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Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.

Dans la presse ce matin, l’incompréhension après la décision de Donald Trump d’abandonner l’accord sur le nucléaire iranien.

"On a beau chercher, écrit Xavier Brouet dans le Républicain Lorrain, mais non. On tente en vain de déceler le début du commencement d’un quelconque profit pour la communauté internationale dans ce déchirement". "Inexplicable" juge également dans La Croix Guillaume Goubert pour qui "l’attitude de Trump suscite d’autant plus d’incompréhension que dans un cas, il stigmatise l’Iran qui manifeste sa volonté de s’arrêter avant de se doter de la puissance nucléaire. Dans l’autre, il n’exclut pas de toper avec la Corée du Nord, Etat qui vient de se doter de cette arme. Il y a là quelque chose qui relève de l’incongruité." Une chose est sûre, du Dauphiné à Sud-Ouest, des Echos à Ouest France, tous s’accordent pour le dire : l’annonce est "inquiétante". Dans la Montagne, Bernard Stephan parle de risque "d’ouverture de toutes les boites de pandore au Moyen-Orient". Et dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, Pascal Coquis met en garde : "comme toujours, Trump promet un better deal, un meilleur accord, dit-il, sauf qu’il n’y a pas de better deal, il n’y a qu’une page blanche pleine d’angoisses". "L’avenir est lourd de menaces, ajoute Arnaud de la Grange, dont l’édito dans le Figaro porte ce titre : "atomisation". Une sorte de fatalisme qui agace prodigieusement Jean-Dominique Merchet dans l’édito du quotidien l’Opinion : il explique que "si les Etats-Unis peuvent à eux seuls saborder tout un processus approuvé à la fois par l’Union Européenne, la Chine, la Russie et l’ONU", c’est parce que les européens le veulent bien. "Ils tergiversent, dit-il, soucieux qu’ils sont de ne jamais se fâcher avec Washington, on est loin d’une souveraineté assumée. Justement, demain, à Aix-la-Chapelle, Emmanuel Macron recevra le prix Charlemagne pour son engagement européen, il devrait saisir l’occasion et affirmer que l’Union doit se doter des moyens de dire "non" à l’Amérique, "non" à Trump. C’est autant une question de volonté politique que d’instruments juridiques." Jean-Dominique Merchet qui conclut sur ces mots "courage Charlemagne !". Ou comment dire qu’il n’y croit pas trop.

L’autre titre, l’autre "menace" qui préoccupe la France ce matin, c’est la limitation de la vitesse à 80 Km/h.

Et l’affaire fait la Une de presque toute la presse quotidienne régionale : "80 km/h : vous n’en voulez pas", titre la Dépêche du Midi. "Vous n’en voulez pas du tout !", renchérit Midi Libre avec un beau point d’exclamation. La Provence, le Télégramme, la Charente Libre, le Courrier de l’Ouest ou encore Var-Matin : tous s’appuient sur une enquête réalisée par l’institut de sondage BVA auprès de 1.200 français. Verdict : 74% des personnes interrogées sont opposées à cette mesure.
Là où ça passe le moins, c’est dans les communes rurales, 86% d’opposition. et auprès des sympathisants FN, 65%. Et puis, les sondages révèlent souvent des phénomènes curieux : "pensez-vous que cette mesure sera respectée par les français ? Non à 74%. Et vous ? Comptez-vous la respecter ? Oui, à 64%."
Voilà, c’est cocasse. Un peu comme ce reportage dans l’Express cette semaine : "dans la France des 80 km/h", le magazine a choisi d’aller en Creuse, pourtant l’un des départements où l’on dépasse le moins les 90 km/h, et pour cause : contrefort du Massif Central oblige, il n’y a presque pas de routes en lignes droites.  En Creuse, on slalome, on valse, on est contraint par des suites ininterrompues de virages qui, à moins d’être Sébastien Loeb, empêchent toutes accélérations. Mais voilà, "dans cette zone rurale, écrit Agnès Laurent, la restriction est vécue comme une punition (…) Paris ne comprend pas les problèmes du coin." Autrement dit, la désertification, l’accès de plus en plus difficile aux commerces, aux soins, à l’école, aux services publics : "chaque instant de la vie passe par la route et tous le disent, résume l’Express, ici, vivre sans permis signe votre mort sociale". Bref, ce qui ressort, ce n’est pas tant cette affaire de 80 km/h que la fracture entre deux France : l’une urbaine dynamique, l’autre rurale abandonnée. Enquête à lire donc dans l’Express.

