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Anicet Mbida nous livre chaque matin ce qui se fait de mieux en matière d'innovation. Ce lundi, il s'intéresse aux capacités du cerveau. On est désormais capable d’effacer de façon sélective certaines portions de notre mémoire.

L’innovation du jour, c’est la compréhension de notre cerveau qui n’en finit pas de progresser. On est désormais capable d’effacer de façon sélective certaines portions de notre mémoire.

Provoquer une amnésie ou perdre totalement la mémoire, on sait faire : un traumatisme crânien et, en général, c’est réglé. La nouveauté, c’est de pouvoir choisir de façon précise quel souvenir on veut faire oublier. Et de ne supprimer que celui-ci, sans toucher aux autres. C’est ce qu’ont réussi à faire des chercheurs de l’université de Columbia aux États-Unis. Pour le moment, uniquement sur des animaux (des souris et des singes). Mais le principe devrait être exactement le même chez l’homme et la femme. Des tests viennent d’ailleurs de commencer avec d’anciens militaires qui souffrent de syndromes post-traumatiques graves.

Comment on arrive à choisir le souvenir précis que l’on va supprimer ?

Ce n’est pas très agréable puisqu’il faut se mettre plusieurs fois dans une situation où l’on a pleinement conscience de ce souvenir et où l'on y repense de façon active. Pas toujours évident quand il s’agit de quelque chose de douloureux. Mais juste avant, on va vous injecter un produit qui inhibe certaines protéines du cerveau, celles qui précisément aident à matérialiser ce souvenir. Et comme le souvenir n’arrive plus à se former, on finit progressivement par l’oublier.

Ce sont des travaux qui intéressent beaucoup les médecins et les psychologues. Notamment ceux qui suivent les personnes traumatisées après un accident, un viol ou un attentat. On se dit qu’avec cette « pilule de l’oubli » on pourra mieux traiter certains de leurs troubles.

Mais ça reviendrait à les forcer à vivre et revivre un viol ou un attentat… c’est dur !

Non, heureusement ! On ne va pas s’attaquer de but en blanc au souvenir traumatisant. On va plutôt se concentrer sur tout ce qui gravite autour : les pensées périphériques, tous les petits riens qui font replonger (un bruit, une odeur, la personne avec qui l’on était, pourquoi on est allé à cet endroit, etc.). C’est ce que l’on va chercher à faire oublier en premier pour rendre tous les souvenirs qui y sont associés totalement incohérents. D’où l’intérêt d’être capable de choisir, très précisément, le souvenir que l’on souhaite supprimer. Et évidemment, de travailler avec des psychiatres.