Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.
A la Une, la visite d’Emmanuel Macron au Vatican.
Où l’on essaye d’anticiper le contenu de la rencontre avant qu’elle se déroule. C’est ce qu’on appelle dans les rédactions un "avant-papier", et vous en trouverez tout plein ce matin. "Il n’y a pas d’ordre du jour à cet entretien privé, résume le Monde, mais les deux hommes peuvent avoir des intérêts convergents". Pour le Figaro c’est surtout "Macron qui cherche le soutien du pape François". "Il vient chercher un allié", juge également La Vie. Et puis gros dossier dans La Croix qui liste les enjeux de la visite : "apaiser les relations", "aborder les sujets qui fâchent : l’écologie, par exemple, un thème cher au pape, écrit le journal, mais pour lequel le président français a déçu. Même chose sur l’accueil des migrants, où Emmanuel Macron reste très critiqué par les associations catholiques pour sa politique migratoire". Enfin, dernier enjeu d’après La Croix : "renouer avec les catholiques : puisque le chef de l’Etat cherche à élargir à droite", résume le journal qui précise que "la majorité veut couper l’herbe sous le pied des Républicains en vue des européennes et des municipales". Même analyse dans Libération : "le président a besoin du vote catholique pour achever la décomposition de la droite qu’il a entamé", écrit Laurent Joffrin.
Manière de dire qu’on n’est pas juste dans un débat "entre jésuites" et il y a aussi un brin d’intérêt électoral dans le fond de l’affaire. A noter l’article du Parisien sur "le vrai - faux du protocole papal" : toujours intéressant à savoir. Par exemple (parce qu’on voit venir la polémique) "non la première dame n’est pas obligée d’être coiffée d’une mantille", pas obligatoire non plus la génuflexion, ni le baiser de l’anneau papal. En revanche, c’est vrai qu’on ne dit pas "monsieur" mais "Saint-Père", qu’on s’assoit toujours après lui et surtout qu’on n’arrive pas les mains vides. Le journal rappelle que De Gaulle était venu avec une Bible sur parchemin, Jacques Chirac avec une statuette de la vierge datant du 16ème siècle. Nicolas Sarkozy avait gracieusement remis à Benoit XVI un exemplaire de son livre "la république, les religions, l’espérance". Dédicacé, on imagine. Protocole, symbolique et anecdote, c’est à lire dans le Parisien.
Et puis eux ont la foi des convertis : les vegans, ces militants de la cause animale, font parler d’eux ce matin.
Parce qu’apparemment, les bouchers sont à bout : "les bouchers se rebiffent", titre Midi Libre, "ils demandent une protection policière après une série d’actions de militants anti-viande". "Violences physiques, verbales, morale, intimidation". "Dans les Hauts-de-France, écrit le journal, sept boucheries ont été aspergées de faux sang en avril. Une autre a vu sa vitrine taguée avec l’inscription "non au spécisme". En Occitanie, un cas de vitrine brisée a été signalé il y a deux ans dans le Tarn…".
Bon, faut-il pour autant réclamer une protection policière ? "Oui, répond le président de la confédération de la boucherie charcuterie, les services de l’Etat doivent surveiller ces militants, et interpeller si nécessaire". Et de fustiger ces "anti-viande qui ne représente que 2 à 3% de la population mais bénéficie d’important relais médiatiques et de stars qui font leur promotion. " En face, toujours dans Midi Libre, la cofondatrice de l’association L214, Brigitte Gonthière, dénonce elle, "cette idéologie qui met à mort 3 millions d’animaux par jour en France". Qui sont les vegans ? Que veulent ils ? Quels sont leurs réseaux ?
Enquête dans le magazine Néon sur "les révoltés de la viande". Les journalistes s’y sont mis à trois pour suivre les actions des militants du collectif "269 Life", "500 adhérents et un créneau : l’antispécisme, une idéologie qui rejette la supériorité de l’homme sur l’animal et prône l’égalité entre toutes les espèces. " Des militants qui parlent des élevages comme "de l’industrie du meurtre organisé, d’extermination de masse," et qui organisent des opérations commandos pour "exfiltrer les animaux des abattoirs". Et tous le confessent volontiers au magazine Néon : discuter, ça n’est pas au programme, "parce qu’on nous traite de bobos des villes qui n’y connaissent rien, s’indigne Tiphaine, donc on discutera quand le rapport de force sera en notre faveur."
Effectivement, vu comme ça, c’est mal engagé. Les vegans privilégient donc les "actions", quitte à finir au tribunal : Tiphaine, par exemple, a été condamnée pour "violation de domicile et dégradation en réunion, lors d’une infiltration dans un abattoir du groupe Bigard". Enquête à lire dans le magazine Néon, qui donne également quelques chiffres éclairants : par exemple, savez-vous combien de kilos de viande on consomme par an ? 85 kilos, par an et par français, pour le poisson, c’est 35 kilos. Et puis, autre chiffre : 998 millions, pour ne pas dire 1 milliard d’animaux ont été abattus en France en 2015. C’est difficile à se figurer mais ça permet au moins d’avoir une idée du poids du marché.
Enfin, l'incontournable dans vos journaux ce matin: le match France-Danemark.
Evidemment, on se prépare, les bleus en Une du Courrier Picard, de l’Equipe, du Télégramme, du Progrès, ou encore du Courrier de l’Ouest. Comme pour la visite d’Emmanuel Macron au Vatican, là aussi, on a beaucoup "d’avant-papier", alors quitte à faire des prédictions, autant lire ce papier du Huffington Post : "ces animaux qui prédisent encore une fois une victoire des Bleus". En images, Cupy le lapin, Ney le hamster, ou encore Farah le faucon. Tous voient la France gagnante. Attention, Jonque, la vache, prédit "un match nul, sans beaucoup d’action". Sachant qu’un marcassin nommé Truffe annonce une défaite des bleus, m’enfin il avait fait le même pronostic erroné pour France-Pérou, donc pas d’inquiétude. Bref, un beau bouquet de vidéos absurdes. Superstition chronique ? Vile course au clic ? Ou maltraitance animale inconsciente nimbée de spécisme ? Un peu des trois sans doute.