Une fracture qui intéresse particulièrement le Figaro ce matin, sous des angles très divers.

Par exemple ce reportage page 12 sur la guerre contre les compteurs Linky : "le jour où le village de Bagnols-en-Forêt a disjoncté", titre le journal. "Deux habitants ont passé à tabac un installateur venu poser un compteur, "ils l’ont laissé là, dans le fossé, raconte la directrice territoriale d’Enedis, gisant dans son sang en se moquant de lui. Abandonné comme un chien". C’était le 30 avril, une histoire qui "par-delà le fait divers, écrit le journaliste Vincent Xavier Morvan révèle le malaise d’une France d’en bas, révoltée contre les changements imposés par la superstructure." Autrement dit, l’Etat, l’Europe et "Bruxelles". Le Figaro qui s’arrête aussi sur cette autre "changement, imposé par la "superstructure" : le nombre de députés qui va baisser : on parle de la réforme des institutions, "Macron ne réduit pas le nombre d’élus, tempête le député Les Républicains, Olivier Marleix, il les supprime dans le monde rural, c’est un écrasement total de la représentation des territoires ruraux". Autant de dossiers qui viennent s’ajouter à la baisse des APL, la mise en place du prélèvement à la source, hausse de la CSG et baisse du pouvoir d’achat en général.  D’ailleurs, d’après le Canard Enchaîné, plusieurs ministres et responsable d’En Marche ont prévenu le Président, "à force de regarder la France d’en haut, confie l’un de ses amis au Canard, Macron oublie la France d’en bas et du milieu." Sinon, il y a aussi le dernier numéro du 1, sur les "Nouveaux visages de la campagne", qui propose une vision moins sombre des territoires ruraux. Reportage notamment d’Hélène Seingier sur "l’entraide et la débrouille qui font tourner les campagnes : où l’on parle bénévolat, co-voiturage, et système D. "Une France, qu’il faut savoir entendre, écrit Eric Fottorino dans son édito, pour éviter de la laisser en marge". A bon entendeur

Justement, pour apprendre à bien entendre, il y a cet article de l’hebdomadaire Vraiment intitulé, "c’est décidé, j’ai de la conversation"

Et oui, parce que comme le souligne la journaliste Ségolène Barbé, "échanger, c’est un art qui se cultive". Pour y parvenir, tout est affaire de concentration et d’écoute.
Le magazine Vraiment vous conseille donc d’écouter autrement : pour engager la conversation et saluer quelqu’un, évitez par exemple les phrases du style "quoi de neuf ?", qui n’apporte pas grand-chose. Préférez plutôt une phrase qui va vous connecter : "qu’est ce qui t’anime en ce moment ? Ou, qu’est ce qui t’inspire ? (je vous le ferai demain, à 3h du mat’). Autre conseil, évident semble-t-il, ne pas couper la parole, laisser le temps à son interlocuteur de développer son propos. "Il s’agit de construire quelque chose ensemble, d’avoir un échange, note un spécialiste, parce que le bavardage reste superficiel mais la conversation, ça suppose une générosité, un engagement envers l’autre." Voilà, un petit dossier à lire dans le dernier numéro de Vraiment, bien entendu tout lien avec Donald Trump ou Emmanuel Macron est totalement fortuit.