Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Ce mardi matin, quand on lit la presse, on a le sentiment que le passé rattrape le présent. Le passé qui ressurgit ce matin comme le selfie l’arme au poing d’Alexandre Benalla exhumé par Médiapart , le passé qui ne passe pas avec les Harkis en Une de La croix . Le passé et la disparition de Maëlys que les enquêteurs ont tenté de reconstituer cette nuit. Le passé d’André, Judy et Allen qui, 74 ans après le débarquement en Normandie nous dit Ouest France , ont découvert grâce à un test ADN qu’ils avaient le même père, un GI. Ce matin dans la presse, le passé rattrape le présent.
Le selfie à main armée d’Alexandre Benalla.
La photo date du 28 avril 2017. Prise à Poitiers, elle montre Alexandre Benalla alors directeur de la sécurité et de la sûreté d’En Marche, l’arme au poing faisant un selfie avec la serveuse d’un restaurant où Emmanuel Macron est venu diner, accompagné d’une quarantaine de personnes au sortir d’un meeting d’entre deux tours à Chatelrault. Pour Médiapart ce selfie, outre son mauvais goût, pose un double problème à Alexandre Benalla . D’une part, il n’avait pas d’autorisation de port d’arme fin avril 2017. D’autre part, le jeune homme a affirmé au Monde le 25 juillet dernier qu’il n’était autorisé à porter une arme qu’à l’intérieur du QG de campagne du candidat Macron. Il affirmait aussi n’en être jamais sorti avec une arme. "On n’est pas mabouls", déclarait-il alors au Monde. Alexandre Benalla qui sera entendu vendredi devant le juge d’instruction, ou quand le passé fragilise la vérité. Il n’a pas fait de selfie mais il aurait un passé trouble. Sur Twitter, la journaliste Laurence Haïm raconte comment le juge Kavanaugh (que Trump veut nommer à la Cour suprême) a défendu cette nuit son honneur sur Fox News. Accompagné de son épouse très digne, l’honorable juriste a nié les accusations d’agressions sexuelles qu’il aurait commises alcoolisé il y a 35 ans et sexe en main, sur deux jeunes femmes dans les couloirs de son université. Rattrapé lui aussi par le passé le président des Républicains, l’Express.fr rappelle à Laurent Wauquiez qu’il y a moins d’un an devant les étudiants de l’EM Lyon, il raillait l’absence de charisme d’Angela Merkel qu’il a pourtant rencontrée ce lundi pour montrer à l’opinion qu’il peut parler d’Europe avec les plus grands. Enfin, il y a le passé qu’on essaie d’oublier quand on veut s’inventer un avenir tel Manuel Valls, candidat à la mairie de Barcelone. L’ancien Premier ministre français fait la Une de Libération avec ce titre merveilleux "Valls à Barcelone, tapas ou ça casse" .
Le passé c’est aussi l’histoire et les Harkis en Une de la Croix en cette journée d’hommage national.
En mal de reconnaissance, ils sont 60.000 engagés dans l’armée Française et combattaient pour que l’Algérie reste française explique La Croix . La secrétaire d’État aux Anciens combattants annoncera ce mardi un dispositif de 40 millions d’euro dès 2019 (le budget sert aussi à ça) dont une partie ira à l’accompagnement économique des enfants de Harkis. Mais les associations aimeraient une loi mémorielle ; elle ne viendra pas. Ce sera un discours solennel du chef de l’État en décembre. L’histoire qui se mêle de l’actu c’est aussi des vies bouleversées par la 2e guerre mondiale et Ouest France raconte ce matin comment André a découvert à 72 ans qui était son père après des années de recherche et un test ADN . Ce père s’appelait Bill Henderson, débarqué en Normandie en 1944 et reparti aux États-Unis après avoir aimé une française qui n’a jamais rien dit de cet amour à André. C’est grâce à une agence américaine spécialisée dans la recherche en généalogie qu’André a retrouvé ce père mort il y a 20 ans et surtout un frère Allen (70 ans) et une sœur Judy (65 ans), installés en Caroline du Nord. Les retrouvailles ont eu lieu samedi avant une visite des plages du débarquement.
Savoir qui est son père, c’est une question importante nous rappelle ce matin le Parisien-Aujourd’hui en France notamment pour les enfants nés d’un don de gamètes et qui veulent connaitre l’identité de leur père biologique. Le conseil national d’éthique rendra dans quelques minutes un avis sur la question. Savoir qui est son père est important, mais savoir quel père c’est aussi très important. Alors pour enchanter le présent et terminer cette Revue de presse, rien ne vaut la chanson d’un père qui parle du passé à une petite fille qui a la vie devant elle.