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Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.

Alstom et les Bisounours de la mondialisation

L’Europe a loupé un train, c’est un peu la tonalité des Echos, du Télégramme, de l’Est Républicain ou du Figaro pour évoquer la fusion manquée entre Siemens et Alstom pour la création d’un géant européen du rail. A qui la faute ? A la commission de Bruxelles évidemment. "Arrêtons de jouer les Bisounours de la mondialisation" nous dit Gaétan Capèle dans le Figaro. En substance l’Europe est forte pour faire respecter des règles, elle est nulle pour montrer ses muscles au reste du monde. Mais dans la presse régionale, l’affaire est moins simple. Pour Dominique Garraud de la Charente Libre, la Charente où Alstom est implanté, "tout cela révèle une défaillance collective à élaborer des stratégies industrielles européennes".

Dans l’Humanité, Patrick Appel Muller se réjouit et c’est assez drôle pour un journal communiste que la décision de Bruxelles au nom de la libre concurrence contribue à protéger des emplois. Idem si vous lisez l’Est Républicain, à Belfort ou Alstom est implanté l’avenir s’éclaircit car qui dit fusion dit restructuration et suppression d’emploi. Il n’y a donc pas sur cette affaire que le point de vue de Bruno le Maire ou celui du patron d’Alstom.

Haro sur la Commissaire ou l’hypocrisie politique

Et il faut relire l’édito de Nicolas Beytout hier dans l’Opinion. Gare aux faux procès, que les politiques assument. L’Europe applique une réglementation décidée par les Etats. Ce n’est pas la commission de Bruxelles qui est trop forte c’est l’Europe politique qui est trop faible. Alors évidemment, dans le Figaro on regarde le banc des accusés, et sur ce banc il y a Margrethe Vestager commissaire danoise qui a instruit le dossier et a bloqué la fusion, la vilaine. Elle a des arguments que reprend Sud Ouest.

Elle a appliqué une règle européenne qui veut protéger le consommateur de la hausse des prix, une règle qui ménage les concurrents européens d’Alstom et Siemens, une règle qui protège aussi l’emploi. Et elle a cet argument la commissaire danoise, les Chinois ne menacent pas l’industrie ferroviaire française en Europe, c’est faux de le dire. Alors si les politiques ne sont pas d’accord, qu’ils changent l’Europe, c’est ce que propose le Figaro : en contrôlant les investissements étrangers, en clarifiant la politique industrielle européenne et en révisant le droit de la concurrence. Y’a plus qu’à.

Quand Paris prend la province de haut

Il y a le fossé entre l’Europe et les Etats mais il y a aussi le fossé entre la capitale et ses territoires. Le Parisien-Aujourd'hui en France fait sa une sur Paris vu par la Province et donne la parole aux habitants de Romorantin dans le Loir-et-Cher, le Loir-et-Cher de Michel Delpech qui chantait "On dirait que ça te gêne de marcher dans la boue".

Une AF

Une de "Aujourd'hui en France" du jeudi 7 février 2019. Crédit photo : Aujourd'hui en France

C’était une chanson sur le mépris des Parisiens pour la province…Depuis la fermeture de l’usine qui fabriquait le Renault Espace, les habitants se sentent abandonnés par Paris qui décide de tout : la fermeture de l’usine, les 80kmh, le prix de l’essence. "On se sent comme des gueux" dit un habitant.  "Et quand les Parisiens débarquent" explique Laura, "c’est dans leur grosses voiture, pour aller dans les restos gastronomiques". Mais elle ajoute : "Heureusement qu’ils sont là pour faire vivre le village".

Le clivage rural-urbain

Vous avez le fossé Paris Province mais aussi un clivage entre les agglomérations et les zones rurales. L’Est Eclair vous parle ce matin de ces 400 hectares de terres agricoles qui disparaissent chaque année en Meurthe et Moselle au profit de l’urbanisation. L’Europe contre les Etats, Paris contre la Province, les zones urbaines contre les zones rurales, c’est le ton de la presse ce matin.

Némo en peluche made in Berry sur Elysée.fr

Pourtant il ne faut pas désespérer de Paris et de sa politique industrielle même si Alstom ne s’allie pas avec Siemens, même si la capitale prend trop souvent la France de haut. A une heure de Romorantin, il y a Châteauroux dans l’Indre où est fabriqué Némo, un chien en peluche qui vient d’être mis en vente sur le site de l’Elysée. C’est la réplique du chien du Président qui sort de la dernière usine française de peluches, Les Petites Maries, une usine berrichonne. Pour chaque peluche achetée sur Elysée.fr non seulement vous donnez du boulot à une manufacture française mais en contrepartie un don équivalent à une semaine d’alimentation pour un vrai chien sera fait à la SPA par l’Elysée.