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Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.

Dans la presse ce matin, le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe attendu aujourd’hui à Strasbourg

Et « Macron marche seul », c’est le titre du quotidien l’Opinion avec ce dessin de l’illustrateur Kak, où l’on peut voir le président, caricaturé en « liberté guidant le peuple », totalement seul sur sa barricade, les autres dirigeants européens se tenant bien loin en arrière-plan. « Un constat s’impose, écrit le journal, un an après son élection, le président français est isolé en Europe, il ne dispose pas des alliés nécessaire comme il l’escomptait. » « Le projet européen de Macron est mis à rude épreuve », titre également Le Figaro qui liste les embuches : élections chaotiques en Allemagne et en Italie, percée eurosceptique en Hongrie et en Autriche… » Il lui faudra donc convaincre les parlementaires européens à Strasbourg, mais aussi les français. C’est l’autre rendez-vous du jour auquel s’intéresse l’Est Républicain : la visite présidentielle prévue « en terres vosgiennes », ou plutôt comme dit le journal, « en terre inconnue, car voilà, loin des sphères parisiennes, le chef de l’Etat doit apporter des réponses à la France des oubliés. Et quoi de mieux que les Vosges, écrit le journal, ce territoire qui réunit à lui seul toutes les problématiques actuelles : désertification médicale, chômage, suppression d’écoles, disparition de lignes ferroviaires, fin des emplois aidés, 80 km/h, hausse de la CSG, et cetera… ». L’Est Républician qui donne la parole à ceux qui attendent le président de pied ferme : Claude, éleveur de brebis veut lui parler du loup, pour Amandine, aide-soignante, ce sera les Ehpad, et pour le maire de Madonne, la taxe d’habitation… Comme le résume la Une, « Les Vosges attendent Macron ».

On ne serait donc pas heureux dans les Vosges. Et on ne l’est pas non plus en Île-de-France, c’est l’enquête du Parisien ce matin

Trop de stress : « 69% des franciliens veulent changer de vie », c’est le constat d’une étude menée auprès de 2200 personnes par le Forum Vies Mobile. Dans les Hauts-de-Seine, 70% d’habitants ont envie de partir, c’est 74% dans le Val-de-Marne et en Seine-et-Marne, 75% en Seine-Saint-Denis et 76% en Essonne. Les parisiens, eux, sont 56% à se dire que la vie est plus belle ailleurs. En tête des motifs : le rythme de vie, trop stressant. Ensuite le cout de la vie et de l’immobilier, intenables. Et enfin, la pollution qui rend la qualité de vie médiocre. Un quart des foyers envisage sérieusement un départ dans les cinq ans nous dit Le Parisien qui publie le témoignage de Sébastien. Lui a franchi le pas, il a quitté le Val d’Oise et son emploi à Paris pour s’installer à Toulouse, il est passé d’un appartement au 4ème sans ascenseur à une maison avec jardin et potager. « La première fois que je suis revenu et que j’ai trouvé le RER bondé, j’ai compris à quel point je me sens plus libre à Toulouse. » Les toulousains veulent ils quitter toulouse? J'ai bien regardé dans la Dépèche, mais il n'y a pas d'enquete sur la question.

Et puis, autre titre ce matin : l’examen de la loi asile et immigration

En Une, notamment, de la Nouvelle République sous l’angle politique, « une loi en marche forcée ».
Libération qui titre « liberté, égalité… hospitalité », reportage avec ceux qui accueillent et logent les demandeurs d’asile, « le profil d’une autre France », écrit le journal. Et puis, vous pouvez lire la série sur les candidats à l’exil du site les Jours, notamment le dernier épisode « Les noyés du désert », parce qu’on voit de temps en temps ces images des morts en Méditerranée, mais jamais l’étape qui précède, le Sahara et son cimetière de corps anonymes, reportage au Niger de Taïna Ternoven à retrouver donc sur Les Jours.fr. Une actualité qui contraste avec ce à quoi aspire, semble-t-il, l’urbain européen moyen. Je veux parler de voyage et d’aventure. C’est un trait de l’époque : on trouve de plus en plus dans vos journaux de portraits de téméraires qui partent en expédition au bout du monde. Désormais, un magazine y est tout entier consacré : c’est Geo Aventure, dont le premier numéro vient de paraitre, pour « les aventuriers moderne et ultra-engagés qui veulent se frotter au monde et marquer leur trace ». Sa devise : « dépasser ses limites pour vivre l’inconnu ». Alors, c’est du « Geo », les photos sont superbes, et les récits époustouflants : on a par exemple Eliott, 25 ans, qui étudiait la philo à Paris et qui a tout quitté pour franchir l’Himalaya à pied. Aliénor, qui a traversé l’Australie à cheval du Sud au Nord. Ou encore Martin, cadre dans une agence de pub qui a fait Amsterdam - Singapour en vélo : 1 an de voyage, 17 000 kilomètres, 7 crevaisons… et surtout des dizaines de rencontres. Il souligne la « chaleur des gens, leur hospitalité, en Iran notamment : là-bas, dit-il, pas question de laisser un étranger diner seul dehors. Partout, on m’a toujours invité. » C’est lui qui fait la couverture de Geo Aventure, sous cette citation de Sartre : « chaque homme doit inventer son chemin »

Enfin, l’Humanité et Les Echos ont choisi la même « photo du jour »

Oui, en l’occurrence, une sculpture de baleine grandeur nature exposée à Rome, l’œuvre s’appelle « plasticus » et, vous l’aurez compris, elle est faite de plastique : 250 kilos de bouteilles, bouchons et autre pailles agglomérés, « ce qui correspond, écrivent les Echos, au poids de déchets plastiques rejetés à la mer chaque seconde dans le monde… » Oui, « secondes ». C’est l’association « une mer à sauver » qui a fabriqué cette sculpture au pied de laquelle on trouve ce message : « laissez tomber le plastic. » Un message qui résonne avec ce papier de La Croix, « Comment se débarrasser des plastiques ? » C’est d’actualité puisque « la feuille de route du gouvernement sur l’économie circulaire sera publiée dans les jours qui viennent, nous dit le journal, objectif : faire que 100% des plastiques soient recyclés en 2025… » Un défi immense. Car la France est en retard : d’abord, sur le taux de recyclage, 20% seulement chez nous, contre 26% pour la moyenne européenne. Et ensuite, sur le taux de collecte : « dans certaines villes comme Paris ou Marseille, écrit la journaliste Marine Lamoureux, seule une bouteille en plastique sur 10 est collectée… En Allemagne, 90% des bouteilles le sont. » Mais est-ce que recycler ça suffirait ? Le recyclage est-il la solution ? Pas sûr, note La Croix, d’abord parce que la matière recyclée est plus chère que le plastique neuf, et donc pas assez incitatif pour les industriels. Et puis parce que « l’enjeu clé, c’est surtout celui de nos usages : afficher un objectif de 100% de plastiques recyclés pourrait déresponsabiliser la société… » « Alors que tout le monde doit s’interroger, conclu Jean-Charles Caudron de l’Ademe, les industriels doivent s’interroger en amont sur la pertinence d’utiliser le plastique, et les consommateurs sur leurs achats, sur l’usage unique et la multiplication des emballages. » Voilà, pour ceux qui cherchent à changer de vie, ça ne fait pas voyager bien loin, mais c’est une autre façon de se lancer un défi.