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À la Une : haro sur la censure

Le coup d’œil d’Eugénie Bastié

1 décembre 2017

Episode - 00 minutes - Société

Description de l'épisode

Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.


Dans la presse ce matin, haro sur la censure

On ne peut plus rien dire dans ce pays. C’est en tout cas ce qu’entend démontrer Marianne cette semaine avec ce titre en couverture : "ce qu’on ne peut plus dire, ce qu’on ne peut plus faire : ils veulent réécrire l’histoire, chambouler la grammaire, contrôler la culture, étouffer la création, enquête sur les nouveaux censeurs". Qui sont-ils ? Quels sont leurs réseaux ? Eh bien en page 14, ils y en a un peu pour tout le monde : de la ministre de la Santé avec son histoire de cigarette au cinéma, aux antiracistes, sans oublier les féministes, ou plutôt "les néoféministes, écrit Guy Konopnicki, elles qui veillent sur les images de la femme. Ainsi en mars, la maison Yves Saint-Laurent a dû retirer deux affiches à la demande de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité, saisie par l’association Osez le féminisme. L’image était incontestablement suggestive, note toutefois l’hebdo, mais voilà jadis, la censure eut été appelée par les associations catholiques, ce sont désormais les féministes qui se chargent de la besogne". Où l’on mélange donc un peu tout : le consentement et la pudibonderie, l’image suggestive et l’image dégradante. Mais peu importe, le fait est là vous dit-on : "tartuffe commande la nouvelle censure". Un constat que fait aussi Valeurs Actuelles qui titre en couverture, de l’écriture inclusive à #BalanceTonPorc, "Audiard, reviens, ils sont devenus fous". Toujours ce "ils", ce pluriel assez vague mais (on vous l’affirme, on vous le martèle) très certainement "fou".

Censure toujours, Le Figaro aussi s’inquiète avec ce titre "l’art victime d’un nouvel ordre moral".

Le journal revient sur le cas de ces affiches reproduisant les œuvres du peintre autrichien Egon Schiele, censurées dans le métro londonien et dans un aéroport allemand. Sur ces nus, de grands carrés de papiers ont été collé pour masquer les sexes, avec la mention : "sorry", "désolé, cent ans mais toujours aussi scandaleux aujourd’hui". "On ne censure que ce dont on craint la force, explique Thomas Schlesser, auteur de L’Art face à la censure. » « Assiste-t-on au retour de la pudibonderie ?, lui demande le Figaro. "Il faut repérer et s’alarmer des cas isolés mentionnés çà et là, dit-il, mais attention, n’exagérons rien non plus au risque de regarder au mauvais endroit : il faut rester lucide sur le nombre et l’échelle de ces affaires de censures. Elles sont beaucoup trop embryonnaires pour en tirer des vérités générales sur la prétendue pudibonderie de notre époque. Au contraire, conclu Schlesser, ce qui m’inquiète, c’est surtout l’exploitation continue de la sexualité, et plus encore la sexualisation des femmes comme levier marchand". Interview à lire donc dans Le Figaro.
Autre titre, ce matin, parmi les tabous qui minent la société française, il y a le sida.

Oui "tabou", c’est le mot employé par l’Obs pour illustrer son portfolio sur la journée mondiale de lutte contre la maladie. "Parce que être séropositif en 2017, écrit le magazine, c’est encore vivre caché. Si la médecine a progressé, le tabou sur le sida, lui, reste une prison". Portrait de Rémy, Florence ou encore Yannick sous l’objectif du photographe Patrick Messina. Des porteurs du virus qui cassent le cliché que l’on peut avoir en tête sur la séropositivité, à l’image de Morgane, 35 ans, immortalisée en train de bondir dans les airs, tout sourire sur une plage face à la mer. Nils, 26 ans, pose lui avec son chien et raconte ses années collèges, notamment sa "mise à l’écart à partir du moment où le médecin a dit devant tout le monde" qu’il était séropositif. Il y a aussi Rémy, 23 ans, qui a encore du mal à dire qu’il est séropositif. "Un jour sa mère lui a lancé qu’il "l’avait bien cherché" et la blessure ouverte par les mots suinte encore, mais il y a deux ans, écrit l’Obs, il a poussé la porte d’Act Up et c’est ça qui l’a sauvé". Act Up, association grâce à laquelle les victimes du virus ont pris la parole au grand jour. Portrait dans Libération du nouveau président de l’association, Rémy Hamai, 23 ans : "Act up, dit-il, c’est capter des esprits pour gagner des droits (…) parce qu’aujourd’hui, il y a toujours des difficultés sociales et économiques, sans compter que la contamination se poursuit".
Rémy Hamai qui "ne veut pas dire s’il est séropositif ou pas", précise Libé.
Et ce n’est pas une question d’auto-censure, "c’est qu’on veut toujours mettre les gens dans des cases, or il faut arrêter de faire ça, laisser les gens prendre leur place et sortir de ces cases".

Enfin dans vos journaux ce matin, on parle beaucoup d’un pays où certaines choses ne peuvent être dites : la Birmanie.

"Dire le mot, ou pas… tout au long de son séjour birman, écrit Nicolas Sénèze dans La Croix, la question aura été de savoir si la pape prononcerait le mot de Rohingyas. Et, hier encore, au Bangladesh, là où 900 000 d’entre eux sont réfugiés, il n’a pas prononcé le mot fatidique. Il a pris soin de ne pas le faire, par respect pour ses hôtes". C’est que nommer les choses, c’est les faire exister. Or pour l’État birman, les Rohingyas n’existent pas. Le Pape ne les a pas nommés donc, mais un homme, une figure spirituelle française on peut dire, lui le fait ce matin dans une tribune au Figaro, c’est le moine bouddhiste Matthieu Ricard. "Le bouddhisme condamne clairement la violence, dit-il, les généraux birmans bouddhistes persécutent les musulmans, mais leurs actes sont en contradiction avec les enseignement du Bouddha". Ceci étant dit, la situation est plus complexe qu’on ne le pense, ajoute Matthieu Ricard, dans les années 50, une cinquantaine de milliers de benghalis musulmans (tiens, c’est précisément l’expression validée par l’État birman) sont venus s’installer dans la province de l’Arakan en quittant le Bangladesh. Ils se sont souvent appropriés des terrains agricoles, ont épousé de force des femmes arakanaises et commis leur lot d’atrocité. Et puis, il n’y a pas que les Rohingyas qui ont été persécuté par la junte, il y aussi les Karens et les Mong. Mais ! mais il est clair qu’en agissant comme elle le fait, Ann San Suu Kyi sacrifie non seulement les valeurs bouddhistes mais aussi morales qui lui ont valu le prix Nobel de la Paix.
Sans parler, conclu-t-il, de simples valeurs humaines". Oui, voilà, les simples valeurs humaines. Au milieu de toutes ces histoires de censures, de tabous, d’ordre moral en danger, de religion mal pratiquée et de précieux Prix Nobel, on les aurait presque oubliées.

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