2:04
  • Copié

Chaque jour, Anicet Mbida nous fait découvrir une innovation qui pourrait bien changer notre façon de consommer. Ce mardi, il s'intéresse à la fabrication de microprocesseurs biologiques, de vrais neurones humains mélangés avec des puces électroniques.

On nage en pleine science-fiction avec votre innovation du jour. On sait désormais fabriquer des microprocesseurs biologiques. C’est-à-dire, qui mélangent de vrais neurones humains avec des puces électroniques.Il ne s’agit pas simplement d’un exercice de style. C’est aussi redoutablement efficace. On a comparé les performances de ce « FrankenProcesseur » avec celles d’un microprocesseur classique. Et il a appris en moins de 5 min à jouer à Pong (le jeu vidéo), alors qu’il aura fallu près de deux heures à une intelligence artificielle classique.En fait, les chercheurs se sont rendu compte que les neurones et les puces informatiques fonctionnaient de la même façon. Ils s’échangent des informations avec de l’électricité. Il est donc finalement assez facile de les associer au sein d’un même ordinateur. Ils se sont aussi rendu compte que tous les neurones ne se valent pas. Ils ont, par exemple, commencé avec des neurones de souris. Mais c’est avec des neurones humains que les performances ont explosé.

Où est-ce qu’ils les trouvent ces neurones ? Ils ne les prélèvent pas sur des hommes ou des femmes quand même.

Non, heureusement ! Ils les fabriquent à partir de cellules souches de peau.Plusieurs startups travaillent sur ces bio-processeurs : les Australiens de Cortical Labs et les Américains de Koniku. Avec cette nouvelle approche, ils imaginent pouvoir construire des supercalculateurs de la taille d’un téléphone portable ; ou des capteurs d’une sensibilité inédite. Chez Koniku par exemple, le premier produit sera un nez capable de détecter un cancer à travers la peau.

On dit "bio-processeurs". Mais finalement, ce sont de mini-cerveaux électroniques.

Exactement. Vous avez mis le doigt sur le problème. Cela pourrait finir par poser des questions éthiques. Pour l’instant, on parle de 800.000 neurones, l’équivalent d’un cerveau de cafard. Mais demain ? Jusqu’où on pourrait aller ? Est-ce que ces mini-cerveaux pourraient développer une conscience ou ressentir de la douleur ?L’homme a toujours fait appel au vivant, notamment aux animaux, pour l’aider dans toutes sortes de tâches. Mais est-ce qu’utiliser un cheval pour tirer une charrette ; est pour vous la même chose, qu’un ordinateur avec la conscience d’un cheval ?