rioufol car le message des Gilets jaunes commence à parvenir aux décideurs.

Après avoir inspiré la méfiance, le message des Gilets jaunes (à condition d’être compris) peu à peu parvient jusqu’aux patrons, entrepreneurs, aux cadres et aux publicitaires. Ces Gilets jaunes font la Une de Stratégie, magazine des médias qui parle d’un séisme dans la pub, la com, les marques. On ne pourra plus parler aux gens de la même façon, nous explique-on en substance. Mais surtout, dans la nouvelle formule du Magazine Management, il y a sept leçons à tirer du mouvement des Gilets jaunes quand on exerce une responsabilité dans l’entreprise ou le secteur public. Sept leçons sous la plume de Philippe Schleiter, spécialiste des entreprises en crise. Ecoutez bien vous qui avez des responsabilités. Première leçon de la crise des Gilets jaunes, écrit-il : l’explosion du besoin de reconnaissance. Les Gilets jaunes nous ont dit "on existe, on n’est pas rien". Seconde leçon, "on veut participer, s’impliquer". Troisième leçon, "on veut reprendre en main notre destin". Ça s’appelle tout simplement la liberté. Quatrième leçon "on aime être ensemble, on veut faire groupe". Cinquième leçon, "on veut des perspectives, donnez-nous un horizon" ! Sixième leçon : "on aime travailler, on ne veut pas être assistés". Septième et dernière leçon l’ancrage territorial, "on a un pays, un territoire, on ne vit pas hors sol, on a un chez nous". Si c’est ça le vrai message des Gilets jaunes, tel qu’il est décrypté dans Management, alors David Abiker signe tout de suite.

Des Gilets jaunes qui auront finalement obligé les ministres à aller plus souvent sur le terrain.

Exemple avec Nicole Belloubet, garde des Sceaux qui a porté le Grand Débat ce jeudi en Indre-et-Loir, là où ne l’attendait pas. En prison. 10 ans qu’une ministre n’avait poussé la porte de la maison d’arrêt de Tours, explique ce matin La Nouvelle République. Un déplacement en toute discrétion dont les détenus n’ont été avertis qu’au dernier moment. 23 d’entre eux ont rencontré la ministre pendant une heure et demi. Curieusement, pas de questions sur les conditions de vie dans cet établissement surpeuplé mais des questions sur l’Impôt sur la fortune ou la taxation des Gafa. "Des citoyens comme les autres", a souligné la ministre de la justice qui renouvelle aujourd’hui l’exercice à Avignon. Et puisqu’on parle de territoire, on finira avec cette machine à pain.

Elle fait la Une de Libération Champagne, ça ressemble à rien mais ça rend service.

Libération Champagne met à la Une un gros distributeur de pain qui va intéresser Jacqueline Gouraud (la ministre des Territoires u'Audrey Crespo-Mara recevait ce vendredi). Vous mettez vos pièces pièces et vous récupérer une baguette, un pain complet ou des viennoiseries ou des chouquettes. Sans oublier la monnaie. Ce distributeur de pain alimenté par un vrai boulanger est expérimenté dans huit communes de la région de Bar-sur-Aube qui ont perdu leur dépôt de pain ou leur boulangerie. Alors effectivement c’est moche, mais ça rend service, et Christian Debuf, le Maire de Colombé-la-fosse explique à Libération Champagne qu’au début les habitants venaient regarder, maintenant ils ne peuvent plus s’en passer, et c’est même devenu un point de rencontre. Une machine qui remplace le boulanger dans les zones rurales ! Fini l’alignement des 1.000 feuilles et des religieuses, fini le bruit du tiroir caisse, mais surtout surtout la boulangère ne vous dira plus "et avec ceci ?".

Ce sera tout.