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Veolia, leader mondial du traitement des eaux et des déchets, s’apprête à prendre le contrôle de Suez, son grand concurrent. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

C’est une opération majeure dans le monde des affaires français : Veolia, leader mondial du traitement des eaux et des déchets, s’apprête à prendre le contrôle de Suez, son grand concurrent.

Ce sont de grandes manœuvres en effet. Veolia, l’acquéreur, est un empire de 180.000 salariés et 27 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Suez est moins gros, 89.000 employés tout de même et 18 milliards de chiffre d’affaires. Les deux frères ennemis sont présents dans les mêmes métiers, le traitement de l’eau et des déchets et l’énergie. Il est évident que le contexte de crise pousse au regroupement des forces. Mais ce serait une profonde erreur d’analyse de s’arrêter à cela pour expliquer cette opération.

Pourquoi? 

Parce que ces grandes manœuvres, d’ailleurs pas si fréquentes au sein du capitalisme français, portent sur des domaines qui sont de plus en plus stratégiques. Veolia et Suez sont au cœur de la transition écologique. Et là, on n’est pas dans les discours, on est dans le concret. Le PGD de Veolia, Antoine Frérot, explique par exemple que si les solutions technologiques qui existent déjà chez Veolia étaient mises en place à travers le monde, cela réduirait de 30% des émissions de gaz à effet de serre. Il nous a confié hier soir qu’avec ce rapprochement, il voulait créer le "super champion mondial de la transition écologique". Cette transition, c’est un business, c’est de la croissance, c’est de l’emploi. Il n’y aura pas de "green deal" ou d’économie verte sans progrès technologique et sans ces grands acteurs privés.

Encore faut-il maintenant que le rapprochement de ces "frères ennemis" aboutisse sans encombre.

C’est l’ombre au tableau. Les équipes de Suez vont être vent debout. Sur le papier, la réunion des deux en fait le leader mondial incontesté de la gestion de l’eau et des déchets, des secteurs majeurs. Songez que 30% de l’humanité n’a pas accès à l’eau potable. Ou encore que le monde croule sous les déchets de plastique qu’il faut recycler. Ce sont des marchés immenses. Veolia et Suez sont taillés pour cela. Encore faut-il que leurs équipes acceptent de se marier: ce ne sera pas simple.