Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Ce mercredi matin dans la presse, il y a de l’attente et des urgences. Attente du remaniement évidemment. "Le jour le plus long" c’est l’Opinion . "Macron cherche le rebond", c’est Libération . Plus décalé à la Une du Canard enchaîné, "Macron ne s’est pas remanié le train" . Jeu de mot. Ça c’est la presse qui attend, mais en région, en province, du côté de la France d’en bas et de la France périphérique on gère des urgences. Face à la peste porcine en Une de l’Ardennais , face à la sécheresse en Une du Courrier Picard , urgence également de préserver notre système de retraite en Une des Échos , voilà pourquoi on a besoin d’un gouvernement. Bref, il y a deux presses ce matin. L’une a les yeux tournés vers le pouvoir, l’autre vers les Français.
Une photo qui en dit plus long que tous les éditos.
C’est Christelle Bertrand, photographe de la Dépêche du Midi, qui a saisi l’instant politique ce mardi soir . La silhouette tranquille d’Emmanuel macron téléphonant tranquillement sur les bords de Seine à Paris. C’est peut-être le meilleur édito sur ce remaniement qui se fait attendre et ce jeune président qui comme Mitterrand semble vouloir donner du temps au temps. Une photo qui pourrait confirmer le résultat d’un curieux sondage Opinion Way paru hier et commandé par le festival du cinéma de Porto Vecchio en Corse. Quel homme politique ferait, selon vous, un bon acteur de cinéma ? Pour deux tiers des sondés, Emmanuel Macron arrive en tête. Mais en ce mercredi jour des sorties ciné, ce qui pose problème ce n’est pas le premier rôle, mais plutôt le casting qui, pour Didier Rose des DNA, est devenu une acrobatie que le nouveau monde prétendait s’épargner.
Une presse qui regarde le président prendre son temps et de l’autre la presse qui regarde une France en état d’urgence.
La France en état d’urgence, on la trouve par exemple dans la Marseillaise qui part à la rencontre de ce million de Français qui se soignent à crédit ou qui renoncent à des soins pour des raisons financières. La France qui patiente malgré l’urgence c’est aussi cette carte inédite des déserts médicaux que publie ce matin le Figaro et qui concerne 11.329 communes en zone urbaine comme en zone rurale. 11.329 communes où l’on manque de médecin, où l’on attend des semaines pour un rendez-vous. La France impatiente, on la trouve aussi en Une du Courrier Picard qui explique de manière limpide comment le réchauffement climatique fabrique de la sécheresse , comment la sècheresse entraine 20% de foin en moins pour nourrir le cheptel bovin, comment la pénurie de foin conduit l’agriculteur soit à s’endetter soit à envoyer ses vaches à l’abattoir pour in fine les vendre 10 à 15% moins cher. La France en alerte, c’est aussi l’Ardennais ce matin qui décrit les mesures de précaution mise en place dans 43 communes proches de la frontière belge où sévit la grippe porcine . Interdiction de la chasse, des promenades et des randonnées en forêt en raison du risque de grippe qui peut d’un seul sanglier infecté contaminer tout la filière porcine. Alors devant ces urgences qui font le quotidien des quotidiens régionaux, huit jours pour composer un gouvernement c’est long nous dit en substance Bernard Maillard du Républicain Lorrain , les syndicats dans la rue, le monde qui bouillonne autour de nous, que de temps perdu. David Abiker ajoutera que l’hésitation du pouvoir sur le remaniement rappelle l’hésitation de septembre sur le prélèvement à la source. Deux hésitations en un mois, ça fait beaucoup.
Les 50 ans du Petit paumé
Partons à Lyon puisque à l’origine du remaniement, il y a le lyonnais Gérard Collomb. Lyon qui fête aujourd’hui les 50 ans du Petit Paumé. Le petit paumé ce n’est pas Collomb, le petit paumé c’est un guide tiré à 250.000 exemplaires guide des bars, bouchons, spa, salle de sport et de spectacles ou passer du bon temps et du temps libre . Lancé en 1968 par les étudiants de l’école de Management de Lyon, nous rappelle le Parisien Aujourd’hui en France, le petit Paumé a créé un lien affectif avec les Lyonnais, un lien trippal qui ferait rêver n’importe quel homme politique. On attend samedi, place Bellecour à Lyon, 120.000 personnes pour les 50 ans du Petit paumé. Et en attendant le Petit Paumé, que fait-on, ben on attend le remaniement.